samedi 14 mai 2011

Françoise Hardy dans Epok (dernier extrait)

En mai 2000, Yann Plougastel s'entretenait avec Françoise Hardy dans Epok à l'occasion de la sortie de son album Clair-obscur.

Yann Plougastel : "Quelle impression gardez-vous de votre nouvel album?"
Françoise Hardy :
"C'est un album plus traditionnel que le précédent... L'enregistrement a été difficile, car il s'est passé avec beaucoup de gens : Étienne Daho, Iggy Pop, Babik Reinhardt, Khalil Chahine, Alain Lubrano, Rodolphe Burger, Olivier Ngog, Thomas, Jacques... Beaucoup de choses m'ont mise sens dessus dessous... J'ai beaucoup de mal à chanter. Je décrépis à vue d’œil. Autant "Puisgue vous partez en voyage" a été un vrai plaisir à interpréter, autant le titre "Clair-obscur" a été très douloureux... Il remonte au début des années 90 et figure sur l'album, Mektoub, de Khalil Chahine, chanté par Viktor Laszlo. Ce n'était guère satisfaisant. Dans la nouvelle version, il y a encore quelques imperfections dans la voix, mais on a trouvé que c'était jouable... Je suis quelqu'un de très nostalgique. J'ai facilement la larme à l'œil. "


Yann Plougastel : "En écoutant "Clair-obscur", on s'aperçoit qu'il renvoie à une thématique récurrente dans vos chansons (l'impossibilité de dire l'amour à l'autre, la crainte de l'excès de ses sentiments, la souffrance de sentir qu'il n'y a pas totale réciprocité). Comment expliquez-vous cette belle leçon d'immaturité qui veuille qu'au fond, la seule question, ce soit l'amour ? "
Françoise Hardy :
"Je ne pense pas avoir créé un univers, mais être représentative du stade adolescent et du type sentimental introverti qui n'est pas le plus répandu puisqu'il a tendance à se cacher, dont j'ai tenté d'exprimer une partie des tourments. Ceux qui sont restés fixés au stade adolescent, ceux qui sont introvertis peuvent se retrouver dans mes chansons. Je ne sais pas écrire autre chose que les douleurs des sentiments mais j'espère ne pas être quelqu'un de trop triste dans la vie."

mardi 10 mai 2011

Françoise Hardy et William Klein dans Match (1er extrait)

Le 5 avril 2001, pour le magazine Paris Match, Françoise Hardy retrouvait le photographe William Klein.

Match : "Vous vous êtes rencontrés il y a très longtemps pendant les années pop...."
Françoise Hardy : " Oui. C'était une séance de photos de mode pour "Vogue", il y a trente à trente-cinq ans..."
William Klein : "... et avec les rédactrices, on se regardait perplexes : mais qui est cette Françoise Hardy qui ne dit pas un mot, qui a l'air de s'emmerder ?..."
Françoise Hardy : " Mais c'était à vous, l'aîné, le grand professionnel, de me mettre en confiance ! J'avais 18 ans, je n'étais pas mannequin, j'étais tétanisée ! En plus, je n'aimais ni les photos ni ces déguisements !"

Match : "Pourtant avec votre physique, vous avez énormément posé à l'époque, en Rabanne, en Courrèges... D'ailleurs, vous êtes la seule yéyé exposée dans cette immense rétrospective."


William Klein : "Et dans la B.D. "Pravda", Peellaert vous avait prise pour modèle..."
Françoise Hardy : "... en rajoutant ce qui me manquait ! J'étais bourrée de complexes. Car la mode était plutôt aux rondeurs de Brigitte Bardot, à ses robes vichy rose qui ne m'allaient pas du tout. Vers 1966-1967, quand j'ai commencé à travailler en Angleterre, j'ai pris conscience de mon look, car les Anglais me renvoyaient une image de moi qui tranchait avec celle que je m'étais façonnée dans ma première chanson "Tous les garçons et les filles" : la pauvre fille tellement ingrate que j'amais personne ne la regardera."

