En mai 2000, Yann Plougastel s'entretenait avec Françoise Hardy dans Epok à l'occasion de la sortie de son album Clair-obscur.
Yann Plougastel : "Qui est le mystérieux OL, avec qui vous interprétez Celui que tu veux ?"
Françoise Hardy : "C'est le nom d'artiste d'Olivier Ngog, un métis d'origine camerounaise. Il a 35 ans, est divorcé avec un enfant et gagne sa vie comme livreur. Il a une personnalité extrêmement réservée et le charisme d'un prince. Lorsque j'ai entendu sa chanson, j'ai aussitôt été séduite, sauf que la voix d'Olivier contribuant à la magie de l'ensemble, j'en suis venue à me dire qu'un duo permettrait à la fois de garder la grâce et de faire exister la chanson, plutôt que de la chanter seule."
Yann Plougastel : "Dans Duck's blues, vous sortez quelque peu de vos gonds pour aborder un thème qui semble vous tenir à cœur : l'intolérance..."
Françoise Hardy : "J'éprouvais le besoin d'exprimer dans une chanson ma vision de l'intolérance. Mais je devais être ambiguë pour ne pas tomber dans le dogmatisme donneur de leçons ou la chanson engagée. D'où un certain hermétisme : je fais comme si je m'adresse à un partenaire amoureux. C'était la seule façon de balancer deux ou trois phrases contre les détenteurs de vérité qui écrasent de leur mépris les autres et vont jusqu'à les condamner sur la base d'informations fausses ou interprétées. J'ai beaucoup de mal à me situer politiquement, mais qu'on soit d'un bord ou d'un autre, je n'aime pas du tout l'attitude qui consiste à détruire quelqu'un parce qu'il ne pense pas comme vous. J'ai traîné quelques casseroles de ce genre, qui m'ont blessée et heurtée. Le "duck", ce vilain petit canard auquel je m'identifie, cherche la voie du juste milieu et ne la trouve pas. Maintenant, je suis inquiète de ce que je raconte et de ce que mes propos vont devenir. "
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