Françoise Hardy : Avez vous déjà eu des raisons de penser que le ciel sous lequel on naît est susceptible de conditionner en partie notre personnalité et par là même notre destin, dans la mesure où il nous arrive en partie ce que nous sommes ?
Michel Houellebecq : Dans le principe, je ne crois pas à l'astrologie, je reste fidèle au raisonnement scientifique, etc... mais je trouve que je ressemble davantage au portrait des Poissons qu'à celui des onze autres, ce qui m'arrange bien, car c'est un Signe assez sympa.
Françoise Hardy : En quoi par exemple ?
Michel Houellebecq : La compassion... Ce n'est pas un Signe dur... En fait, que je croie ou non à l'astrologie, je trouve la description du caractère des douze Signes vraiment parlante, elle évoque des types psychologiques qui existent réellement. Même si ce n'était que ça, ce serait déjà une magnifique tentative de caractérologie. Personnellement, il m'arrive en voyant certaines personnes, de penser qu'un tel correspond au Bélier, tel autre au Cancer... Je sens assez bien ce que cela recoupe...
Françoise Hardy : La partie la plus importante de votre ciel (votre Signe solaire les Poissons, vos dominantes planétaires Saturne et Pluton) vous prédisposait à la base à être déconnecté du monde extérieur, à vous y sentir plus ou moins étranger, d'autant plus que la dissonance Lune Pluton sensibilise à l'excès et dès la prime enfance à la moindre attitude apparemment ou effectivement excluante, rejetante, de l'environnement immédiat... Un contexte familial relativement équilibré, suffisamment aimant atténue cette sensibilisation, sinon il l'amplifie. À la faveur de cet éclairage astrologique, on est tenté de supposer que la mère dénaturée que vous dépeignez dans Les particules élémentaires a quelques points communs avec la vôtre. Vous est-il possible d'en parler ?
Michel Houellebecq : Je suis effectivement très sensible aux attitudes excluantes. Dès que je sens des signes d'appartenance à une bande, une tribu, un milieu, des codes, dès qu'un groupe se constitue, je suis automatiquement en dehors... Je suis mal avec les riches, mal avec les pauvres, mal avec les branchés, mal avec les BCBG traditionalistes, mal avec les bandes de jeunes ou les milieux professionnels... A la sortie de mon premier livre pourtant, je me suis rendu compte que j'étais écrivain parce que je "collais" au milieu éditorial où je me sentais crédible... C'était une appartenance facile que je n'avais jamais ressentie avant, sauf dans les hôpitaux psychiatriques : je me sens bien avec les fous alors que j'ai rejeté ou me suis senti rejeté par tous les milieux ordinaires avec la plus grande violence. C'est très net et très constant dans ma vie : dès que je sens qu'un point de vue consensuel commence à se manifester, j'ai un vif désir d'apporter le trouble dans cet ensemble et j'y parviens en général.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire