samedi 29 décembre 2012

Les chansons de l'album "l'amour fou" - Soie et fourrures

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : Soie et fourrures

La musique est de Thierry Stremler et les paroles de Françoise Hardy.

Françoise Hardy évoque la tragédie d'une femme qui affiche aux yeux du monde l'apparence d'un bonheur resplendissant alors qu'en privé elle endure mille souffrances ("Sous les parures, la dentelle, des forces obscures contre nature la malmènent, l'écartèlent"). Le jeu des apparences conduit la femme à l'abnégation absolue en contrepartie de l'espoir de recevoir quelques signes d'amour, même infimes, de son partenaire-tortionnaire ("Mieux valent les miettes qu'il lui laisse, mieux valent sa geôle et sa laisse qu'un air sans l'oxygène de leurs "je t'aime" sans lumière).

Cette chanson est celle dont l'essence se rapproche le plus de l'esprit de l'héroïne du roman "L'amour fou" de Françoise Hardy : Incapable de mettre un terme à une relation amoureuse pourtant déséquilibrée et insatisfaisante ("Son enfer reste le lieu sûr, les quatre murs qu'elle préfère... Rien à faire..."), la femme préfère se sacrifier _ quitte à subir les pires humiliations _ pour pouvoir bénéficier des dérisoires gestes d'amour, réels ou supposés, que lui manifeste son partenaire.


Pour rendre la situation socialement acceptable, la femme montre en toutes circonstances un visage aimable donnant l'impression trompeuse d'une situation idyllique et enviable. ("Derrière le masque, la vitrine", "Nul n'a idée des mensonges, des impostures qui la rongent derrière les apparences", " Toujours garder le sourire et l'air d'être charmée, heureuse, aimée, solidaire".)

Si la situation peut faire penser à la relation complexe qui aura lié Françoise Hardy à Jacques Dutronc pendant des décennies, elle peut aussi mener, à tort ou à raison, à d'autres couples emblématiques (comme par exemple celui qui liait il y a peu encore Anne Sinclair à Dominique Strauss-Kahn). Par certains aspects, la situation décrite touche à l'universel en évoquant la difficile cohabitation de la sauvegarde des apparences avec le mystère de l'alchimie des couples. Balzac n'écrivait-il pas : "En amour, il y en a toujours un qui souffre et l’autre qui s’ennuie" ?

La musique souterraine de Thierry Stremler renforce le côté obscur et machiavélique de la situation en distillant une mélodie entêtante et insistante. De mon point de vue, cette chanson est musicalement la plus captivante de l'album.

mardi 25 décembre 2012

La musique ne peut pas tricher (1er extrait)

En 2005 Françoise Hardy accordait une interview à Cécile Wajsbrot pour la revue annuelle Fusées.

Cécile Wajsbrot : "L’ordre des chansons, dans un album, vous préoccupe-t-il ? Cela fait-il partie, pour vous, du travail artistique, est-ce vous qui en décidez ? Par exemple, dans le dernier, Tant de belles choses, on a le sentiment d'une progression, d'une sorte de lente descente, partant d'un apaisement donné (ou plutôt acquis, gagné) par la proximité de la mort pour revenir à la vie, et donc à la douleur, aux sentiments..."

Françoise Hardy : "L’ordre est capital : Ce qui le guide est avant tout la nécessité sinon que chaque chanson mette en valeur celle qui lui succède, tout au moins qu'aucune chanson n'écrase l'autre. Derrière une chanson aussi forte et aussi produite, avec autant de synthétiseurs que Tant de belles choses, par exemple, il fallait mettre une chanson d'un tout autre style tant sur le plan mélodique et rythmique que sur celui de la réalisation. La réalisation d' A l'ombre de la lune, une petite bossa nova pleine de charme, est minimaliste, mais assurée par de très bons musiciens.

Françoise Hardy

L'ensemble "tourne" remarquablement bien et tient donc la route derrière le poids lourd qu'est Tant de belles choses. Il ne fallait surtout pas mettre derrière ça Sur quel volcan ou Tard dans la nuit, deux mélodies fortes mais sous-produites avec des synthétiseurs et sans le "plus" qu'apportent en principe de bons musiciens. D’autres facteurs dictent l’ordre. Quand une chanson est trop différente du reste et n'a pas les qualités requises pour s'y intégrer, comme Côté jardin, côté cour, il vaut mieux la mettre en dernier, ou en premier, comme Tant de belles choses, dont la production ne ressemble en rien à celle du reste de l'album. Tant de belles choses est en premier parce que c'est une chanson forte. Coté jardin, coté cour en dernier parce que, comparativement, c'est une chanson faible. Aussi, quand une chanson est très lente et très triste, il vaut mieux qu'elle soit encadrée par des chansons un peu plus légères ou dynamiques. C'est ainsi que La folie ordinaire est encadrée par Grand hôtel et Un air de guitare. Ce sont donc uniquement des critères de nature musicale qui dictent l'ordre. Pour mon nouvel album, cet ordre s'est imposé de lui-même. Mais ce qui est évident pour soi ne l'est pas forcément pour les autres, en particulier pour les compositeurs. Jusqu'à présent j'ai toujours réussi à avoir le dernier mot."

samedi 22 décembre 2012

Les chansons de l'album "l'amour fou" - Pourquoi vous ?

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : Pourquoi vous ?

La musique est de Calogero et le texte de Françoise Hardy.

Une femme réfléchit à l'objet de son amour sans parvenir à totalement discerner les racines de cette passion. (L'aime-t-elle pour ce qu'il est ou pour l'image qu'il représente ?) Elle savoure la chance sans prix d'éprouver des sentiments intenses, qu'elle aspire à vivre uniquement dans le secret de l'intimité pour en préserver la saveur, l'intensité et la pureté.

Françoise Hardy s'appuie sur la musique de Calogero pour jouer sur les contrastes de l'intimité discrète (où seul le piano s’exprime) et de la fulgurance de la passion (où l'orchestre se laisse emporté par le lyrisme).


Françoise Hardy est sensible à la difficulté de l'être humain de savoir vivre un amour vrai où l'être aimé peut s'épanouir. Elle évoque cette problématique d'entrée par un clin d’œil à "Vous", la chanson de Guy Béart ("Ce que j'aime en vous, c'est vous"...) : "J'ignore si ce que j'aime en vous c'est vous".

Étonnamment, alors que le livret du CD évoque : "Lever le voile pourrait gâcher tout ce qui nous lie de loin ou de près", la chanteuse chante des paroles légèrement différentes : "Lever le voile aurait gâché tout ce qui nous lie de loin ou de près". Non seulement l'intimité est susceptible d'aiguiser la qualité de la relation mais elle en est aussi la seule garante... Pour vivre heureux, vivons cachés.

Une réflexion belle et émouvante sur l'amour passion d'une vie.

mardi 18 décembre 2012

Françoise Hardy répond à The Independent (5ème extrait)

Le 5 février 2005, paraissait une interview de Françoise Hardy accordée au journal The Independent.

Avec l'indépendance, certains ont affirmé qu'Hardy est devenue distante. En effet, l'atmosphère tendue lors de l'enregistrement de son album 1977, Star, avec l'arrangeur Gabriel Yared a conduit certains à lui faire référence en tant que « reine de glace ». Aujourd'hui, elle semble attachée à sa vie privée, peut-être un peu sèche parfois, mais certainement pas froide.

"Qu'est-ce que veut dire le mot « aloof »? " demande-t-elle. Quand notre traducteur lui explique, Hardy répond : "Je peux paraître parfois distante si je me sens mal à l'aise, mais dans une situation comme celle-ci où vous êtes sur mon territoire, je suis parfaitement à l'aise. Quand Radiohead a joué à Paris j'ai été tellement impressionnée par Thom. Yorke que je ne me sentais pas capable de lui parler beaucoup, alors peut-être qu'il m'a trouvée froide. Le problème, c'est qu'il est timide, aussi. J'ai passé l'essentiel de la soirée à discuter avec le guitariste Ed [O'Brien]. Avec lui, c'est très facile. "

Ed O'Brien - Françoise Hardy - Thom Yorke

Texte original : " With Hardy's independence, some claimed, came an aloof manner. Indeed, the strained atmosphere during the recording of her 1977 album, Star, with arranger Gabriel Yared led some to refer to her as an "ice queen". Today she seems mindful of her privacy, maybe a little dry at times, but certainly not cold."What is this word 'aloof'?" she asks. When our translator explains, Hardy responds: "sometimes I might seem aloof if I feel uneasy, but in a situation such as this where you are on my territory, I'm perfectly at ease. When Radiohead played Paris I was so impressed with Thom Yorke that I didn't feel able to talk with him much, so maybe he thought me cold. The problem is that he is shy, too. I spent most of the evening chatting with the guitarist Ed [O'Brien]. He's very easy to be with." "

samedi 15 décembre 2012

Les chansons de l'album "l'amour fou" - Piano bar

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : Piano bar

La musique est d’Alain Lanty et le texte de Françoise Hardy.

Dans une ambiance feutrée, une femme inverse le mythe du ver de terre amoureux d’une étoile… C’est l’objet de son cœur qui incarne le rêve inaccessible alors qu’elle-même se sent totalement insignifiante. On peut y voir une sorte de prolongement de la chanson Grand hôtel de l'album Tant de belles choses où dans une atmosphère identique, une femme espérait secrètement être séduite par un homme mystérieux. Si dans Grand hôtel, l'idylle sentimentale semblait encore envisageable malgré la fuite du temps, dans Piano bar la femme préfère y renoncer d'elle-même.

Après l’agitation de Normandia, Piano Bar permet à l’auditeur de trouver une plage de calme portée par la musique lentement chaloupée d'Alain Lanty. L'ambiance musicale symbolise le détachement sentimental forcé qu'éprouve la femme vis à vis de l'homme de ses pensées. Le rythme lent et régulier semble en parallèle marquer l'inexorable marche du temps.


La femme bouleversée et émue à l'idée de se retrouver seule à seul avec un homme très attirant (qu'elle semble aimer depuis longtemps) s'interroge sur les possibilités de concrétisation et de pérennité de cet amour.

Parant l'homme de mille qualités ("un ange tombé du ciel","Il vient vers moi, le jour se lève") et d'un pouvoir de séduction intense et universel ("Trop de gens autour de lui","Point de mire des cœurs transis" ), elle réalise que son amour est voué à l'échec ("Quelle folie de vous aimer ainsi").

Elle prend donc la décision salvatrice de s'éclipser et de renoncer à sa "folie". ("Mieux vaut partir, fuir très loin d'ici, loin de lui") tout en conservant son souvenir comme une joie aussi fulgurante qu'intense ("Étoile filante dans ma nuit").

