mardi 2 juillet 2013

Françoise Hardy dans Rallye Jeunesse (4ème extrait)

En 1966, pour le mensuel Rallye Jeunesse, Françoise Hardy revenait sur son parcours professionnel, interrogée par F.-R. Barbry.

L'aiguille de pin finit de se consumer dans le cendrier. Sur un meuble, des disques épars. Ils n'ont pas été remis dans leurs pochettes, ce qui prouve qu'ils auront à se remettre au travail d'ici peu de temps.

_ J'aime beaucoup ce que font les Rolling Stones en ce moment. Tu vois, je reste une fervente du rythme.
Sur la table, le magnétophone qui aura la primeur de la toute dernière. Sera-t-elle une fantaisie, comme Ce petit cœur : une ballade du genre de L'amitié ou une confidence comme Tu peux bien ? Il sera le premier fixé, et à voir sa bobine à mi-cours, je pense qu'il l'est peut-être à l'heure où j'interroge Françoise sur ses projets.

_ Repasser à L'Olympia mais à la tête du programme cette fois-ci, est ce que je souhaite le plus. Je ne sais pas si je serai capable de tenir cette place, enfin... peut-être.



Peut-être. Il me semble entendre à nouveau la jeune étudiante qui préparait sa licence d'allemand à la Sorbonne et qui, chaque mercredi soir, venait au Petit Conservatoire et qui se disait aussi "peut-être" en parlant de son avenir. Elle qui chante Tout ce qu'on dit ne vaut rien sans ce qu'on fait ne s'est pas contentée de rêver l'aventure.

Elle a émergé un matin, de la tempête du rythme et murmuré, au creux d’oreilles blasées, une confidence à laquelle personne n'a pu rester insensible : "Tous les garçons et les filles de mon âge se promènent dans la rue deux par deux...  Oui, mais moi, je vais seule, dans la rue, l'âme en peine."

Depuis Françoise a mis en musique toutes les facettes de l'amour naissant, balbutiant, grandissant, trébuchant : Je pense à lui, L'amour d'un garçon peut tout changer, Qui aime-t-il vraiment ? Tout me ramène à toi, Pourtant tu m'aimes, On se quitte toujours, Je n'attends plus personne, En t'attendant, Non, ce n'est pas un rêve, Dans le monde entier, Tu verras que je te garderai... Nulle chanteuse n'a plus épelé le verbe aimer avec douceur, pudeur, délicatesse, avec un grain de fantaisie tout à la fois.
C'est sans doute pour cela que ses textes semblent toujours si proches de nous et que sa voix un peu timide n'a aucun mal à nous atteindre.

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