A.S. - Mais je crois qu'en règle générale, les jeunes auteurs de chansons, cette nouvelle école, emploient une langue plus pure.
F.H.
- Enfin moi, je ne prétends pas apporter un message ou des trucs comme
ça, mais simplement, quand je fais une chanson, je traduis soit un état
d'âme, ou je raconte une histoire. J'essaie vraiment de ne pas
dramatiser, de raconter comme ça, simplement parce que c'est sans
importance dans l'absolu.
A.S. - De notre temps, les artistes ne
démarraient pas aussi rapidement qu'à présent. Cela est dû tout de même à
des phénomènes nouveaux : la grande diffusion de la radio, de la télé
et du disque, qui n'existaient pas alors. Or, autrefois, les gens qui
faisaient carrière dans la chanson devaient d'abord s'affirmer sur les
planches du café concert, longuement, avec des paliers très lents. La
lutte était pour eux, vraiment, je crois, très difficile. Auriez-vous
lutté comme ça, Françoise Hardy ? F.H. - Je ne sais pas, vraiment, je ne peux pas savoir.
A.S. - Si ça n'avait pas marché très vite, comme ça, pour vous, auriez-vous continué ? F.H.
- Je crois que j'aurais continué... Mais c'est facile à dire,
maintenant que ça a marché. Moi, ça a été tout seul et ça me fait très
peur parce que je suis d'abord une inquiète. Tout est un peu une
question de mode et en ce moment, justement, tout va tellement vite. Il y
a des plus en plus de nouveaux chanteurs, de nouvelle chanteuses et
plus ça ira...
A.S. - Mais compte tenu du fait que vous avez une
forme qui s’approche de la forme classique, vous êtes plus apte à un
renouvellement que ceux dont je parlais tout à l'heure et qui ne
travaillent que dans le "oua-oua " et le " dou-dou " et vraiment là, le
jour où ça s'écroule... pour eux c'est rôti, ils peuvent aller se
rhabiller, à la chaine chez Renault, et c'est terminé, fini. | |
F.H.
- Oui, mais j'ai beaucoup de mal à me renouveler en ce moment, alors ça
m'inquiète. J'ai la hantise de ne pas pouvoir me renouveler, de ne plus
avoir d'idée, parce que tout a été dit, en fait.
A.S. - Mais il ne faut pas que vous ayez peur ! Tout de même, vous n'avez que dix-huit ans.
F.H. - Oui...
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