samedi 28 avril 2012

Françoise Hardy et Alain Chamfort dans le Figaro Magazine (fin)

En décembre 2005, Françoise Hardy et Alain Chamfort étaient réunis pour une interview commune dans les colonnes du Figaro Magazine.

Le Figaro Magazine : "Françoise Hardy, dans le DVD qui sort sur vous, on vous voit interviewée à vos débuts par un journaliste qui vous demande : "Pourquoi chantez-vous de manière statique ?" N'est-ce pas une de vos caractéristiques à tous les deux ? On ne peut pas dire que vous soyez exubérants sur scène..."

Françoise Hardy : "L'introverti est statique. J'exprime ce que je suis et c'est vrai, je suis un peu mal à l'aise avec moi-même."

Alain Chamfort : "J'ai aussi ce problème. A l'époque où j'accompagnais Claude François, j'essayais de l'imiter. Un jour, je me suis vu à la télévision : j'étais terriblement empoté. Avec le temps, je me suis accepté. J'ai renoncé à vouloir bouger comme James Brown !"

Françoise Hardy - Alain Chamfort

Le Figaro Magazine : "Parmi la jeune génération de chanteurs français, quels sont ceux qui trouvent grâce à vos yeux ?"

Françoise Hardy : "A l'exception de Camlle, Benjamin Biolay, Keren Ann et quelques autres, je trouve la chanson française d'aujourd'hui franchouillarde, autrement dit, par intéressante musicalement."

Alain Chamfort : "Musicalement, c'est assez pauvre, tu as raison."

mardi 24 avril 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (6ème partie)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Thomas : On te charriait beaucoup. C'est vrai que tu étais quand même pas mal bouc émissaire dans la maison, mine de rien. Moi, je criais : "J'ai faim !" - ou : "I am hungry !"

Françoise : J'étais dans la cuisine et, du premier étage, j'entendais : "Maman, hungry !" (Elle éclate de rire.).

Thomas : J'étais un peu dictateur. Elle m'apportait des plateaux-repas ou des quatre-heures.

Françoise : Le matin, pour son petit-déjeuner, il mangeait des carottes crues. Le matin ! Ce n'est pas moi qui voulais ça, c'était lui. Un lapin !

Thomas : Je me rappelle une année où, tout à coup, un matin, tu m'avais fait des petites bouchées de pain au fromage. J'aimais bien le pont-l’évêque. Tu m'enlevais aussi la peau des raisins.

Françoise : Ah oui, le pire, c'est ça ! Il fallait lui enlever tous les pépins des pastèques ; il fallait aussi lui enlever la peau des raisins. Tout petit déjà, j'ai eu très à cœur de le nourrir correctement. j'ai toujours eu des connaissances en diététique, enfin... plus ou moins valables. Comme je voyais que ses grands-parents mangeaient beaucoup de charcuterie, je leur interdisais de lui donner des rillettes. Naturellement, ses grands-parents le bourraient de rillettes dès qu'il était avec eux !

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Thomas : Ce n'est pas qu'elle interdisait de me donner des rillettes. C'est qu'ils me donnaient des rillettes. C'est qu'ils me donnaient des rillettes, et moi je disais : "Mmmm, c'est bon." On faisait les courses ensemble et ils me disaient : "Non, il ne faut pas de rillettes." Et moi : " Si, allez ! ". Maman est mère poule, elle n'arrête pas de me couvrir de conseils en diététique et en hygiène de vie. Elle m'envoie des mails, des trucs qui sont sympathiques. Je ne les lis pas forcément, mais ça fait plaisir quand même. Le problème, c'est que "trop d'infos tuent l'info". Tu lis tellement de trucs que maintenant la manière de te nourrir est complètement abstraite.

Françoise : Oh, ça n'est pas mal quand même ! Tu as mal mangé à midi ?

Thomas : Non, mais je veux dire que ta nourriture est très étrange.

Françoise : Là, on a mangé la même chose.

Thomas : Mais le matin, tu manges des farines.