Après un rêve éveillé, qu'il lui est difficile d'être raisonnable et lucide quand son cœur bat à plein régime !

mercredi 12 décembre 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (8ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

La Corse, pourtant, est initialement l'île de Françoise. C'est elle qui y acheta un terrain en 1966 alors qu'elle était avec Jean-Marie Périer. De la même façon qu'elle a voulu se mettre au service de Jacques, elle s'est laissé influencer par son premier amour. Jean-Marie lui a conseillé d'y faire construire, elle l'a fait. Il lui a proposé de dessiner les plans de sa maison, elle l'a laissé faire. Mais, au fond, elle n'apprécie pas vraiment les grands espaces, encore moins de se sentir isolée. Jacques, lui, est dans son élément. Alors la maison de Françoise est devenue celle des copains de Jacques. C'est là-bas, pour autant, que leur romance a débuté.

Françoise Hardy

Avec le temps, elle s'y rend de moins en moins. De fait, leur relation a changé : "Nous sommes comme frère et sœur", dit-elle. A Paris, elle ne risque rien. Elle se rassure avec un régisseur à sa porte, un vigile dans le couloir vingt-quatre heures sur vingt-quatre : "Quand on vieillit, on en a besoin", relève-t-elle simplement. La vieillesse, elle en parle sans peine mais un peu douloureusement. "Je ne pense pas trop à demain, poursuit Françoise, car à mon âge, c'est un peu effrayant. Je me sens comme sur un fil, la maladie me fait peur."

Si elle sort, ça la fatigue. Aujourd'hui, son monde tournerait presque autour d'une verre de bon vin. Du bordeaux de préférence. Elle consulte ses mails, le soir. Elle se cuisine des légumes frais, se choisit un film avant la nuit afin d'être certaine de se coucher tôt. Car, au petit matin, on peut la croiser en forêt, "un passe-temps récent" qui a le mérite de la sortir de ses bouquins.

samedi 8 décembre 2012

Les chansons de l'album "l'amour fou" - Normandia

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : Normandia

La musique et le texte sont de Julien Doré.

Le texte joue à plein la carte de la poésie. En associant une kyrielle de métaphores Julien Doré prend le risque de rendre les paroles quelque peu hermétiques. La mélodie ondoyante et la sonorité des mots permettent cependant à l'auditeur de s'échapper du sens réel du texte pour se tourner vers le rêve grâce à une musique envoûtante.

Pour la mélodie, Julien Doré a repris le bref instrumental Normandia, le meurtre qui figurait sur la bande originale du film Holiday de Guillaume Nicloux. Le développement de cet instrumental (qui durait à peine une minute à l'origine) aboutit à une chanson nostalgique et poignante qui est l'un des points forts de l'album.

La chanson évoque une femme qui se penche sur son passé. Elle se souvient de son innocence et de sa pureté originelle, alors qu'elle était peu consciente du chemin de croix qui accompagnerait les blessures de cœur de toute une vie. Elle se remémore le goût de la passion et les souffrances de sa jeunesse. Et forte de son expérience, elle ironise sur les folies de ses battements de cœur tout en semblant paradoxalement en regretter l'ivresse.


Au début de la chanson, la femme évoque avec amertume toutes les déchirures et les trahisons de la vie ("Des adieux à la chaîne", "Des messages où l'on ment") et décrit avec une complaisance cynique les codes fatalement décevants de l'amour ("Coule la langue amère apprise aux filles sur les bancs").

Elle ironise ensuite sur les souffrances engendrées par ses emballements sentimentaux d'hier ("Pleure mon cœur imbécile") qui ont détruit son innocence et ses rêves d'absolu ("Cueille mon cœur dans ces lignes les fleurs fanées dans les blancs").

Se sentant proche de la mort, elle se ressaisit, renonce à l'ironie et aspire à retrouver sa pureté originelle ("Je redonne à la mer nos visages d'enfants"). La passion amoureuse prend alors une nouvelle dimension ("Et quand la mort nous dessine, c'est avec l'encre bleue des amants"). A elle seule, elle justifie l'existence dont elle est à la fois l'essence et le but. ("Dans nos éclats de verre, vient mourir l'océan où l'on aime, nage ou crève").

Alors après s'être moquée de ses battements de cœur ("Pleure mon cœur imbécile), elle les encourage ("Cours mon cœur imbécile") et les regrette intensément (Cours mon cœur en exil). Tout est dit.

La chanson se termine par un simple murmure "Mmm Mmm". Il remplace des mots incapables d'exprimer avec acuité la sensation de plénitude qui envahit la femme qui a su percé le sens de la vie.

mardi 4 décembre 2012

Françoise Hardy dans Big (5ème extrait)

En 1965, le magazine Big (numéro 21) annonçait la venue prochaine de Françoise Hardy en Italie..

" Que lisez-vous ? "
" Des livres d'histoire et de médecine. "

" Vous êtes toujours amoureuse de Jean Marie Périer ? "
" Quel temps fait-il à Rome ? Ici il pleut ".

" Est-ce que vous vous êtes jamais demandé pourquoi vos chansons plaisent aux gens ? "
" Si je le savais, je ferais une chanson par jour ".

" Vous aimez flirter ? "
" Quel temps fait-il à Rome ? Ici il pleut ".

" Qu'est ce que ça vous fait d'être devenue une vedette si jeune ? "
" Je ne me sens pas une vedette. Si vous saviez la vie que je mène... "

" Quel genre de vie aimeriez-vous ? "
" Vous vivez la vôtre, je vis la mienne ".

Françoise Hardy

Texte d'origine :
"Che cosa leggi ?"
"Libri di storia e di medicina".
"Sei sempre innamorata di Jean-Marie Perier ?"
"Che tempo fa a Roma? Qui piove".
"Ti sei mai chiesta perchè le tue canzoni piacciono alla gente?"
"Se lo sapessi, farei una canzone al giorno".
"Ti piace flirtare ?"
"Che tempo fa a Roma? Qui piove".
"Che cosa provi nel sentirti diva, cosi giovane?"
"Non mi sento diva. Se sapessi la vita che faccio…"
"Che vita fai?"
"Tu fai la tua che io faccio la mia"

samedi 1 décembre 2012

Les chansons de l'album "L'amour fou" - Si vous n'avez rien à me dire

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : Si vous n'avez rien à me dire

La musique est de Bertrand Pierre sur un texte de Victor Hugo (adapté par Françoise Hardy).

Le texte d'origine est extrait des Contemplations (quatrième poème issu du chapitre L'âme en fleur du tome Autrefois). Dans L'âme en fleur, Victor Hugo exprime en poèmes ses sentiments naissants pour sa jeune protégée Juliette Drouet. En 2008, le chanteur Bertrand Pierre, admirateur de cette poésie amoureuse, sort un double album (Autre chose) mettant en musique seize de ses poèmes. Parmi eux figure l'adaptation musicale de Chanson, qui prend le titre de son premier vers (Si vous n'avez rien à me dire). C'est cette version que Françoise Hardy inscrit aujourd'hui à son répertoire.

La chanson est très émouvante grâce à une interprétation légère et délicate, emplie de doute, d'espoir, d'inquiétude. L’interprète se pose des questions sur les motivations de la venue de son partenaire tout en lui confiant entre les lignes mais avec grande clarté ses sentiments amoureux naissants. Elle souhaite ainsi obtenir une réponse explicite à l'éventuelle existence d'un sentiment réciproque. L’ambiguïté entre amitié et amour doit être levée.

La musique tout en douceur et quiétude diffuse une certaine sérénité propice aux confidences.

Pour féminiser le texte, Françoise Hardy doit retoucher un vers :
" Pourquoi me faire ce sourire qui tournerait la tête au roi ? " devient sous sa plume " Pourquoi me faire ce sourire dont la douceur m'emplit d'émoi ? ".

Mais.. Françoise ne se contente pas de cette unique retouche indispensable. Elle propose d'autres modifications qui lui permettent de mieux s'approprier la chanson, quitte à quelque peu chahuter le texte de Victor Hugo.



Ainsi, elle remplace par des paroles alternatives certaines répétitions présentes dans le poème :
- Le bis de " Si vous n'avez rien à me dire pourquoi venir auprès de moi " est remplacé par " Si vous n'avez rien à m'offrir qu'un peu de trouble de désarroi".
- Celui de " Si vous n'avez rien à m'apprendre, pourquoi me pressez-vous la main " est changé en " Si vraiment je ne peux m'attendre qu'à des instants sans lendemain ".
- Le rappel de " Si vous voulez que je m'en aille, pourquoi passez-vous par ici " devient " Si vous n'avez rien à m'offrir que tout ce trouble ce désarroi ".
On peut noter que le "peu" de trouble est devenu "tout" entre le début et la fin, un peu comme si ce sentiment s'exacerbait à mesure que la chanson progresse.

Malicieusement, Françoise Hardy retouche aussi deux autres vers :
- " Sur le rêve angélique et tendre, auquel vous songez en chemin " devient " A quel rêve angélique et tendre avez-vous songé en chemin ". (L'affirmation devient une question...)
- " Lorsque je vous vois, je tressaille " est transformé en " Lorsque je vous vois, je défaille ". (Si les hommes osent éventuellement avouer qu'ils peuvent tressaillir, les femmes ont quant à elle la permission d'aller plus loin et de pleinement défaillir...)

Tout en conservant le questionnement sur la réciprocité de l'amour, les retouches de texte apportées par Françoise Hardy accentuent l'expression des sentiments ressentis par la chanteuse. Les états d'âme gagnent en explicitation et se glissent dans l'univers traditionnel de la chanteuse.

mardi 27 novembre 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (dernier extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

JE N'AI JAMAIS ÉTÉ SIFFLÉE ni bombardée de légumes. Je ne chante pas de manière assez agressive pour déchaîner l'hostilité des gens. Dans le pire des cas, je les ennuie. Ils commencent alors à bâiller, à parler entre eux, mais poliment, tout bas. Et tout finit par une chanson triste... Jamais je ne reçois, non plus, comme Sylvie ou Sheila, des lettres enflammées du sexe opposé. Quand une fille m'écrit (c'est neuf fois sur dix une fille), c'est plutôt pour me dire qu'une de mes chansons raconte justement son histoire. Qu'elle aussi aimait un garçon qui l'a quittée. Qu'elle aussi craint que ça ne dure pas... Bref, je comprends les incomprises.

Françoise Hardy

MON RÊVE ? Ressembler à cette image de moi que j'ai surprise au coin d'une glace en étrennant à Gstaad mon nouveau costume de scène. Une tenue de Courrèges. Une métamorphose ! Pantalon-marinière. Blanc éblouissant. Sûr comme un flèche. Intrépide comme une fusée. Poétique comme un départ pour la Lune. Hardi comme... la Françoise Hardy que je serai peut-être un jour !

samedi 24 novembre 2012

Les chansons de l'album "L'amour fou" - Mal au coeur

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : Mal au coeur

La musique est de Thierry Stremler et les paroles de Françoise Hardy.

La chanson évoque une passion naissante. Perdue dans l'incompréhension de ce qui lui arrive, une femme parle de ses sensations physiques et mentales auprès de sa sœur et de son docteur. A mesure qu'elle énumère ses symptômes, censés être dus à une maladie non encore identifiée, elle prend conscience qu'il s'agit en fait de la manifestation de son état amoureux, de sa passion grandissante et de sa dépendance vis-à-vis de l'homme qu'elle aime.

En accord avec ce principe, le texte fait la part belle aux expressions à double sens. Quelques exemples :
- les bouffées de chaleur et le mal au cœur désignent à la fois une sensation de nausée et une très grande dépendance sentimentale
- l'expression "tremblements et stupeurs" (qui rappelle par ailleurs Stupeurs et Tremblements, le roman d'Amélie Nothomb ) renvoie tout autant aux signes d'une maladie qu'à ceux d'un émoi passionnel.

La musique dispense une atmosphère pleine de plénitude à peine troublée par les questionnements de la femme sur son état amoureux.


Après analyse, la femme assume son bien-être d'amoureuse, allant jusqu'à dire : "Je nage dans le bonheur en tout mal en tout déshonneur". On notera d'ailleurs que ce détournement de l'expression "en tout bien, tout honneur", lève une éventuelle ambiguïté en évoquant clairement un amour partagé et concret, là où les premiers mots de la chanson auraient pu laisser penser à un amour idéalisé et platonique.

Avec Françoise Hardy, le bonheur amoureux ne peut cependant qu'être un état passager... Quelques menaces sont présentes dans cette peinture idyllique : une addiction à l'être aimé transparaît tout au long de la chanson ("J'ai tellement mal au cœur, allez vite le chercher docteur !") et quelques inquiétudes sont identifiées ("Privée d'amortisseurs, le risque est majeur", "D’où vient votre air songeur ? Faut-il avoir peur ? Vous en pensez quoi, ma sœur ?")

Après les drames évoqués dans les deux premières chansons de l'album, ce troisième titre permet de faire une pause emplie d'une certaine félicité contemplative....

mardi 20 novembre 2012

Les chansons de l'album "L'amour fou" - Les fous de Bassan

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : Les fous de Bassan

La musique est de Pascal Colomb et les paroles de Françoise Hardy.

Il s'agit de la chanson la plus noire de l'album avec un thème rarement abordé : la disparition d'une jeune fille naïve, séduite, abusée et tuée par un inconnu. Aveuglée par les beaux discours, l'adolescente a vu ses rêves se muer en un cauchemar absolu, fatal et irréversible. Elle a disparu mais on ne sait ni comment ni pourquoi, ni même vraiment ce que son corps est devenu.

La musique très étrange joue la carte de l'ambiance aquatique. Trouble et féérique, elle atténue la dureté du fait divers dont s'est inspirée Françoise Hardy.

Il est peu étonnant que ce titre résiste fortement à la première écoute et aux quelques suivantes. Une dizaine de tentatives sont nécessaires pour entrer dans la douleur rampante de l'histoire et s'immerger dans les bienfaits rédempteurs des nappes de cordes qui simulent les fonds marins, le monde du silence, celui où l'âme de la défunte peut probablement reposer en paix.


Avec la puissance d'un désir de folle espérance, la chanson culmine sur une fausse fin (aux trois quarts du titre) avec quelques mots prononcés fortissimo :"Si belle, si seule, endormie dans quel linceul ? Si pure, si jeune !"

Puis la conclusion s'impose dans un vague espoir de pacification pourtant quelque peu incertain : "Vit-elle au ciel l'amour éternel, loin des cris perçants des fous de Bassan ? Loin des feintes, si loin des pièges, de l’atteinte des sortilèges ?"

Difficile de percevoir, dans cette chanson, d'autre amour que celui de ceux qui regrettent la disparition de la jeune femme et qui lui vouent un amour éternel au delà des frontières de la mort... Une chanson grave dont la beauté liée à la sublimation de la douleur nécessite toutefois un certain effort d'appropriation.

samedi 17 novembre 2012

Les chansons de l'album "L'amour fou" - L'amour fou

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : L'amour fou

La musique est de Thierry Stremler et les paroles de Françoise Hardy.

La musique crée une ambiance surannée et romantique pour laquelle Françoise Hardy cisèle un texte évoquant les jeux de l'amour des siècles derniers. L'histoire est cruelle et touche en plein cœur, évoquant les tourments universels de l'amour excessif, de l'amour fou.

La chanson reporte la passion tragique d'un jeune homme sur le point de mourir suite à un duel au profit d'une femme qu'il aime au-delà de tout alors que cette dernière s'en moque totalement, davantage concernée par sa propre beauté et le qu'en-dira-t-on....


Le passage qui résume le mieux l'esprit du texte se dessine au détour de la supplique adressée à la belle indifférente par l'émissaire venue la chercher pour un dernier hommage à l'homme à l'agonie :
Sa beauté, sa jeunesse, riches de tant de promesses étaient à vous. Seriez-vous insensible à l'amour impossible, à l'amour fou ?

On retrouve le thème romantique de l'amour fou dans un aspect totalement déséquilibré où l'homme aime à en perdre la raison (ou même ici la vie) alors que la femme est totalement indifférente. L'amour du ver de terre pour son étoile mais avec la cruauté de la mort du vermisseau.

mardi 13 novembre 2012

Françoise Hardy interviewée par la RTS (5ème extrait)

Le 17 juillet 1963, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission radiophonique Visiteur d'un soir de la RTS, la Radio Télévision Suisse.

Mais maintenant vous devez être très riche, enfin j'sais pas, j'suppose que l'argent …
Oh non ! Détrompez-vous ! (Rires)

Ah les chanteurs de twist ne gagnent pas encore beaucoup alors ?
C'est-à-dire que au début y a beaucoup de frais pour la scène, pour l'accompagnement tout ça. Moi j'ai pas encore fait ces frais, je dois les faire très prochainement. Vous savez des frais de sonorisation, de micro. Il faut que j'achète par exemple un piano électrique pour mon pianiste, puis peut-être un orgue tout ça et ça coûte vraiment des fortunes ! Alors je pense que si ça marche très bien c'est seulement au bout de deux trois ans je crois.

Françoise Hardy

Et si par hasard, on ne sait jamais ce que réserve l'avenir, si par hasard il fallait quitter la chanson, qu'est-ce que vous feriez ? Est-ce que vous y penser ?
Oh oui j'y pense. Euh. Justement je ne sais pas ce que je ferai. Enfin j'aimerais quand même ne pas quitter complètement. Peut-être m'arrêter de chanter mais pas quitter complètement.

Le monde du music-hall a un attrait certain alors ?
Oh oui.

Et votre petite sœur est fière de vous ? Elle est très contente ?
Oh ben, ça l'amuse. J'pense.

Est-ce qu'on vous fait jouer le rôle d'une vedette ?
Les dédicaces c'est ennuyeux : la maison de disque prend des dédicaces pour moi, la tournée ne veut pas que j'en fasse. C'est très embêtant. (Rires)

Interlude "Peter und Lou"

samedi 10 novembre 2012

Françoise Hardy répond à The Independent (4ème extrait)

Le 5 février 2005, paraissait une interview de Françoise Hardy accordée au journal The Independent.

L'enfance d'Hardy a parfois été décrite comme difficile. Sa mère célibataire, Madeleine, était une assistante comptable qui a élevé seule Françoise et sa jeune sœur Michèle dans le 9ème arrondissement de Paris. La chanteuse a décrit sa rigide grand-mère maternelle comme une « névrosée au delà du supportable », et à tous points de vue son père absent a peu contribué à son éducation, à l'exception de la guitare espagnole avec laquelle elle a commencé à écrire des chansons en internat en Autriche.

Elle dit que cette toile de fond a conduit à l'auto-dépendance, la timidité, et un amour continu de la solitude. " Ce que j'aime depuis que nous avons déménagé dans cet appartement ", ajoute-t-elle à titre d'illustration, " c'est marcher dans le Bois de Boulogne. Pour moi, être seule dans les bois est une forme de méditation qui me rapproche du Divin plus qu'une église ne pourra jamais. "

Donc l'enfer, comme Jean-Paul Sartre l'avait dit, c'est vraiment les autres ?

Non, je pense que c'est une idée trop vague. Vous pouvez la retourner comme une crêpe et dire " l'enfer, c'est moi. "

Françoise Hardy - Sa mère - Son père - Sa grand-mère

Texte original : "Hardy's childhood has sometimes been described as troubled. Her unmarried mother, Madeleine, was an assistant accountant who raised Françoise and her younger sister Michèle alone in Paris's 9th arrondissement. The singer has described her strict maternal grandmother as "neurotic and over-bearing," and by all f accounts her absentee father contributed little to her upbringing, save for the Spanish guitar upon which she first began writing songs while at boarding school in Austria. She says that this background bred self-dependence, shyness, and an ongoing love of solitude. "What I love since we moved to this apartment," she adds by way of illustration, "is walking in the Bois de Bologne. For me, being in the woods alone is a form of meditation that brings me closer to the Divine than a church ever could." So hell, as Jean-Paul Sartre had it, really is other people? "No, I think that's too loose an idea. You can flip it like a pancake and say 'hell is myself'".

mardi 6 novembre 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (7ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

"Je faisais beaucoup les courses, la cuisine, mais je n'aimais pas jouer; je piquais du nez à chaque fois que Thomas voulait faire un jeu de société ! La seule chose que je partageais vraiment avec lui, c'était la lecture des BD. A 3 ans, il savait déjà lire, il repérait les bulles et les lisait avec moi." Lorsque son père était là, tous les deux s’allongeaient devant la télé avec un plateau-repas. Au menu : des carottes et encore des carottes. Thomas les dévorait crues, du petit-déjeuner au dîner...

Quand ses deux hommes l'entouraient, Françoise respirait mieux. Jacques occupait énormément son esprit. Et pour comprendre pourquoi sa relation avec lui était si difficile, elle se tourna vers la psychologie puis vers l'astrologie, devenue très vite une passion. Sa rencontre avec Jean-Pierre Nicola, astrologue réputé, fut décisive : très vite, Françoise décide de travailler pour lui, de l'aider sur ses recherches astrales. Puis, de fil en aiguille, elle dispense son savoir sur les ondes et notamment sur RMC.

