mardi 22 février 2011

Françoise Hardy et Blur dans Pop Meeting (5ème extrait)

En février 1997, pour le magazine Pop Meeting, Françoise Hardy retrouvait le chanteur de "Blur", Damon Albarn, accompagné d'Alex, le bassiste du groupe.

Pop Meeting : "Vous avez également exprimé tous les deux cette urgence à travers un changement de son. "
Françoise : "Contrairement à Blur, je dépends des musiciens puisque je ne compose pas les musiques. J'avais envie de continuer à travailler avec Alain Lubrano qui aime la musique rock, et Rodolphe Burger dont je suis fan depuis sept ou huit ans. Avec eux, j'allais dans une direction musicale plus rock, une direction que j'ai toujours aimée mais que je n'ai pas très souvent empruntée."


Françoise : "Cette direction rock me convient dans la mesure où elle sied aux petites voix, aux artistes qui ne sont pas de grands chanteurs. Les mélodies sont généralement très simples, très basiques. Et c'est sur ce type de mélodies que je peux m'exprimer le plus facilement. Des mélodies simples, qui se révèlent d'ailleurs de plus en plus difficiles à trouver puisque tout a déjà été fait dans ce domaine."
Damon :" La vie est faite de changements. J'ai senti soudain une grande clarté autour de moi, ma voix n'était pas façonnée par tel ou tel élément extérieur. Elle me correspondait vraiment. C'est le paradoxe de cet album. Bien qu'il contienne différents types de voix, je reconnais beaucoup plus ma voix sur cet album que sur les précédents."

samedi 19 février 2011

Françoise Hardy dans Epok (3ème extrait)

En mai 2000, Yann Plougastel s'entretenait avec Françoise Hardy dans Epok à l'occasion de la sortie de son album Clair-obscur.

Yann Plougastel : "Pourquoi avoir voulu reprendre Tu ressembles à tous ceux qui ont eu du chagrin, une des vos chansons (1970) et écrite pour Jacques ? "
Françoise Hardy :
"C'est une chanson qui est très appréciée de mes quelques fans (rires), mais je n'ai jamais été contente de la version originale. Je la trouve trop bateau. Je n'aime ni le tambourin ni la guitare... Elle est née de ma prime rencontre avec Jacques, avant que notre histoire commence, quand je ne savais pas trop quoi penser de lui. Je trouvais que, par moments, il avait un côté un peu dur, accentué par le bleu pâle de ses yeux, qui, à l'époque, me faisait fantasmer. Rétrospectivement, je suis étonnée d'avoir écrit un tel texte ! J'aime beaucoup le pont : « À cause d'un regard, à cause d'un chagrin/ Je voudrais dire "Je t'aime" et Je voudrais dire "viens"/Mais ce n'est pas possible d'être sûre du bien/Ni du mal qu'on va faire, alors je ne dis rien. » Je trouve ça magnifique (rires)... Surtout pour quelqu'un qui n'avait que 26 ans ! Cela dit, elle a une facture bizarre, d'où la difficulté de bâtir un arrangement musical. J'ai demandé à Etienne d'essayer, mais il n'a pas réussi à s'éloigner de la première version. Je me suis ensuite tournée vers Rodolphe Burger, le guitariste de Kat Onoma, avec qui j'avais travaillé sur Le Danger. Nous l'avons enregistré en direct, d'une façon minimaliste. Mon premier sentiment a été tellement fort que j'ai été très déstabilisée par les rejets violents qu'elle a suscités chez mes proches : « Elle ne doit pas figurer sur l'album ! » C'est bizarre... "


Yann Plougastel : "Vous chantez aussi en duo avec Etienne Daho, So Sad, un morceau des Everly Brothers... "
Françoise Hardy :
"C'est ma chanson de chevet depuis des années, la chanson des chansons. Etienne voulait l'enregistrer au moment de son album, Eden. Il a abandonné ce projet et m'a proposé que nous la fassions en duo plus tard. Face à la pénurie de mélodies originales où je me trouvais au moment de démarrer Clair-obscur, je lui ai demandé si sa proposition tenait toujours."

mardi 15 février 2011

Françoise Hardy dans le Stern (1er extrait)

En 2003, Françoise Hardy était interviewée par Tilman Müller pour le journal allemand Stern à l'occasion de la parution de son livre Les rythmes du zodiaque.

Tilman Müller : "Partirez-vous cet été en Corse comme à votre habitude ?"
Françoise Hardy :
"Je hais les vacances. La chaleur, le manque d'eau, les feux de forêt. Mais j'accompagnerai dans l'île mon mari et mon fils qui y vont si volontiers."

Tilman Müller : "Que préféreriez-vous faire ?"
Françoise Hardy :
"Rester à Paris."

Tilman Müller : "Comment se déroulent vos journées ?"
Françoise Hardy :
"Je me lève tôt, je suis une femme du matin. Donc, je règle quelques affaires par téléphone, je fais quelques achats et j'écoute de la musique pendant des heures. Le soir, je suis au lit à neuf heures et je me tiens à l'écart."


