Jérôme Colin : C’est marrant en parlant de Jacques Dutronc. Vous dites mon futur veuf. Vous comptez mourir avant ?
Françoise
Hardy : (rire)… Mais non. J’espère que non ! Récemment mon notaire me
disait si votre époux n’avait pas la galanterie de mourir avant vous.
Voilà ce qui se passerait. (rire)
Mais bon, je préfère l’appeler comme ça parce que j’ai horreur du mot « mari », « époux », tout ça, j’aime pas ces mots-là !
Jérôme Colin : C’est vrai ! Pourquoi ?
Françoise Hardy : Je sais pas. J’aime pas ça. « Mon ceci ». « Mon »… « mon »…
Jérôme Colin : Ça fait possessif ?
Françoise Hardy : Oui. Ça fait possessif.
Jérôme Colin : Vous n’êtes pas une femme possessive ?
Françoise
Hardy : Même quand je l’étais, je n’avais pas besoin de souligner ce
vilain trait de caractère en disant « mon fiancé, mon amoureux ». Cela
dit, je dis : « mon » futur veuf…
Jérôme Colin : Mais oui !
Françoise Hardy : Mais oui, ça donne…
Jérôme Colin : C’est déjà plus péjoratif !
Françoise Hardy : Ça donne une déjà une idée de lâcher prise quand même !
Jérôme Colin : Tout à fait. Ça, ça été le cours d’une vie, le lâcher prise ?
Françoise
Hardy : Il me semble que c’est le cours de tout un chacun de... On est
obligé de lâcher prise petit à petit. C’est ce qu’on ne sait pas. Je dis
toujours : quand on est jeune, on espère évidemment vivre le plus
longtemps possible et on ne se rend pas compte qu’à partir du moment où
on atteint un certain âge, tout devient difficile et éprouvant vraiment.
Vraiment ! Vieillir, c’est quand même la machine corporelle, le
véhicule corporel qui se déglingue et c’est vraiment pénible.
Jérôme Colin : Ça vous fatigue ça ?
Françoise
Hardy : C’est pénible, c’est pénible. Il y a plein de choses. On
parlait de lâcher prise. Il y a plein de choses que vous ne pouvez plus
faire ou moins parce que le corps fonctionne pas bien, parce que si vous
sortez trop, vous êtes épuisés. Des petites choses comme ça.
Jérôme Colin : Vous préféreriez vos 20 ans ?
Françoise
Hardy : Ben oui et non, parce que je suis quand même un peu plus
sereine, un peu moins tourmentée, je dirais. Voilà, c’est mieux comme
formulation. Un peu moins tourmentée que quand j’étais… où je pleurais
tout le temps !
Jérôme Colin : C’est vrai ?
Françoise Hardy : Oui, je pleurais tout le temps
Jérôme Colin : Ado ou déjà femme ?
Françoise
Hardy : A partir de l’âge de 18 ans. A partir de l’âge de 18 ans, je
pleurais tout le temps. Je pleurais très souvent pendant des années.
Jérôme Colin : Pourquoi ?
Françoise
Hardy : Ben, parce que j’avais une vie qui m’amenait en permanence de
me séparer de la personne avec qui j’avais envie d’être. J’avais une
maturité affective qui faisait que l’autre était tout pour moi et que je
ne pouvais pas supporter de le quitter.
Jérôme Colin : C’est quand vous avez commencé à chanter
Françoise Hardy : Oui. Ben Oui
Jérôme Colin : Et c’était Jean-Marie Périer…
Françoise Hardy : Oui, oui.
Jérôme Colin : Eh oui, et la séparation, cela vous faisait mal. Vous ne vous êtes jamais faite à ça ?
Françoise
Hardy : Parce que j’avais quelque chose et je me disais bon : est-ce
que je vais le revoir et quand je le reverrai, est-ce qu’il m’aimera
encore ? J’avais toujours ces interrogations-là. Pour moi, rien n’a
jamais été acquis. Rien ! Rien, ni personne bien sûre. Donc j’ai
toujours vécu à cran.
Jérôme Colin : C’est angoissant, non ?
Françoise
Hardy : Ben, en même temps, c’est réaliste. J’ai tellement vu de
femmes… Je pense à une en particulier que je connaissais à une époque
qui est totalement tombée des nues quand son mari l’a quittée alors que
c’était évident de l’extérieur qu’il allait la quitter tellement elle
était casse-pied.
Jérôme Colin : Mais les gens sur deux, ils sont casse-pieds. Il n’y a que les gens qui doutent...
Françoise
Hardy : De toute façon, vous avez des gens qui sont adorables,
parfaits, etc. et qui sont quittés pour des gens qui le sont beaucoup
moins adorables qu’eux. Ça existe aussi. Ça ne veut rien dire, le fait
d’être casse-pieds. J’ai fait une mauvaise connexion, là, pardon…
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