Françoise Hardy - Jacques Dutronc - Thomas Dutronc

Un retour sur scène devient totalement exclu, la chanteuse est dorénavant dans un univers bien à elle, qui lui correspond davantage qu'un tour de chant en pleine lumière, devant des milliers de personnes.

" Au fond et comme beaucoup d'artistes, j'aurais davantage vécu dans le virtuel que dans le réel. Un chanteur est de toute façon dans une bulle. Quand j'en sors, c'est pour en regagner une autre où j’écoute de la musique, lis des livres, vois des films, surfe sur Internet. J'écris ou téléphone à mes amis bien plus que je ne les vois. J’aime la ville où tout ce dont j'ai besoin est à portée de main et où il est possible de rester anonyme. Jacques préfère la Corse car il adore s'occuper du jardin et de la maison."

samedi 3 novembre 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (15ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Françoise : Je pense qu'il est assez sentimental. (Silence). Je n’arrêtais pas de dire à son père de lui parler des histoires de sida, etc. Je ne sais pas s'il l'a jamais fait. C'était quand même très préoccupant. Ça me préoccupe d'ailleurs encore maintenant, quand j'y pense.

Thomas : Oui, mais ça, c'est rien, enfin...

Françoise : Si, quand même. Sinon, je n'ai jamais rien cherché à savoir. De toute façon, il a été très précoce et donc, à un âge très... précoce, il m'a annoncé...

Thomas : Stop ! (Rires).

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Françoise : il m'a fait part de ce qui se passait dans sa vie personnelle et j'étais très contente pour lui parce qu'il était très content. Mais moi, je ne lui ai jamais dit quoi que ce soit par rapport à ça...

Thomas : Il y a un truc aussi : on a toujours eu un contact très câlin, très charnel aussi. On s'est toujours fait des câlins, des bisous avant de dormir.

Françoise : Oui, oui.

Thomas : On ne s'est jamais couchés fâchés.

Françoise : Oui, on s'endormait la main dans la main. (Elle rit.)

mardi 30 octobre 2012

Télérama annonce un grand cru : L'amour fou de Françoise Hardy !

Quatre vidéos extraites de l'album à paraître le 5 novembre sont offertes dès à présent par Télérama.

L'album "L'amour fou" y reçoit un très bel accueil du magazine qui lui décerne le label "disque coup de cœur de Télérama", .

Les quatre vidéos permettent de se forger son propre avis et de partager l'enthousiasme; clap




samedi 27 octobre 2012

Françoise Hardy dans Big (4ème extrait)

En 1965, le magazine Big (numéro 21) annonçait la venue prochaine de Françoise Hardy en Italie..

"C'est vrai que vous êtes la fille aux cent phobies ?"
"Oui, j'ai peur de tout. J'ai peur d'être critiquée, j'ai peur d'être abandonnée par des amis et de beaucoup d'autres choses dont vous n'avez pas besoin de vous soucier".

"C'est vrai que vous avez encore peur de dormir avec la lumière éteinte ?"
"Oui, c'est vrai aussi".

"Diriez-vous alors que vous n'êtes pas complexée ?".
"Si vous pouviez en rester là au sujet de mes complexes, je vous dirai d'autres choses".

"Comment est votre chambre ?"
"Que voulez-vous savoir ?"

"Rien, je veux seulement dépenser dix unités pour rendre heureux mon éditeur".
"Ma chambre est uniquement décorée de photos".

"De qui ?"
"Bardot, Johnny Hallyday, Rossano Brazzi, Aznavour, Jacques Brel. Quand vous viendrez à Paris, vous verrez d'autres photos".

"Peut-être !"
"Grossier personnage !"

Charles Aznavour - Jacques Brel - Brigitte Bardot - Johnny Hallyday - Rossano Brazzi

Texte d'origine :
"E' vero che dicono che sei la ragazza delle cento paure ?"
"Si, ho paura di tutto. Ho paura di esser criticata, ho paura di essere abbandonat dagli amici, e di un sacco di altre cose che non ti devono interessare".
"E' vero che hai persino paura di dormire con la luce spenta ?"
"Si, è vero anche questo".
"Vuoi dire allora che non sei una complessata".
"Se ci tieni molto ai miei complessi, ti diro di si".
"Come è arredata la tua camera da letto ?"
"Che cosa ti proponi di scoprire ?"
"Niente, voglio fare solo dieci unita per far felice il mio Editore".
"La mia camera à arredata solo con fotografie".
"Di chi ?"
"Della Bardot, di Johnny Hallyday, di Rossano Brazzi, di Aznavour, di Jacques Brel. Quando verrai a Parigi, ti faro vedere le altre fotografie".
"Magari!"
"Maleducato !"

mardi 23 octobre 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (7ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

JE SUIS PARESSEUSE, inquiète, hésitante, sans énergie : tout ce que j'arrive à décider, c'est de me laisser faire. C'est une sorte de lâcheté, mais chez les femmes ça peut passer pour une preuve suprême d'amour. Une chance ! Mais mon pire défaut c'est ma défiance, envers les autres et envers moi-même. Ça empoisonne ma vie et ça la conditionne entièrement : j'ai voulu faire une carrière pour compenser à l'avance ma vie privée qui sera sûrement ratée. Comme je ne suis pas sûre de cette carrière non plus, j'ai un métier en réserve : dans quelques années, je serai à même de devenir directrice artistique d'une maison de disques. Je pourrais aussi terminer ma licence d'allemand et devenir traductrice. Et puis, un de ces jours, j'aurai aussi des enfants pour me consoler de tout ce que j'ai loupé... Enfin, tout un système de défense !

Françoise Hardy

LE GARÇON QUE J'AIME ? J'ai assez raconté mon moi pour qu'on devine un peu le sien. Il est gai, enthousiaste, dynamique, sûr de lui...Bref, l'avers d'une médaille dont je suis le revers. Son influence sur moi ? Il m"a appris à m'habiller : quand je regarde mes photos "d'avant", j'ai honte. Il m'a fait aimer les westerns, l'Italie, les vacances. Il m'a sortie du clan Hardy - ma mère, ma sœur, moi - trois femmes dans le même bateau : un deux-pièces rue d'Aumale et des fins de mois à suspense. Maintenant je me suis installé un studio et j'y vis seule, comme une grande.

samedi 20 octobre 2012

Françoise Hardy interviewée par la RTS (4ème extrait)

Le 17 juillet 1963, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission radiophonique Visiteur d'un soir de la RTS, la Radio Télévision Suisse.

Qu'est-ce que vous faites chez vous ? C'est comment chez vous ?
Ah ben alors là, justement, jusqu'à présent j'habitais avec maman et ma sœur dans un appartement assez petit, pas très joli. Alors, comme c'est petit, ça posait des problèmes à cause de ma sœur. On était dans la même chambre. Alors quand moi j'suis à Paris, la plupart du temps je rentre très tard mais ma sœur, qui va en classe encore, se lève très tôt. Alors ça n'allait pas très bien. J'me suis acheté un studio mais alors, je viens de l'acheter. Il est pas du tout meublé, rien du tout.

Qu'est-ce que vous allez… comment allez vous le meubler ? Qu'est-ce que vous aimez ?
Alors moi, j'aime (rires), au risque de décevoir beaucoup de monde, j'aime le style très moderne et très simple.

Françoise Hardy - Peter Van Eyck - Elvis Presley

Et beaucoup de poupées, d'animaux en peluche ?
Non pas tellement. Peut-être beaucoup de lampes mais pas beaucoup de poupées.

Vous savez que vos admirateurs et beaucoup de vos admiratrices découpent beaucoup de photos. Est-ce que vous aussi vous avez eu des photos découpées sur vos murs ?
Ah oui, j'en ai toujours d'ailleurs.

De qui ?
Alors moi c'est spécial, parce que j'ai trouvé dans des journaux allemands comme Film Revue .. J'trouvais des photos couleur formidables alors je les ai mises au mur. J'ai une photo de Peter Van Eyck, que j'aime beaucoup comme acteur et une photo d'un chanteur qu'on connaît peut-être en Suisse : Freddy Quinn. Euh, j'en ai une d'Elvis Presley mais c'est uniquement parce que les couleurs sont sensationnelles.

Interlude "They remind me too much of you" (Elvis Presley)

mercredi 17 octobre 2012

Le 5 février 2005, paraissait une interview de Françoise Hardy accordée au journal The Independent.

Et que dire de Mick Jagger ? Ils ont été photographiés ensemble, et il a évidemment été attiré par elle. Auraient-ils pu devenir amants si les circonstances avaient été différentes ?

" Qui peut le dire ? " dit-elle en souriant. " Nous sommes sortis ensemble pour dîner, mais nous avions tous deux des partenaires à l'époque. De plus, notre attirance mutuelle était peut-être superficielle. Il est très facile d'être attiré de loin par quelqu'un qui est beau, talentueux et célèbre. Je pense que j'étais trop propre pour Mick Jagger, cependant. Je ne connaissais rien à la drogue, par exemple, et je n'aurais pas été tenté par elle.

