Match : "Pourtant le parti pris est clair : ce sont les années 1965-1968, où la jeunesse a pris le pouvoir dans tous les domaines de la création…"
Françoise Hardy : "… où, comme l'a dit Gainsbourg, "les arts mineurs enculent les arts majeurs" ! Ce fut aussi l'apparition du mauvais goût dans l'art. N'empêche, les vêtements de Paco Rabanne, par exemple, sont d'une immuable justesse graphique."
Match : "Comment avez-vous vécu 1968 ?"
Françoise Hardy : "Je n'ai jamais eu de conscience politique, donc Mai 68, m'est complètement passé par-dessus ! Je venais de rencontrer Jacques Dutronc. Nous sommes partis en Corse, et ça reste un de nos plus beaux souvenirs ! A notre retour de Corse, j'ai été bien plus affectée par l'assassinat de Bob Kennedy que par Mai 68."
Match : "N'avez-vous par ressenti à l'époque l'extraordinaire sentiment de liberté : sexuelle, via la pilule; sensorielle, via les drogues; artistique, via les happenings ?"
Françoise Hardy : "Mais moi, je prenais la pilule à 17 ans, en 1961 ! Mon médecin me l'avait prescrite avant même sa légalisation. Et comme je n'ai jamais dissocié le sexe de l'amour, je ne l'ai pas perçue comme un facteur de libération, mais comme une possibilité de choisir d'avoir un enfant. La liberté sexuelle n'était pas mon souci. Quant aux drogues, je n'étais pas attirée. Pourtant, en Angleterre, dans certaines discothèques, je croisais régulièrement les Stones, les Animals, tous les artistes anglais un peu connus… Et j'ai mis un certain temps à me rendre compte que la communication était difficile avec eux parce qu'ils étaient "stone" ! Mick Jagger, avec un an de plus que moi était bien plus dégourdi ! Nous, les yé-yé, on était naïfs !"
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