Jérôme Colin : Comment on
fait à votre avis ? Je suis papa aussi de jeunes enfants, comment on
fait pour donner les armes à un enfant pour qu’il trouve justement son
chemin tout seul et le bonheur tout seul ? Ah c’est difficile !
Françoise
Hardy : Moi, je ne sais pas parce que nous les parents, nous sommes des
êtres humains comme les enfants d’ailleurs, et nous ne sommes pas
parfaits. Donc, nous les éduquons avec tous nos défauts et surtout nos
contradictions. Je crois que les contradictions, c’est ce qu’il y a de
plus difficile à gérer pour un enfant. Vous savez quand un parent par
exemple… Euh quand sa parole exprime quelque chose et que son visage
exprime autre chose. On sait que ça, ça génère des troubles importants
chez les enfants. Mais moi, il me semble que, quand on est à soi-même à
peu près cohérent, à peu près correct… Voilà, il me semble que c’est la
meilleure des choses pour l’enfant. Mais malheureusement, tous les
parents ne sont pas comme ça. Ne sont pas équilibrés et ils n’ont pas
tous les moyens d’abord de s’en rendre compte. Et ensuite de se soigner…
Jérôme Colin : En même temps, on ne fait pas des enfants à notre image, non plus. On
fait de notre mieux, et puis des fois, ça ne va pas.
Françoise
Hardy : Oui, d’accord. Mais vous avez des parents qui croient aimer
leurs enfants et qui au nom de l’amour finalement font plus de mal que
de bien. Déjà, dans le fait… euh là puisque je vois qu’il y a un livre
d’Arthur Jdanov, c’est ça ? Oui, c’est ça. C’est dans Arthur Jdanov que
j’ai appris ça. Ça m’a paru tellement lumineux que j’ai adhéré à ce
qu’il disait. Il disait que la névrose, elle naît bien avant la
naissance. Elle naît déjà dans les raisons pour lesquelles les parents
vous font. Si tant est qu’il y a des raisons. Et par exemple, quand je
vois des femmes qui veulent un enfant à tout prix, qui sont prêtes à
passer par des mères porteuses pour avoir cet enfant à tout prix, je me
dis qu’elles pensent à leur désir. Elles sont complètement sous la coupe
de leur désir, et jamais elles ne pensent à l’enfant. Enfin moi, c’est
mon avis. Je sais … Thomas me reproche d’avoir des avis radicaux. C’est
un avis radical. Je l’exprime tel quel. Je suis scandalisée par
l’histoire des mères porteuses. J’ai appris que Nadine Morano était pour
et qu’elle-même n’aurait pas hésité et n’hésiterait pas à être mère
porteuse pour sa fille. Je trouve tout ça, mais alors … mais alors…
Jérôme Colin : C’est vrai...
Françoise Hardy : Mais ça m’indigne au dernier degré !
Jérôme Colin : Mais vous n’avez pas eu une folle envie d’enfants. Votre ventre à un moment ne vous a pas dit : Françoise…
Françoise Hardy : Jamais je ne serais passée par une mère porteuse. Encore moins si ça avait été ma mère. Mais quelle horreur !
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