" Je me souviens que Brian Jones et sa compagne Anita Pallenberg m'avaient invitée à leur domicile. Comme toute jeune fille de l'époque, j'étais très heureuse, parce qu'il était l'un des Rolling Stones. Pas celui qui m'intéressait le plus, mais un des Stones quoi qu'il en soit. Ils se demandaient si j'avais accepté leur invitation parce que j'étais intéressée par lui ou intéressée par elle. " Elle rit. " Mon fiancé Jean-Marie Périer était absent en reportage, et certaines personnes croyaient que j'étais lesbienne. "

" Mais je n'ai jamais eu l'impression que les Anglais essayaient de me mettre le grappin dessus en tout cas. Le seul qui ait jamais essayé est le regretté David Hemmings [Hemmings jouait le photographe Thomas dans Blow up, le film de 1966 de Michelangelo Antonioni], et il n'était pas mon genre. J'ai eu une brève histoire d'amour avec un autre jeune acteur britannique, mais je ne peux pas vous dire son nom ... "

Françoise Hardy - Brian Jones - Mick Jagger - David Hemmings

Texte original : "And what of Mick Jagger? They were photographed together and he was obviously attracted to her. Might they have become lovers had circumstances been different ? "Who can say?" she says, smiling. "We did go out for dinner, but we both had partners at the time. Plus our mutual attraction may have been superficial. It's very easy to be attracted from afar by someone who is good-looking, talented and famous. I think I was too clean for Mick Jagger, though. I didn't know anything about drugs, for example, and wouldn't have been tempted by them. "I remember Brian Jones and his girlfriend Anita Pallenberg invited me to their home. Like any young girl at the time I was thrilled, because he was one of The Rolling Stones. Not the one I was most interested in, but a Stone none the less. They wondered whether I had accepted their invitation because I was interested in him or interested in her." She laughs. "My boyfriend Jean-Michelle Perier would be away on assignments, and some people assumed I was a lesbian. "But I never felt that English men were trying to hit on me in any case. The only one who ever did was the late David Hemmings [Hemmings played the photographer Thomas in Michelangelo Antonioni's 1966 film Blow-Up], and he wasn't my type. I did have a brief love-affair with another young British actor, but I can't tell you his name..."

samedi 13 octobre 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (6ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

A partir de 1974, Jacques accepte pourtant de partager un appartement avec Françoise sans toutefois perdre ses habitudes de célibataire. Quelques mois plus tôt était arrivé Thomas : "Notre relation durait depuis six ans et n'était guère épanouissante, constate simplement Françoise Hardy. On se voyait peu _ de son fait à lui _ et il annulait trop souvent à la dernière minute des rendez-vous bien trop espacés à mon goût. J'avais 30 ans, je rêvais d'avoir un enfant et s'il n'était pas prêt à s'engager, mieux valait arrêter là." Rien n'aurait pu lui faire oublier son désir de maternité. A l'âge de 14 ans, elle jouait encore à la poupée et, chaque fois qu'elle était amoureuse, elle avait envie d'un bébé. Thomas fut un cadeau. Avec lui, elle pensa-même changer Jacques, lui apprendre la joie de vivre en famille.

Françoise Hardy - Jacques Dutronc - Thomas Dutronc

Mais si Dutronc avait connu l’un des plus beaux jours de sa vie avec la naissance de son fils, il n'était pas prêt à jouer le papa idéal. Françoise s’arrangeait pour qu'ils soient ensemble, tous les trois, le week-end, mais Dutronc se sentait mal à l'aise. Françoise laissa tomber. A quoi bon, dans ce cas, avoir des enfant ? "Thomas était un enfant très exclusif, dit-elle, qui aurait aimé que je lui consacre chaque minute de mon temps. Il avait 5 ans lorsque j'ai fait une fausse couche et il était si réjoui que j'ai pensé que c'était mieux ainsi. Ayant toujours eu des rapports très difficiles avec ma sœur, je me sentais finalement soulagée d'éviter à mon propre enfant ce genre de risque." Le syndrome de l'enfant roi ? Et pourtant Françoise affirme qu'elle n'a pas du tout l'impression d’avoir été une mère parfaite.

mardi 9 octobre 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (14ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Françoise : Thomas a une grande qualité : il peut arriver qu'il s'énerve, mais deux minutes après il s'excuse ! Ça, c'est génial. C'est vraiment génial. (Elle rit).

Thomas : Là où tu as été bien, quand j'étais petit, je trouve, c'est que tu as cherché à m'inculquer des principes. D'un côté, j'ai un père qui ne parle pas trop, avec qui on communique par blagues ou par non-dits ; et de l'autre côté, une mère un peu plus présente. Tu m'as toujours répété des phrases d’une grande sagesse. Tu lisais beaucoup, alors tu notais des phrases... C'était bien..

Françoise : Du genre : "Il est plus important de travailler sur le discernement que sur l'amour car l'amour qui n'est pas doté de discernement n'est pas un vrai amour ! ". Moi je trouve cette phrase absolument sublime, j'y pense très souvent !

Thomas : (Il rit).Là, par exemple, je me dis : "Oh là là (il siffle.)! elle ne va pas mieux !" Non, tu me disais : "Ce qui est important dans la vie, c'est le mouvement vers les choses", des phrases comme ça tu vois.

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Françoise : Ah oui ! "L'important, ce n'est pas que la branche casse au moment où on l'atteint, ce sont les pas que l'on aura faits pour l'atteindre." Certaines personnes ne font aucun pas, ou un pas et demi, mais il saisissent la branche... Et puis d'autres ont fait plein de pas, mais au moment où ils atteignent la branche, ça casse ! Ce sont les pas qui comptent... Comme tous les parents, je voulais qu'il étudie la musique. Mais il n'a jamais voulu ! Je n’arrêtais pas de lui dire : "Tu sais, si on étudie la musique, si on joue d'une instrument, on ne s'ennuie jamais." (Elle rit). Il n'y avait rien à faire. Il s'y est mis quand il a vu son copain Matthieu Chédid s'y mettre.

Thomas : Parce que tes démarches restent très intellectuelles, très dans la tête, jamais naturelles, quoi. Si j'avais vu mes parents faire de la musique ou si tu avais dit : "Faisons de la musique ensemble", là ça aurait été naturel, tu vois ?

Françoise : Oui, mais...

Thomas : Mais dire : "il faut faire ci parce que c'est bien, il faire ça parce que c'est bien", ça ne marche pas. Ça, c'est ton côté à principes un peu lourd... Ce n'est pas que je ne voulais pas faire de musique. Mais tu m'as inscrit à des cours de solfège avec des adultes, ça ne m'a pas plu !

samedi 6 octobre 2012

Françoise Hardy dans Big (3ème extrait)

En 1965, le magazine Big (numéro 21) annonçait la venue prochaine de Françoise Hardy en Italie..

À ce stade, je ne sais plus quoi dire sur elle. Nous pourrions lui téléphoner à Paris ?
Passez-moi Paris depuis Bologne. Ça coûte un peu mais c'est aux frais du journal.

"Allô ? Françoise ?".
"Françoise n'est pas là, elle est sortie."

C'est elle. On la reconnaîtrait dans une foule aussi bien qu'Alighiero Noschese.

"Dites moi" - continue la voix - "Que vouliez-vous savoir ?"
"Rien de particulier : à quelle heure elle se lève le matin, combien d'heures elle dort, si elle est encore amoureuse de Jean-Marie, quand elle a décidé de se marier, si elle veut avoir un fils, si elle est jalouse, heureuse et ça suffira."

"Pourquoi ne pas vous occuper de vos affaires ?"
"Ne vous fâchez pas, Françoise, est-ce vrai que vous êtes bourrée de complexes ?"

Elle s'apaise, ces questions l'ont toujours intéressée.

"Il est possible aujourd'hui de cataloguer les qualités et les défauts par le mot "complexe" ? Je suis juste timide et vous ne pouvez pas dire que j'ai un complexe d'infériorité."

"Vous êtes également grincheuse ?"
"J'ai mes défauts comme vous avez les vôtres."


Texte d'origine :
"A questo punto, non so più cosa dire di lei. Telefoniamo a Parigi ? Parigi te la danno prima di Bologna. Costa un po', ma tanto paga l'Editore.
"Pronto ? Françoise ?".
"Françoise non c'è, è uscita".
E' lei. Si riconoscerebbe in una folla di tanti Alighiero Noschese.
"Dica pure a me - prosegue la voce. " Cosa voleva sapere ?".
"Niente di particolare : a che ora si alza la mattina, quante ore dorme, se è ancora innamorata di Jean-Marie, quando ha deciso di sposarsi, se vuole avere figli, se è gelosa, felice e basta".
"Perchè non si fa i fatti suoi?"
Non ti arrabbiare, Françoise, è vero che sei piena di complessi ?"
Si sta calmando, le domande la interessano sempre.
"E' possibile che oggi qualita e difetto vengono tutti catalogati alla voce complessi ? Sono solo timida, ma non si puo dire per questo che io abbia complessi di inferiorita".
"Sei anche scontrosa ?"
"Mi faccio i fatti miei, come tu dovresti farti i tuoi".

mardi 2 octobre 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (6ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

J'ACCEPTE SOUVENT de faire des choses qui me déplaisent pour de l'argent et je le mets de côté : si un jour je n'ai plus de succès, j'aurai des terrains en Corse. C'est mon côté fourmi. Côté cigale : faire de temps en temps une descente chez un couturier et crac, m'offrir un coup de foudre à cinq zéros !

Françoise Hardy

JE N'AI PAS LE SENS de la mesure. Ni en musique, ni en vrai. Mes chansons ne seront jamais "carrées". Mireille me le reprochait déjà quand j'allais au "Petit Conservatoire". Et ma vie risque de ne pas être un chef-d’œuvre d'équilibre. Vie privée contre métier, que choisir ? Ça dépend des fois. Tantôt je pars en tournée la mort dans l'âme en laissant derrière moi le garçon que j'aime. Tantôt je refuse en m'accusant d'inconscience professionnelle.

samedi 29 septembre 2012

Françoise Hardy interviewée par la RTS (3ème extrait)

Le 17 juillet 1963, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission radiophonique Visiteur d'un soir de la RTS, la Radio Télévision Suisse.

Voyez-vous, grâce à certaines émissions on vous tutoie beaucoup, on vous appelle par votre prénom, est-ce que dans le monde même du twist on est très copains ?
Qu'est-ce que vous appelez le monde du twist ?

Le monde du twist c'est-à-dire les chanteurs, les chanteuses de twist, est-ce que vous vous voyez ?
Oui on se… enfin moi j'ai quelques copains. Par exemple je sais pas, Richard Anthony forcément ! Claude François, j'connais bien. Lucky Blondo, Danyel Gérard, tout ça, on est copains, enfin c'est….

Et vous parlez de quoi quand vous êtes ensemble ? Vous parlez chanson ou d'autre chose ?
Oh ! Oui on parle toujours chanson. Enfin, ça ça dépend. J'sais pas de quoi on parle ça roule beaucoup autour des chansons.

Françoise Hardy - Cliff Richard

Et vous avez décidé de composer des chansons comment ? Vous jouiez du piano ou bien ?
Non., simplement j'avais demandé une guitare quand j'ai été reçue à mon premier bac. On m'a demandé ce que je voulais comme récompense alors j'ai demandé une guitare. Et puis, une fois que j'ai eu mon deuxième bac, alors je me suis occupée de la guitare que j'avais délaissée pendant un an, enfin dont je ne m'étais pas occupée du tout pendant un an, et puis j'ai fait quelques chansons.

 Interlude "Tous les garçons et les filles" 

Et puis c'est bien parti, c'est très très bien parti, ça a vite démarré. Mais qu'est-ce qui vous a incité à prendre une guitare ?
Ah ben parce que j'voulais chanter alors j'ai pensé qu'il fallait commencer par le commencement et acheter une guitare.

