Eric Chemouny : "Votre voix est particulièrement mise en valeur sur "Les fous de Bassan" : vous êtes-vous inspirée d'un fait divers particulier ?"
Françoise Hardy : "Non, mais récemment, on a appris que plusieurs jeunes filles s'étaient fait harponner par le premier venu et ont disparu. On a ensuite retrouvé leur corps en triste état. Ce sont des nouvelles tellement bouleversantes... Une manifestation avait été organisée par des proches d'une de ces victimes, avec un lâcher de ballons noirs, auquel je devais participer et puis le timing a été changé à la dernière minute et je n'ai pas pu le faire. Le fait que des gens en deuil aient pensé à moi pour marrainer une telle opération, m'a peut-être influencée dans l'écriture de ce texte (Ndlr : il s'agit sans doute du lâcher de 2000 ballons noirs, le 17 mai 2011 face à la Tour Eiffel, faisant suite à la pétition contre la récidive lancée, après le meurtre de Lætitia, pétition signée par Françoise et Roland Giraud)."
Eric Chemouny : "J'imagine que vous avez rencontré son compositeur Pascal Colomb par le biais de Thierry Stremler ?"
Françoise Hardy : "Oui, même si je le connaissais un peu, pour l'avoir croisé au studio Plus Trente, comme ingénieur du son."
Eric Chemouny : "Vous dites avoir hésité avant de retenir "Piano Bar" d'Alain Lanty, pourquoi ?".
Françoise Hardy : "Je ne sais pas. En mon for intérieur, j'attendais quelque chose de plus original. Après avoir enregistré la chanson, je l'ai trouvée finalement très agréable à écouter. C'était la première fois que je travaillais avec Alain et je l'ai trouvé charmant"
Eric Chemouny : "Avez-vous reçu des titres d'autres artistes, comme Biolay par exemple, que vous n'auriez pas retenus..."
Françoise Hardy : "La dernière fois que j'ai reçu des titres de lui, pour le précédent album, c'était vraiment n'importe quoi. Il s'agissait sans doute de chansons qu'il avait proposées à d'autres qui n'en avaient pas voulu. Je me souviens notamment d'un titre mettant en scène une femme enceinte. Je l'avais eu au téléphone et lui ai dit : "franchement, tu peux faire mieux !". Entre nous, je préfère ce qu'il faisait avant que ça marche vraiment pour lui. Il composait de bien meilleures mélodies. Sur chaque album, il y avait au moins deux ou trois perles... L’album "Home", avec Chiara Mastroianni, était formidable, comme aussi "Des lendemains qui chantent", la chanson que j'ai reprise pour "Parenthèses", mon album de duos, ou la magnifique "Nuage noir" (Ndlr : extrait de la BOF "Clara et moi"). On ne peut pas lui enlever qu'il écrit toujours aussi bien, que la production de ses disques est impeccable, mais ses mélodies me touchent moins."