Françoise : Ah, mais non ! Le matin, je mange des flocons d'épeautre !

samedi 21 avril 2012

Françoise Hardy par François Jouffa (3ème partie)

En 1994, François Jouffa publiait le livre Vinyl Fraise dans lequel il passait en revue les années 60. Découvrons sa présentation de Françoise Hardy

Françoise Hardy, avec son corps long, long comme le jour le plus long, et sa chevelure d'Ophélie, intéresse tout de même Jacques Wolfsohn, directeur artistique des disques Vogue, qui avait déjà signé un contrat avec Johnny Hallyday :
"Françoise m'a été présentée par un preneur de son de Vogue qui l'avait vue au Moka Club. Elle m'a chanté des rocks endiablés qu’elle avait composés. Je lui ai proposé l'adaptation du rock américain intitulée Oh Chérie. Elle m'a fait écouter Tous les garçons et les filles, qu'on a également enregistré. Je croyais plus à la chanson américaine. En plus, Tous les garçons et les filles durait trois minutes et demie. Un grand spécialiste de la langue française m'a dit que c'était bourré de pléonasmes, bien que gentil et naïf. Françoise a dû vendre trois ou quatre millions de Tous les garçons et les filles, si l'on cumule les ventes en France, en Italie, en Grande Bretagne, en Allemagne, etc."

Françoise Hardy - Jacques Wolfsohn

Toutes les filles de son âge vont essayer de ressembler à Françoise Hardy. Sa voix tendre, son ton nostalgique qui emprunte au murmure, vont faire de Françoise un mythe qui va se développer malgré elle :
"Quand Wolfsohn m'a dit qu'il m'enregistrait, ce fut une de mes plus grandes joies. J'étais angoissée, car j'avais peur qu'il change d'avis, et ne signe pas mon contrat. Aujourd'hui, c'est pareil ; des jeunes seraient prêts à signer n'importe quoi, ce que j'ai fait d'ailleurs, pour enregistrer un disque. Pour moi, c'était le miracle, le paradis. Tous les garçons et les filles commençait à se vendre lorsque j'ai vu le chef de la programmation d'Europe n°1 qui m'a dit que j'allais en vendre encore plus que Deux enfants au soleil. Je n'en revenais pas. J'ai tout de suite été emportée dans un tourbillon qui n'était pas toujours rose, car tout est arrivé au même moment."

mardi 17 avril 2012

Françoise Hardy par Jean-Eric Perrin (4ème partie)

En 1988, Jean-Eric Perrin rencontrait Françoise Hardy à l'occasion de la sortie de l'album Décalages. Sa chronique est parue légèrement remaniée à l'intérieur du livre "J'ai encore esquinté mon vernis en jouant un ré sur ma Gibson" en mai 2009.

En ce jour de printemps 1988, Françoise Hardy est une femme remontée.

"Il y a très peu de gens qui peuvent se permettre de faire des disques sans promotion. Renaud peut le faire, parce qu'il vend un million de disques. Moi je dois en vendre cinquante, alors si je veux en vendre cent de plus, je suis bien obligée, par ma maison de disques, de faire un petit peu de promo et de télé. Mais comme je ne sais pas faire avec tout ça, je trouve que je me nuis à moi-même. J'ai hâte d'en finir avec tout ça. Cet album, c'est le dernier à cause de ça, justement. De la télé, et des photos parce que les photos, j'aime presque aussi peu ça. Il est temps que j'arrête, je ne suis plus présentable. J'ai dit plein de fois que je voulais arrêter, mais là, c'est vraiment fini. Déjà, quand on fait un disque, on ne sait jamais si on pourra en faire un autre après. Moi on me connaît un peu mais je ne suis pas une locomotive, je n'ai jamais vendu beaucoup, sauf au tout début. Mais dans les années 70, où justement j'ai commencé à faire des choses plus intéressantes, que je réécoute aujourd'hui avec une certaine satisfaction, je n'ai plus vendu. Ça arrive à pas mal de gens."

Françoise Hardy

Cette décision très ancrée, finalement, repose sur un sentiment de peur. Un insécurité flagrante que cette femme pourtant imperméable au temps et aux caprices du temps a toujours entretenue comme pour magnifier son déséquilibre charmant.