Y a un chanteur qui vous a donné le coup de foudre en quelque sorte de la chanson ?
Euh non c'est plutôt un poste de radio. J'écoutais… J'ai eu le coup de foudre pour les chansons à vrai dire le jour où j'ai découvert le poste de Radio Luxembourg anglais où on n'entend que des chansons à longueur de temps. Alors à ce moment là, on entendait, on entend toujours d'ailleurs maintenant également, Cliff Richard. Alors j'avais eu le coup de foudre pour une chanson qui s'appelait Travellin' night par Cliff Richard puis Living doll j'aimais beaucoup.

 Interlude "Travellin' night" 

mardi 25 septembre 2012

Françoise Hardy répond à The Independent (2ème extrait)

Le 5 février 2005, paraissait une interview de Françoise Hardy accordée au journal The Independent.

Hardy signe chez Vogue à 17 ans. Le compositeur Francis Poulenc est parmi ceux qui lui offrent des chansons [Jérôme : Je me demande si on peut vraiment porter crédit à cette information...], mais, comme beaucoup de ses œuvres ultérieures, le premier 45 tours de Hardy est de sa propre composition. Au final, "Tous les garçons et les filles" se vendra à plus de deux millions d'exemplaires, triomphant au Royaume-Uni et dans le reste de l'Europe. La presse française remarquera que Hardy a vendu plus de disques en 18 mois qu'Edith Piaf en 18 ans.

Par un heureux hasard, son ascension coïncide avec l'émergence d'un genre spécifiquement gaulois de la musique pop connu sous le nom de Yé-Yé. Mais, alors que d'autres filles Yé-Yé comme Sylvie Vartan et Brigitte Bardot traitent largement le genre dans la frivolité, la musique de Hardy a une profondeur aux qualités souvent mélancoliques qui la place à part. "Une Ophélie sans folie", écrit un critique, captant ainsi quelques aspects de la saveur de son travail de ses jeunes années. Mais Hardy, contrairement à l'Ophélie de Shakespeare, n'est pas une victime.

Brigitte Bardot - Sylvie Vartan - Françoise Hardy

Elle dit avoir été une adolescente "incroyablement naïve". La naïveté ne doit pas être confondue avec la bêtise, cependant, et la Françoise de 18 ans avait déjà entamé des études de sciences politiques, puis de littérature à la Sorbonne. "J'ai toujours été plus intéressée à nourrir mon esprit qu'à me soucier de mon apparence", explique t-elle. En lisant entre les lignes, on imagine que Hardy était une de ces ingénues, qui, au début du moins, n'était pas consciente de la puissance dévastatrice de sa beauté. Sans surprise, cela la rendit d'autant plus séduisante au célèbre photographe Jean-Michelle (sic) Périer. [Jérôme : Il s'agit bien sûr de Jean-Marie Périer...]

En collaboration avec des stylistes comme Courrèges ou le déjà mentionné Paco Rabanne, Périer, sorte de Pygmalion, se voit accorder le crédit de la transformation de Hardy en une fille objet sophistiquée que tant de stars du rock britannique trouvaient irrésistible. Le couple s'est rencontré lors d'un shooting pour le magazine Salut les Copains où Périer photographiait Hardy, et ils sont rapidement tombés amoureux.

Peu après, elle devient la première chanteuse de sa génération à faire la couverture de Paris Match, et, en 1965, elle chante à Londres à l'Hôtel Savoy pour soutenir son album Ce petit coeur. Avec célébrité, et à la grande joie des spectateurs du Savoy qui comprennent les Rolling Stones, elle porte une robe de métal, conçue par Rabanne qui, malgré sa brièveté, pèse 16 kilos.[Jérôme : Le journaliste confond la combinaison de scène de 16 kilos avec le maillot de bain en rhodoïd ultra léger du même Paco Rabanne...] Est-ce que, par hasard, elle l'aurait toujours ? "Non, je l'ai finalement jetée il y a quelques années", dit-elle, sans la moindre trace de nostalgie. "On ne peut pas tout garder."

Françoise Hardy

Texte original : "Hardy signed to Vogue Records at 17. The composer Francis Poulenc was among those who offered her songs but, like much of her later work, Hardy's debut single was her own composition. "Tous les garçons et les filles" eventually sold more than two million copies, charting in the UK and the rest of Europe. The French press noted that Hardy had sold more records in 18 months than Edith Piaf did in 18 years. Fortuitously, her rise coincided with the emergence of a uniquely Gallic genre of pop music known as Yé-Yé. But while other Yé-Yé girls such as Sylvie Vartan and Brigitte Bardot largely dealt in frivolity, Hardy's music had a thoughtful, often melancholic quality that set her apart. "Ophelia without the delirium," wrote one critic, capturing something of her early work's flavour. But Hardy, unlike Shakespeare's Ophelia, was no victim. She says that she was an "incredibly naïve" teenager. Naivety is not to be confused with stupidity, however, and the 18-year-old Françoise had already studied political science, then literature at the Sorbonne. "I was always more interested in nourishing my mind than worrying about how I looked," she explains. Reading between the lines, one imagines Hardy was one of those ingénues, who, initially at least, was unaware of the devastating power of her beauty. Unsurprisingly, this made her all the more alluring to the renowned photographer Jean-Michelle Perier. Together with designers such as Courrèges and the aforementioned Paco Rabanne, Perier, something of a Pygmalion figure, is credited with transforming Hardy into the sophisticated it-girl so many British rock stars found irresistible. The pair met while Perier was photographing Hardy for Salut les Copains magazine, and quickly became lovers. Soon, she was the first singer of her generation to grace the cover of Paris Match, and by 1965, she was singing at London's Savoy Hotel in support of her album Ce Petit Coeur. Famously, and to the delight of a Savoy crowd that included The Rolling Stones, she wore a metal, Rabanne-designed dress that, despite its brevity, weighed 16 kilos. Does she by any chance still have it ? "No, I finally threw it out a few years ago," she says, without a trace of nostalgia. "You can't keep everything.""

samedi 22 septembre 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (5ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Le début de sa carrière sera aussi le début de ses amours. En 1963, elle rencontre le photographe en titre de Salut les copains !, Jean-Marie Périer, avec lequel se noue une relation amoureuse qui durera quatre ans. mais ils se voient peu, multipliant l'un et l'autre les déplacements. Pas évident de construire une relation dans de telles conditions et Françoise ne supporte pas cette vie. Mais une carrière de chanteuse se façonne aussi sur les routes et elle se doit d'aller à la rencontre de ses fans. Par ailleurs, Jean-Marie Périer est un passionné de photo et rien ne pourra le dévier de son objectif. Entre eux, l'histoire d'amour se termine mais l'amitié demeure.

Françoise Hardy - Jacques Dutronc - Jean-Marie Périer

En 1967, la chanteuse tombe éperdument amoureuse d’un autre homme. Hélas ! Peu présent lui aussi au quotidien !
"Lorsque j'ai rencontré Jacques, se souvient Françoise, partir en tournée m'est devenu encore plus pénible qu’avant. Même s’il s'est avéré par la suite moins disponible vis-à-vis de moi que je ne l'étais vis-à-vis de lui, je ne pouvais faire autrement qu'être là pour lui."
Et la légende du plus beau couple des années 1960 commence :
"Jacques me séduisait par son insolence, son cynisme, son côté jouisseur et son insaisissabilité. Mais mes propres complexes d'infériorité m'empêchaient de voir les siens, tout aussi importants, et que j'ai découverts peu à peu. Les miens se traduisaient par une soumission excessive, les siens par la fuite."

mardi 18 septembre 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (13ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Françoise : Au quotidien, on ne se voit pas beaucoup.

Thomas : Non, malheureusement.

Françoise : Je suis obligée d'aller le voir sur scène maintenant. (Elle rit).

Thomas : Je travaille trop. Je n'ai le temps de voir personne !

Françoise : Moi, en plus, je suis très marquée par tout ce que j'ai vécu avec ma mère : je me dis que quand son enfant est adulte, il faut se tenir suffisamment à distance quand même. Parce que, malheureusement, ma mère a fait l'inverse (Elle rit)... et ça s'est très mal terminé. Tu vois, par exemple, ça ne me viendrait pas à l'esprit - parce que je sais que tu es débordé - de t'appeler tous les jours pour te dire : "Alors, qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?"

Thomas : On s'envoie des petits mails. C'est vrai que j'aime avoir des nouvelles de temps en temps, mais je n'ai jamais le temps de dîner, je rentre épuisé...

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Françoise : Je vais sur Internet pour avoir de ses nouvelles. (Elle rit). C'est très pratique ! J'ai mis un site dans mes favoris : "Les concerts de Thomas Dutronc". Alors, de temps en temps, je vais voir... Certains endroits sont marqués "complet", d'autres sont marqués "pas complet", ça me contrarie, alors deux jours après, je viens voir si ça a évolué !

Thomas : En tout cas, ce que je sais avec toi, et avec papa aussi, même si c'est parfois un peu conflictuel, c’est qu'il y a vraiment un amour sans limites.

Françoise : C'est vrai.

Thomas : Quoi qu'il arrive justement, les énervements, les fatigues ou les problèmes, notre amour est sans limites, et depuis toujours quand même !

samedi 15 septembre 2012

Françoise Hardy dans Big (2ème extrait)

En 1965, le magazine Big (numéro 21) annonçait la venue prochaine de Françoise Hardy en Italie..

Avec le caractère qu'elle a, elle serait capable de n'importe quoi. En Amérique personne ne la connaissait. Cet été elle a pris l'avion et elle est arrivée à New York. Tout à recommencer depuis le début. Faire écouter son disque aux uns et aux autres. A certains il ne plait pas, à d'autre il plait.

Comme il y a trois ans, quand à Paris avec sa petite guitare sous le bras elle faisait le tour de toutes les maisons de disques et d'édition : "Vous savez, j'ai une belle petite chanson que j'ai dédiée à tous ceux de mon âge, ceux qui ont toujours quelqu'un à aimer, quand je dois aller seule sans amour". Et ils secouaient la tête : "Non, non, ça ne va pas, ma fille. Est-ce que nous dînerons ensemble ce soir ?". Conclusion : "Des imbéciles." Jusqu'à ce qu'il y en ait un, un beau jour, plus malin que les autres, qui laisse de côté le dîner, et qui avec une seule bouteille de Champagne inaugure la mine d'or. Au moins trois cents mille disques vendus, rien qu'en Italie, de chaque nouvelle chanson du petit singe.

À New York, par contre, il ne lui a fallu qu'un mois et demi pour tout recommencer. Elle n'en a jamais parlé. L'habituel plus malin que les autres l'a engagée pour une télévision fabuleuse dans une émission couvrant les USA d'est en ouest dans le célèbre "Hullabaloo." Elle n'a pas eu le temps de conquérir le marché américain mais elle s'y est fait connaître comme un personnage important.


