FRANÇOISE HARDY
On
a dit récemment qu'en France son étoile - sans se ternir pour autant -
ne brillait plus de feux nouveaux. On lui a reproché de s'exiler à
Londres pour enregistrer ses dernières chansons et de préférer l'Europe à
Paris. Qu'en est-il ? Françoise fait le point.
- Vous revenez de Londres, Françoise Hardy. Le but de votre voyage ? Des chansons, bien sûr ?
-
Oui, je viens d'enregistrer aux studios Pye un 33 tours en langue
française, avec onze titres nouveaux. Si j'ai choisi Londres plutôt que
Paris, c'est que je n'ai plus, en France, d'arrangeur attitré. Avant, je
travaillais exclusivement avec Marcel Hendrix ; à présent, son travail
ne me satisfait plus. Alors j'ai pris un compositeur anglais de
vingt-quatre ans, Charles Blackwell, qui a écrit "Tchin-Tchin" pour
Richard Anthony et, pour moi "Je veux qu'il revienne", dont j'ai signé
les paroles. Tous les textes des chansons sont de moi, sauf celui de
"Mon amie la rose", qui est de Cécile Caulier.
- Est-ce un tournant dans votre carrière ?
-
J'ai horreur de parler de mes chansons nouvelles. Ce n'est pas à moi de
les juger, mais au public. Comment un artiste peut-il affirmer, à
l'avance, qu'il a évolué ? En règle générale, mes dernières chansons
sont toujours mes préférées. Parmi celles-ci j'ai un faible pour "Dans
le monde entier", un slow qui coule doucement, et que je considère
musicalement comme ma meilleure. Je l'ai écrite à Bruxelles, au mois
d'avril, en m'aidant de ma guitare, dans ma salle de bains de l'hôtel
Amigo, où je descends chaque fois que je viens à Bruxelles.
- Dans l'ensemble, les onze titres de ce recueil satisfont votre conscience professionnelle !
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Je les ai enregistrés en trois jours, à toute allure, comme d'habitude.
Comme d’habitude, je me suis juré que je travaillais pour la dernière
fois dans un tel climat d'urgence et de folie. Comme habitude, le disque
terminé, j'ai éprouvé un sentiment de joie profonde. Voir une chanson
naître et se concrétiser - note par note, mesure par mesure - c'est ce
qu'il y a de plus exaltant pour moi.