Texte d'origine :
Fahren Sie in diesem Sommer wie immer nach Korsika?
Ich hasse den Urlaub. Die Hitze da unten, die Wasserknappheit, die Waldbrände. Aber ich fahre wieder auf die Insel - mein Mann und mein Sohn sind so gern dort.
Was würden Sie lieber tun?
In Paris bleiben.
Wie verbringen Sie da den Tag?
Früh aufstehen, ich bin ein Morgenmensch. Dann erledige ich ein paar Dinge am Telefon, gehe ein bisschen einkaufen und höre stundenlang Musik. Abends liege ich um neun Uhr im Bett und gucke fern.

samedi 5 février 2011

Françoise Hardy et Blur dans Pop Meeting (4ème extrait)

En février 1997, pour le magazine Pop Meeting, Françoise Hardy retrouvait le chanteur de "Blur", Damon Albarn, accompagné d'Alex, le bassiste du groupe.

Pop Meeting : "Pensez-vous que vos derniers albums traduisent une plus grande maturité ?"
Françoise : "Cela devrait être le cas, en toute logique."
Damon :" Cette question me surprend toujours, car la réponse est évidente. À mesure que l'on vieillit, un sentiment d'urgence s'établit pour chaque album."
Françoise : "C'est à développer, cette notion d'urgence. Urgence par rapport à quoi ?"
Damon : " On voit naître le désir de faire quelque chose qui compte vraiment. Il ne s'agit pas de vendre plus de disques. Pour moi, il s'agit de mieux traduire ce que je ressens ou ce que j'ai ressenti à un moment donné."


Pop Meeting : "Le Danger revêtait également une forme d'urgence pour vous."
Françoise : "En fait, j'avais renoncé à faire des disques car il me coûtait trop d'assurer la promotion de mes albums. Cette proposition d'enregistrer un nouvel album m'a été faite à un moment où je n'allais pas très bien. Je ne sais pas si je peux parler d'urgence, mais je crois pouvoir dire que ce disque est l'un des plus matures de mon parcours. L'urgence consistait à parvenir à expurger certaines choses, faute de quoi mon autodestruction aurait pris des proportions dangereuses."

mardi 1 février 2011

Françoise Hardy dans Epok (2ème extrait)

En mai 2000, Yann Plougastel s'entretenait avec Françoise Hardy dans Epok à l'occasion de la sortie de son album Clair-obscur.

Yann Plougastel : "La reprise d'une chanson écrite par Jean Nohain et composée par Mireille, en 1932, pour Jean Sablon, Puisque vous partez en voyage, est encore plus inattendue..."
Françoise Hardy :
"J'ai l'intime conviction que c'est Mireille elle-même, de là où elle est, qui m'a planté cette idée dans la tête. Il s'agit de sa chanson que je préfère depuis toujours et jamais ne m'avait effleurée la pensée de l'enregistrer. Il y a des chansons sacrées auxquelles vous ne pouvez pas vous attaquer ! Après l'enregistrement de Tears, j'en ai parlé à Jacques qui m'a convaincue de la chanter,.. Il a toujours été un grand fan de Mireille. Mon seul regret, c'est qu'elle ne soit plus là pour l'entendre. Elle adorait Jacques et se plaignait toujours de ne pas le voir. Quand je l'avais au téléphone, elle me disait : « Dites à Jacques que j'ai faim, il faut qu'il m'emmène au restaurant. » Et lui, évidemment..."


Yann Plougastel : "Puisque vous partez en voyage est seulement le second duo que vous avez enregistré avec Jacques..."
Françoise Hardy :
"La première fois que j'ai chanté avec Jacques, c'était en 1978 pour l'album, Musique saoule. Mais je n'étais pas folle folle de notre duo sur Brouillard dans la rue Corvisart. Jacques n'avait pas la bonne tonalité. Pendant l'enregistrement, il avait fallu changer quelques notes de la mélodie... Pour moi, c'est un sacrilège : on n'a pas le droit de toucher à une mélodie. Pour Puisque vous partez en voyage, même si la situation avait quelque chose de surréaliste puisque je dirigeais les opérations, Jacques a été très docile. Je suis plus tatillonne que lui et nous avons dû revenir sur les voix, en particulier pour la partie parlée. Il disait d'une façon trop martiale : « C'est gentil de m'avoir accompagné à la gare. » J'ai changé la formulation et ce n'est qu'à la fin de la séance qu'il a pris le ton gouailleur que nous avons gardé. Dans la partie chantée, deux phrases ne me convenaient pas. Il n'arrivait pas à chanter autrement. J'étais découragée. Heureusement, Thomas m'a pris à part : « Maman, tu ne peux pas laisser ces phrases ainsi. » Maintenant Jacques s'est mis dans le crâne que je chante sur son propre disque !"