Françoise Hardy est comme un petit animal apprivoisé. Elle est là, elle écoute, mais elle se méfie tout de même. C'est une introvertie un rien sauvage, "une introvertie qui s'extériorise" comme elle dit. Avec elle, la conversation n'est pas seulement riche, elle atteint des sommets d'impudeur à l'évocation terrifiante de certains épisodes de son passé. Elle s'en est presque fait une spécialité : "J'aime parler. De moi, surtout. C'est le sujet que je connais le mieux et ça semble tellement faire plaisir aux autres ! " Le contraire serait étonnant.
Françoise Hardy se raconte comme elle écrirait un scénario de film. Son enfance privilégié avec une mère célibataire, aide-comptable à mi-temps, qui l'aimait plus que tendrement, terriblement, rageusement, est à elle seule un cas d'école. "Ma mère était un femme de devoir qui a tout focalisé sur ses enfants", confie Françoise. "Elle les chargeait inconsciemment de compenser ses frustrations sociales, affectives et sexuelles. Son éducation très autoritaire et stricte m'a structurée de façon assez rigide, mais la santé mentale de ma sœur n'y a pas survécu." Une mère étouffante, le contraire de sa grand-mère. "Ma grand-mère n'a pas cessé de souligner de façon rabaissante mes défauts physique et autres, tandis que ma mère me portait aux nues sur tous les plans. Quoi de plus écrasant qu'être prise en sandwich entre une sous-valorisation et une survalorisation auxquelles on se sent totalement étrangère ?"
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