Texte d'origine :
"Con quel carattere che ha sarebbe capace di qualunque cosa. In America non la conosceva nessuno. Quest'estate ha preso l'aereo ed è arrivata a Nuova York. Tutto da capo. Io sono questa quella, senti il disco, piace, no, a me si. Cosi come tre anni fa, quando a Parigi con la sua chitarrina sotto il braccio faceva il giro di tutti i discografici ed editori : "Sa, io ho une bella canzoncina che ho dedicato a tutti quelli della mia età, quelli che hanno sempre qualcuno da amar, solo io devo andar sola sola, senza amor". E quelli scuotevano la testa : "No, no, non ei siamo, ragazza mia. Andiamo a cena stasera ?". Conclusione : "Imbecille." Finchè uno, un bel giorno, più furbo degli altri, lascio stare da parte la cena, e con una sola bottiglia di champagne inauguro la miniera d'oro. Minimo trecentomila dischi, solo in Italia, di ogni nuova canzone della scimmietta.
A Nuova York, invece, un mese e mezzo fa, tutto da capo. Mai sentita nominare. Il solito più furbo degli altri la acchiappa e la porta in televisione in un favoloso spettacolo coast to coast (da costa a costa) nel famoso "Hula buloo". Non ha avuto il tempo di conquistare il mercato americano ma si è fatta conoscere come un grosso personaggio."

mardi 11 septembre 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (5ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

J'AI TOUJOURS ÉTÉ SEULE. En classe, retranchée derrière mes bonnes notes et mes dictionnaires. A la maison, attendant des heures, en écoutant la radio, le retour de ma mère qui rentrait tard de son travail. Maintenant seule en face des chanteurs-usines, soutenus par leur clan, leur manager, leur publicité, leur public. J'en souffre parce que souvent j'aurais besoin, moi aussi, d'être conseillée, entourée, encouragée, mais je crois que je ne supporterais pas longtemps un "maître" qui me souffle et me téléguide. Quant aux parasites réconfortants, ce n'est pas dans mon style ni dans mes moyens : je gagne nettement moins que la plupart de mes "concurrents".

Françoise Hardy

JE N'AI AUCUNE ENVIE de me marier. Comme il m'est impossible à moi d'être sûre et rassurée, j'aurais vraiment tout à y perdre et rien à y gagner : un amoureux un peu inquiet (beaucoup moins que moi évidemment) contre un propriétaire satisfait. Contre un homme qui vous laisse sereinement partir pour le bout du monde : "Puisque tu es ma femme et que j'ai confiance en toi !". C'est déjà assez triste de se quitter, quittons-nous au moins en larmes.

samedi 8 septembre 2012

Françoise Hardy interviewée par la RTS (2ème extrait)

Le 17 juillet 1963, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission radiophonique Visiteur d'un soir de la RTS, la Radio Télévision Suisse.

Maintenant j'aimerais vous poser mes questions à moi. J'aimerais vous demandez si… Vous nous donnez l'air de vous amuser beaucoup dans votre métier alors est-ce que vraiment cette vie vous amuse ?
Ah oui ? Comment ça ? J'vous donne l'air de m'amuser beaucoup ? (Rire)

Ben, j'sais pas. J'vous ai vu répéter. Vous aviez l'air heureuse, vous jouiez avec le micro, avec les musiciens.
Ah oui. Ah ben moi, j'aime bien répéter, surtout quand ce sont des chansons qui me plaisent. Oui c'est amusant bien sûr.

Et, cette vie de tournées vous plait ?
Ah oui. J'avais très peur au début. J'avais peur de m'ennuyer, que le temps soit long et tout et tout. Et finalement, ça se passe très bien. Tout le monde est très gentil et c'est formidable.

 Interlude "Il est parti un jour" 

Êtes-vous Parisienne ?
Oui. J'suis née à Paris. J'y habite depuis ma naissance. (Rires).

Françoise Hardy

Et vous avez débuté dans la chanson pourquoi et comment ?
Eh bien parce que j'avais envie de chanter... alors j'ai fait des chansons et j'ai été les montrer dans une maison de disques. Et il s'est trouvé que j'ai eu beaucoup de chance, que la maison disque a été tout de suite intéressée, qu'on m'a fait faire un disque qui a marché tout de suite. (Rires)

Qui a marché très bien et justement je voulais vous demander si vous n'aviez pas un peu peur de cette chance … parce que c'est parti très vite.
Ah si si si si si. Si, justement j'ai peur que ça s'en aille aussi vite que c'est venu. Ça c'est normal et puis j'pense que de toute manière, dans toute carrière y a des éclipses et… y a bon nombre de carrières qui ont débuté de façon un peu fulgurante et puis ça s'est arrêté là. Alors bien sûr je redoute que ça se passe de la même façon pour moi.

 Interlude "L'amour s'en va" 

mardi 4 septembre 2012

Françoise Hardy répond à The Independent (1er extrait)

Le 5 février 2005, paraissait une interview de Françoise Hardy accordée au journal The Independent.

Nous bavardons dans l'ambiance minimaliste et zen de son appartement du 7ème arrondissement [Jérôme : en fait il s'agit plutôt du 16ème]. Situé à seulement quatre minutes à pied de l'Arc de Triomphe, c'est un domicile qu'elle partage avec le musicien et acteur Jacques Dutronc. Dutronc, aussi célèbre que Hardy en France, est son compagnon depuis 37 ans, et son mari depuis 23 ans. "Quand nous nous sommes mariés en 1981 pour des raisons fiscales, notre fils Thomas avait déjà sept ans," rit-elle. "Si ce n'était pas pour les lois sur l'héritage, personne en France ne se marierait."

Hardy dit qu'elle occupe le rez-de-chaussée sans fenêtre de l'appartement, tandis que son mari apprécie la liberté des étages. Un bar bien rempli - probablement appartenant à Dutronc - est visible à travers une partie du plafond de verre au-dessus de nos têtes. Dans la luxueuse salle pavée de marbre dans laquelle nous sommes assis, une cave à vin vitrée ronronne doucement, comme si elle était heureuse de cacher en son sein des vins blancs coûteux.

Apparemment, nous sommes là pour parler de Tant de belles choses, le tout premier album de créations de Hardy depuis huit ans. Naturellement, nous le faisons, mais la star habituellement recluse parle aussi de ses aventures avec le beau monde du Londres des années 60, de sa passion pour l'astrologie, et de bien plus encore.

Après s'être joyeusement moquée de ma tentative pour la saluer en français, elle désigne à notre traductrice Jane ainsi qu'à moi-même, une table basse dominée d'un côté par une immense statue de Bouddha. "Mon mari l'aime beaucoup", dit notre hôte, "mais je suis la seule à porter de l'intérêt au bouddhisme."

Françoise Hardy

Texte original : "We're chatting in the minimalist, Zen-like surrounds of her 7th arrondissement apartment. Just four minutes walk from the Arc de Triomphe, it's a home she shares with the musician and actor Jacques Dutronc. Dutronc, as famous as Hardy in France, has been her partner for 37 years, and her husband for 23 years. "When we married in 1981 for fiscal reasons, our son Thomas was already seven," she laughs. "If it wasn't for the inheritance laws, no one in France would marry."
Hardy says she occupies the windowless ground floor of the flat, while her husband enjoys free reign upstairs. A well-stocked bar - Dutronc's presumably - is visible through a portion of glass ceiling above us. In the luxurious, marble-tiled room in which we are sitting, a glass-fronted wine chiller purrs softly, as though pleased with the expensive-looking stash of whites within.
Ostensibly, we've met to talk about Tant De Belles Choses (So Many Beautiful Things), Hardy's first album of all-new material in eight years. Naturally we do so, but the normally reclusive star also speaks about her adventures with the beau monde in 1960s London, her passion for astrology, and much more besides.
Having playfully mocked my attempt to greet her in French, she shows our translator, Jane, and me to a low coffee table dominated at one end by a huge statue of Buddha. "My husband is very fond of it," says our host, "but I am the one with an interest in Buddhism."

samedi 1 septembre 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (4ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

A son entrée à Sciences Po, Françoise s'inquiète un peu : elle a accepté de faire ces études pour maman qui souhaite qu'elle entre en politique mais c'est une besogneuse qui travaille dix fois plus que les autres pour réussir et ça commence à la fatiguer. Ce qui l'intéresse, c'est la musique. Folle du rock anglo-saxon, elle écoute en boucle Elvis Presley et son tube, "Are you lonesome tonight ? ". Elle rêve, Françoise, elle ne pense qu'à ça, chanter !

Elle décide alors de prendre son destin en main et s'inscrit au Petit Conservatoire de la chanson de Mireille. Et c'est en tombant sur une petite annonce parue dans "les Potins de la Commère" de France Soir qu'elle s'offre sa première grande chance : elle décide d'écrire à cette maison de disques qui cherche de jeunes interprètes pour renouveler la chanson française. Il lui faudra un an pour s'imposer aux producteurs de Pathé-Marconi, [Jérôme : en fait c'est chez Vogue qu'elle s'imposera] mais elle ne perdra jamais cette envie de chanter qui la tenaille.

Françoise Hardy

Le 25 avril 1962, elle enregistre à la périphérie de Paris ses premiers titres dont "Tous les garçons et les filles". Les quatre musiciens ne sont pas les meilleurs, les arrangeurs non plus. La toute jeune Françoise Hardy, 17 ans, entonne une chanson à la guitare dans un endroit qui ressemble à un placard mais elle est folle de joie. Pour elle, c'est le rêve absolu : "Je me revois après l'enregistrement, rue d'Hauteville, me sentant pousser des ailles. C'était le plus beau jour de ma vie !" Le single "Tous les garçons et les filles" fait un carton et Françoise enregistre un album dans les mêmes conditions désastreuses. C'est sur la tournée qui suit que Richard Anthony lui conseille de tout faire pour aller enregistrer en Angleterre : " Je ne reconnais la qualité de mon travail qu'à partir de ce moment-là", dit-elle, ne faisant pas mystère de ses doutes sur l’intérêt artistique de son premier tube.

mardi 28 août 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (12ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Françoise : Je dis très souvent que tu es beaucoup plus aimable et surtout plus ouvert à autrui que nous. Ça corrobore un peu ce que tu viens de dire. Il est certain que nous sommes assez fermés, assez misanthropes au fond. Et ton père pas plus ni moins que moi ! Nous sommes misanthropes mais Thomas est très, très différent. Il a beaucoup plus de "mobilité" que moi, en tous cas. Son père a sûrement plus de souplesse que je n'en ai. Je ne suis pas quelqu'un de souple ni de mobile, et je ne suis pas ouverte à tout ce qui se présente. La disponibilité bienveillante de Thomas m'a toujours épatée, cette absence d'a priori vis-à-vis des autres. D'ailleurs, la plupart du temps, quand quelqu'un me parle de lui, c'est pour me dire : "Comme il est gentil, comme il est ceci, cela..." Ce que moi je ne suis pas. Moi, je me suis toujours tenue à l'écart, j'ai toujours été en retrait, j'ai toujours eu peur des autres, je ne me suis jamais mêlée aux autres. Mais par un inconfort psychologique profond.