"Si on me propose de faire un disque avec toutes les garanties sur le plan musical, toutes les précautions (parce que là, on a eu vraiment beaucoup de problèmes), et si j'ai la garantie de ne faire aucune promo, à part peut-être une ou deux interviews, mais pas de télé, pas de radio, pas de photos, alors peut-être... Moi, c’est tout ça qui m'ennuie, pas de faire des chansons. Me retrouver derrière un micro, c'est un petit peu embêtant maintenant. J'avoue que c'est devenu une corvée que de chanter, d’enregistrer... Plus la technique fait des progrès, plus c'est difficile : avant je le faisais en direct avec des musiciens : en trois prises, c'était bouclé. Aujourd'hui, il faut six heures pour faire une voix, c'est épouvantable."

samedi 14 avril 2012

Françoise Hardy parle cinéma pour Première (3ème partie)

Pour le numéro de Septembre 1990, le magazine Première donnait la parole à Françoise Hardy pour qu'elle donne son avis sur quelques films d'hier et d'aujourd'hui.

Blue Velvet de David Lynch (1987)
Le première fois que je l'ai vu, j'ai trouvé ça bien, mais pas aussi extraordinaire qu'on avait bien voulu me le dire. Et puis je l'ai revu, et là je me suis dit "c'est un vrai chef-d’œuvre". La première fois, on est plus préoccupé par l'histoire, or il y a des faiblesses, dans cette histoire. La deuxième, on fait attention au reste : le jeu des acteurs, la manière dont c'est fait... Et j'ai été emballée à cent pour cent. En plus, j'ai eu l'impression que la rencontre entre Isabella Rossellini et Kyle MacLachlan cristallise les fantasmes de la plupart des garçons. [Elle rit.] Je ne suis pas un garçon, mais j'ai ressenti ça profondément. C'est très troublant....

Isabella Rossellini - Kyle MacLachlan - Les Beatles

Quatre garçons dans le vent de Richard Lester (1964)
Je n'ai pas vu tous ses films, mais à cette époque, je le considérais comme faisant partie des réalisateurs intéressants. Lui avait cette inventivité sur le plan de la forme. Encore plus dans l'autre film qu'il a tourné avec les Beatles : "Help". Ce sont des films-documents à tous les niveaux.

mardi 10 avril 2012

Françoise Hardy et Alain Chamfort dans le Figaro Magazine (3è extrait)

En décembre 2005, Françoise Hardy et Alain Chamfort étaient réunis pour une interview commune dans les colonnes du Figaro Magazine.

Le Figaro Magazine : "L'un et l'autre, vous avez réussi à imprimer votre style musical mais aussi un style tout court, que l'on retrouve notamment dans votre habillement. Avez-vous travaillé votre apparence ?"

Françoise Hardy : "Quand j'étais petite, je rêvais de porter des robes en vichy rose comme Brigitte Bardot, sans réaliser que ça ne m'allait pas du tout. J'ai eu la chance d'arriver à une époque où les couturiers privilégiaient la silhouette androgyne."

Alain Chamfort : "Pour un homme, c'est peut-être plus facile de trouver son style définitif. Jacques et Serge (Dutronc et Gainsbourg, NDLR) l'ont trouvé. Moi, pas tout à fait, bien que l'on m'ait parfois qualifié de dandy, ce qui était une facilité journalistique. On s'en tenait à mon apparence uniquement. Alors que le vrai dandysme est plus une forme de rébellion. Ce dandysme-là, qui consiste à ne pas se laisser formater par la société, m'intéresse davantage."

Brigitte Bardot - Françoise Hardy - Alain Chamfort

Françoise Hardy : "Les vêtements des boutiques sont souvent tellement laids que je me dis que j'aurais pu être styliste. Je dois slalomer entre les limitations dues au manque de choix et celles dues à ma morphologie. Je suis rarement habillée ou coiffée comme j'aimerais l'être."

Alain Chamfort : "Ça t'allait bien de porter du Courrèges. Pour ma part, j'aime bien ce que font Hedi Slimane et Martin Margiela."