Le 5 février 2005, paraissait une interview de Françoise Hardy accordée au journal
The Independent.
Hardy signe chez Vogue à 17 ans. Le compositeur Francis Poulenc est parmi ceux qui lui offrent des chansons
[Jérôme : Je me demande si on peut vraiment porter crédit à cette information...],
mais, comme beaucoup de ses œuvres ultérieures, le premier 45 tours de
Hardy est de sa propre composition. Au final, "Tous les garçons et les
filles" se vendra à plus de deux millions d'exemplaires, triomphant au
Royaume-Uni et dans le reste de l'Europe. La presse française remarquera
que Hardy a vendu plus de disques en 18 mois qu'Edith Piaf en 18 ans.
Par un heureux hasard, son ascension coïncide avec l'émergence d'un
genre spécifiquement gaulois de la musique pop connu sous le nom de
Yé-Yé. Mais, alors que d'autres filles Yé-Yé comme Sylvie Vartan et
Brigitte Bardot traitent largement le genre dans la frivolité, la
musique de Hardy a une profondeur aux qualités souvent mélancoliques qui
la place à part. "Une Ophélie sans folie", écrit un critique, captant
ainsi quelques aspects de la saveur de son travail de ses jeunes années.
Mais Hardy, contrairement à l'Ophélie de Shakespeare, n'est pas une
victime.
Elle dit avoir été une adolescente "incroyablement naïve". La naïveté ne
doit pas être confondue avec la bêtise, cependant, et la Françoise de
18 ans avait déjà entamé des études de sciences politiques, puis de
littérature à la Sorbonne.
"J'ai toujours été plus intéressée à nourrir mon esprit qu'à me soucier de mon apparence",
explique t-elle. En lisant entre les lignes, on imagine que Hardy était
une de ces ingénues, qui, au début du moins, n'était pas consciente de
la puissance dévastatrice de sa beauté. Sans surprise, cela la rendit
d'autant plus séduisante au célèbre photographe Jean-Michelle (sic)
Périer.
[Jérôme : Il s'agit bien sûr de Jean-Marie Périer...]
En collaboration avec des stylistes comme Courrèges ou le déjà mentionné
Paco Rabanne, Périer, sorte de Pygmalion, se voit accorder le crédit de
la transformation de Hardy en une fille objet sophistiquée que tant de
stars du rock britannique trouvaient irrésistible. Le couple s'est
rencontré lors d'un shooting pour le magazine
Salut les Copains où Périer photographiait Hardy, et ils sont rapidement tombés amoureux.
Peu après, elle devient la première chanteuse de sa génération à faire la couverture de
Paris Match, et, en 1965, elle chante à Londres à l'Hôtel Savoy pour soutenir son album
Ce petit coeur.
Avec célébrité, et à la grande joie des spectateurs du Savoy qui
comprennent les Rolling Stones, elle porte une robe de métal, conçue par
Rabanne qui, malgré sa brièveté, pèse 16 kilos.
[Jérôme
: Le journaliste confond la combinaison de scène de 16 kilos avec le
maillot de bain en rhodoïd ultra léger du même Paco Rabanne...] Est-ce que, par hasard, elle l'aurait toujours ?
"Non, je l'ai finalement jetée il y a quelques années", dit-elle, sans la moindre trace de nostalgie.
"On ne peut pas tout garder."
Texte original :
"Hardy signed to Vogue Records at 17. The composer
Francis Poulenc was among those who offered her songs but, like much of
her later work, Hardy's debut single was her own composition. "Tous les
garçons et les filles" eventually sold more than two million copies,
charting in the UK and the rest of Europe. The French press noted that
Hardy had sold more records in 18 months than Edith Piaf did in 18
years. Fortuitously, her rise coincided with the emergence of a uniquely
Gallic genre of pop music known as Yé-Yé. But while other Yé-Yé girls
such as Sylvie Vartan and Brigitte Bardot largely dealt in frivolity,
Hardy's music had a thoughtful, often melancholic quality that set her
apart. "Ophelia without the delirium," wrote one critic, capturing
something of her early work's flavour. But Hardy, unlike Shakespeare's
Ophelia, was no victim. She says that she was an "incredibly naïve"
teenager. Naivety is not to be confused with stupidity, however, and the
18-year-old Françoise had already studied political science, then
literature at the Sorbonne. "I was always more interested in nourishing
my mind than worrying about how I looked," she explains. Reading between
the lines, one imagines Hardy was one of those ingénues, who, initially
at least, was unaware of the devastating power of her beauty.
Unsurprisingly, this made her all the more alluring to the renowned
photographer Jean-Michelle Perier. Together with designers such as
Courrèges and the aforementioned Paco Rabanne, Perier, something of a
Pygmalion figure, is credited with transforming Hardy into the
sophisticated it-girl so many British rock stars found irresistible. The
pair met while Perier was photographing Hardy for Salut les Copains
magazine, and quickly became lovers. Soon, she was the first singer of
her generation to grace the cover of Paris Match, and by 1965, she was
singing at London's Savoy Hotel in support of her album Ce Petit Coeur.
Famously, and to the delight of a Savoy crowd that included The Rolling
Stones, she wore a metal, Rabanne-designed dress that, despite its
brevity, weighed 16 kilos. Does she by any chance still have it ? "No, I
finally threw it out a few years ago," she says, without a trace of
nostalgia. "You can't keep everything.""