samedi 28 mai 2011

Françoise Hardy et William Klein dans Match (2ème extrait)

Le 5 avril 2001, pour le magazine Paris Match, Françoise Hardy retrouvait le photographe William Klein.

Match : "Les années pop, c'était aussi cette naïveté."
William Klein : "Intituler cette expo "Les années pop", c'est faire la part belle aux Américains. Si on l'avait intitulée "Le pop art", on aurait vu qu'avant eux Léger, Braque, Schwitters, Picasso ont collé des boîtes d'allumettes dans les tableaux... Les Américains ont juste apporté le marketing et la démesure... Moi qui trouvais qu'en chansons les Français étaient de minables copieurs des Américains, eh bien, en art, les Américains n'ont fait que copier ce qui se faisait en Europe."


Match : "Pourtant vos deux films "Qui êtes-vous Polly Maggoo?" et "Broadway by Light" ont façonné le pop art."
William Klein : "Sans doute. Mais mon pop à moi ne date pas des années 60. Pendant la guerre, j'avais 12-13 ans. Je suis tombé sur la revue des dadaïstes et des surréalistes réfugiés à New York ;  la couverture était... un bâton de chewing-gum Wrigley's. C'était leur vision de l'Amérique, déjà une vision pop. Pour moi, les années 60, après la guerre d'Algérie, et en pleine guerre du Vietnam, c'était la politique. Le pop, c'était du marketing américain. Pendant que je tournais mon film sur les Black Panthers, Andy Warhol me disait : "Pourquoi tu te fatigues avec ces emmerdeurs ?" Moi ce qui m’intéressait, c'était Mai 68, Cohn-Bendit et les autres... Alors si aujourd'hui on trouve que je faisais du pop, à l'époque, je n'en avais pas conscience. Et Françoise ne savait pas qu'elle était une héroïne pop !"


Françoise Hardy :  " Et les malheureux yé-yé avaient les yeux tournés vers l'Amérique et l'Angleterre où on faisait du rock, pas de la pop music !"
William Klein : "C'est pourquoi je trouve cette expo un peu faux derche. Sous couvert d'art, on y fourre n'importe quoi !"

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