Thomas : Alors qu'on fond tu as une vraie gentillesse, un cœur en or, qui n'est pas forcément visible. Mais c'est la forme qui me fatigue. Maintenant ça fait longtemps que tout va bien, mais ça pouvait me fatiguer cette rigidité, comme ça, dans les rapports quotidiens.

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Françoise : J'ai été élevée par une femme seule qui ne voyait personne. Jamais personne. J'ai eu une enfance en vase clos, ça ne favorise pas l'ouverture ! Finalement, il n'y avait pas plus différents de ma mère que les parents de Jacques, et pas plus différent de moi que ton papa. On est quand même très, très différents. Donc, il a eu affaire à deux catégories de gens excessivement opposés ! (Elle rit.). Il me semble, non ? Parce que tes grands-parents étaient très doux, très gentils, assez permissifs quand même.

Thomas : Oui, alors que ta mère était très spéciale, vraiment très particulière. (Silence.). Adorable aussi, mais très solitaire.

Françoise : Solitaire et sauvage. C'était un dragon !

Thomas : Elle lançait des éclairs avec les yeux.

Françoise : Oui, oui, elle pouvait faire peur !

Thomas : En tous cas, elle vous a eues, toi et ta sœur, d'un type qui était marié par ailleurs, et elle n'a jamais vraiment été en ménage.

Françoise : Non, jamais, jamais.

samedi 25 août 2012

Françoise Hardy dans Big (premier extrait)

En 1965, le magazine Big (numéro 21) annonçait la venue prochaine de Françoise Hardy en Italie..

Françoise Hardy participera au festival de Sanremo. L'année dernière on annonçait la même chose. Cette fois, cependant, c'est certain à cent pour cent : ses représentants italiens s'engageraient par écrit sur du papier timbré. Et c'est pour ce motif que nous avons dédié à la belle française notre première page. Il est difficile de parler d'elle, quand d'elle on sait tout et quand, surtout, dans la vie privée de cette fille timide et ombrageuse il ne se passe rien, absolument rien de nouveau. Jean-Marie Périer est toujours là, à sa place, fidèle comme une gouvernante vénétienne. Les amis de Françoise sont toujours les mêmes, le petit chien aussi et ses cheveux sont toujours de la même couleur. Si elle s'était au moins écorchée au doigt ! Peine perdue ! Rien.

Tenterons-nous de parler de son visage de petit singe ? Déjà, je sens ses ongles se planter dans mon cou. Pourtant, quand elle avance sa mâchoire légèrement en avant, elle ressemble vraiment à un anthropoïde gracieux, avec son nez légèrement retroussé, ses fortes pommettes, le menton volontaire et les joues creuses. Puis ces cheveux longs et lisses encadrent son visage fermé et triste. Enfin, grande comme elle est, élancée et chic, pour un singe elle est vraiment une fille merveilleuse.

Qui sait ce qu'il adviendra à Sanremo. Talentueuse, elle l'est, belle elle l'est, populaire tout autant. Et si elle était éliminée dès la première soirée?


Françoise Hardy

Texte d'origine :
"Françoise Hardy verrà al festival di Sanremo. Anche l'altro anno si diceva la stessa cosa. Questa volta, pero, e sicuro al cento per cento : i suoi rappresentanti italiani lo scriverebbero sulla carta da bollo. E per questo motivo che abbiamo dedicato alla bella, angolosa francesina la nostra prima pagina. E' difficile parlare di lei, quando di lei si sa tutto e quando, soprattutto, nella vita privata di questa ragazza timida e scontrosa non accade nulla, assolutamente nulla di nuovo. Il Jean-Marie Perier è sempre li al suo posto, fedele come una governante veneta, gli amici di Françoise sono sempre gli stessi, il cagnolino anche ed i suoi capelli sono sempre dello stesso colore. Si fosse almeno scorticata un dito, macchè, niente.
Vogliamo provare a parlare del suo visetto da scimmietta ? Già mi sento le sue unghie conficcarsi nel moi collo. Eppure quando sporge leggermente la sua mascella in avanti, assomiglia veramente ad un grazioso antropoïde, con quel nasino leggermente camuso, gli zigomi forte, il mento volitivo e le guance incavate. Quel capelli lunghi e lisci, poi, incorniciano il suo volto ermetico e triste. Insomma, alta com'è, slanciata e chic, è veramente, scimmia a parte, una ragazza meravigliosa. Chissà che cosa combinerà a Sanremo. Brava è brava, bella è bella, popolare anche. E se venisse scartata alla prima serata ?"

mardi 21 août 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (4ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

MES COMPLEXES ont grandi avec moi. Quand j'ai commencé, à l'école, à dépasser toutes les autres d'une tête, à être toujours d'une année à l'autre, la plus jeune, la plus grande, la plus maigre et la plus moche, je me suis mise à devenir tellement gauche, tellement mal dans ma peau qu'il ne me restait qu'une solution : devenir aussi la première de la classe. La forte en thème, la besogneuse méprisée des cancres bien plus doués et bien habillés.

Françoise Hardy

ÊTRE AMOUREUSE, c'est être malheureuse : inquiète, jalouse, jamais tranquille ! Mais quand on ne l'est pas, c'est fou ce qu'on s'ennuie. Être heureuse, ce n'est pas un état, c'est une grâce qui vous est accordée cinq minutes par semaine... ou par mois. Ou jamais. Généralement la grâce de désirer très fort quelque chose qui va enfin se réaliser. Le bonheur c'est le cœur qui bat, la tête qui éclate, la gorge sèche. C'est fou ou ça n'est pas. Dès qu'on s'installe dans le ronron, on s'ennuie.

samedi 18 août 2012

Françoise Hardy interviewée par la RTS (1er extrait)

Le 17 juillet 1963, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission radiophonique Visiteur d'un soir de la RTS, la Radio Télévision Suisse.

Françoise Hardy tout d'abord bonsoir.
Bonsoir

Mais la question que j'aimerais vous poser si vous le permettez d'abord c'est une question que vos jeunes admirateurs et vos jeunes admiratrices m'ont posée cet après-midi. Alors ils m'ont d'abord demandé de vous présenter vous-même, de vous demander quel âge vous avez . Alors ça, si vous ne voulez pas répondre, vous ne répondrez pas (rires)
Pourquoi je ne répondrais pas? J'ai eu 19 ans au mois de janvier dernier.

 Interlude "Une fille comme tant d'autres" 

Et les garçons aimeraient savoir si vous aimez les voitures…
Oh bien sûr j'aime les voitures enfin c'est pas une passion mais j'aime ça. C'est très agréable et très pratique.

Françoise Hardy

Les filles aimeraient savoir si vous aimez porter des jupes twist…
Qu'est-ce qu'on appelle des jupes… des jupes "cloche" un peu ?
Oui
Je ne porte que ça.
Avec des petites bretelles ?
Non, sans bretelles.

Et votre coiffure. Est-ce que vous vous coiffez toujours ainsi ou est-ce qu'il vous arrive de vous faire soit un chignon soit…
Oui alors il m'est arrivé, mais uniquement pour des besoins de photo, de me faire faire des chignons énormes d'ailleurs avec des boucles postiche. C'est très amusant et ça me change tout à fait mais en fait je reste coiffée toujours comme ça.

 Interlude "On se plait" 

mardi 14 août 2012

Françoise Hardy interviewée par Gérard Miller (3ème extrait)

En 2010 paraissait Le divan et le confessionnal de Gérard Miller, un livre reprenant les entretiens marquants de l'auteur avec des personnalités pour le compte du magazine chrétien La vie. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Aujourd'hui, à chaque nouvel album, on vous couvre de lauriers. J'imagine que vous vous êtes depuis longtemps réconciliée avec vous-même.
Non, chanter m'est toujours aussi difficile. Je me dis sans cesse que je devrais être plus performante. J'admire Julien Clerc, qui a pris des cours de chant toute sa vie, j'aurais dû faire comme lui. Je n'aurais peut-être pas été capable pour autant de faire de la scène, mais j'aurais été moins handicapée par ma voix ou par le rythme.


Françoise Hardy - Gérard Miller

Qu'est-ce qui vous a fait défaut ? La détermination ?
C’est le moins que je puisse dire. Je n'ai jamais eu de vraie détermination. Encore aujourd'hui, lorsque j'ai envie de faire quelque chose avec quelqu’un, je n’ose pas le lui demander, j'ai trop peur de l'importuner. C'est comme ça, la plupart du temps, je suis dans une position masochiste, à plat ventre devant les gens que j'estime, et dès qu'il y a le moindre risque de les embarrasser, je pars en courant.

samedi 11 août 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (3ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Une analyse crue qui n'exclut pas les souvenirs, plus ou moins bons. Ceux des fêtes de famille, lorsque Françoise et sa sœur économisaient sur l'argent du pain au chocolat de quatre heures afin d'offrir un petit cadeau à maman lorsqu'arrivait son anniversaire. Celui du jour aussi où sa mère lui avait offert une robe en vichy - parce qu'elle adorait Brigitte Bardot et punaisait des photos d'elle dans sa chambre : "Maman avait voulu me faire plaisir avec cette robe. Hélas : une fois enfilée, ce fut une catastrophe ! "

Françoise Hardy avec sa soeur, son père, sa grand-mère

Souvenirs encore des baptêmes et des mariages de la "ribambelle de gosses" d'un ouvrier employé par sa mère. Depuis, jure-t-elle, elle a toutes ces fêtes-là en horreur ! Souvenirs aussi de scolarité chez les sœurs, période délicate pour une fillette solitaire : " J'étais tellement mal dans ma peau que je n'avais pas d'amie", se souvient la chanteuse. "Ma mère n'en avait d'ailleurs pas non plus. De plus, j'étais dans une école religieuse payante où la plupart des filles venaient d'un milieu aisé, alors que ma mère tirait le diable par la queue. C'était mon père, issu de la grande bourgeoisie, qui avait imposé cela, tout en payant mes études avec un retard considérable. Nous le voyions trois fois par an ; il me manifestait une grande affection et je l’idéalisais en conséquence, mais, arrivée à l'âge adulte, je me suis aperçue qu'il était au moins aussi névrosé que ma mère."