William Klein : "Vraiment ? Moi qui ne supportais pas les yéyé, je trouvais que vous étiez la seule à avoir du talent ! Non seulement vous aviez une belle voix, mais en plus vous saviez écrire des chansons !"
Françoise Hardy : "Les premières étaient très mauvaises !"

lundi 9 mai 2011

Françoise Hardy dans Ciao Amici (2ème extrait)

En 1964, Françoise Hardy donnait ses premières interviews en Italie et notamment au magazine Ciao Amici. En préambule elle adressait directement une lettre aux lecteurs.

Une lettre de Françoise (2ème partie).

Maintenant il pense que je suis plus plutôt douée et j'ai presque fini par le croire moi-même. Mais n'allez pas penser, pour autant, que je suis devenue vaniteuse : au contraire je suis toujours pleine de doutes. Par exemple je me trouve très laide, avec le visage trop long et osseux, avec le corps trop maigre et rigide. Et si je peux feindre de ne pas voir les miroirs je regarde les personnes autour.
Mais lorsque je chante j'oublie tout. Alors tout disparaît et je sens la chanson grandir en moi, déborder et jaillir violemment comme un sentiment trop longtemps retenu…



Texte d'origine :
" Adesso pensano che sono piuttosto brava e ho quasi finito per crederlo anch'io. Ma non pensate, per questo, che io sia troppo presuntuosa : al contrario sono sempre piena dì dubbi. Per esempio mi sento molto brutta, con la faccia troppo lunga e ossuta, con il corpo troppo magro e rigido. E se posso fìngo di non vedere gli specchi se ne ho qualcuno intorno.
Ma quando canto dimentico tutto. Allora tutto scompare e sento la canzone crescermi dentro e traboccare e spandersi come un sentimento troppo a lungo compresso, violentato...".

mardi 3 mai 2011

Françoise Hardy et Blur dans Pop Meeting (8ème extrait)

En février 1997, pour le magazine Pop Meeting, Françoise Hardy retrouvait le chanteur de "Blur", Damon Albarn, accompagné d'Alex, le bassiste du groupe.

Pop Meeting : "Vous avez assisté au dernier concert de Blur à l'Olympia, l'année dernière."
Françoise : "Oui, d'ailleurs j'avais décidé à la suite de ça que plus jamais je n'irais à ce genre de concert !"

Pop Meeting : "Quelles ont été vos impressions ?"
Françoise : "J'ai cru qu'on allait mourir à cause d'eux et je trouvais cette mort stupide. Il y avait tellement de monde que le balcon tremblait, bougeait sous mes pieds au point que j'ai vraiment pensé qu'il allait s'écrouler ! Sinon, j'ai été impressionnée par leur prestation. C'était carrément du sport. Il y a une telle vitalité, un tel charisme chez ce groupe qu'on ne peut être que fascinée."

Pop Meeting : "Et vous, contrairement à Blur, vous n'avez pas décidé de jouer vos chansons sur scène ?"
Françoise : "Je suis beaucoup trop introvertie. Je ne sais pas si eux se considèrent comme des introvertis ? Êtes-vous introvertis ou extravertis ?"
Alex : "Ni intro ni extras, juste vertis (rires) ! Des vertis ordinaires. Plus sérieusement, je n'en sais rien..."
Damon :"Je ne saurais pas non plus me définir..." 




Pop Meeting : "Comment s'est construit le dernier album de Blur ?"
Françoise : "S'est-il construit dans la souffrance ? Moi tout ce qui m'intéresse c'est la souffrance. Avez-vous écrit, composé, enregistré dans la souffrance ?"
Damon : " Nous avons eu l'impression de vivre la fin de notre aventure, vers le mois de mars dernier. On ne s'appréciait plus et j'ai cru que tout était fini. Nous avons donc conçu ce disque comme une sorte d'épitaphe. J'étais résigné, j'avais le sentiment que tout s'achevait, et cette fin n'était pas conforme à celle que j'avais imaginée. Cela a changé quand nous avons commencé à enregistrer. Graham, notre guitariste, a complètement arrêté de boire. Et nous avons redécouvert notre amitié. Mais j'ai bel et bien souffert... J'ai souffert parce que je pensais que tout allait se terminer là. C'était difficile à accepter... Finalement, cela ne s'est pas produit."

mardi 12 avril 2011

Françoise Hardy dans Epok (6ème extrait)

En mai 2000, Yann Plougastel s'entretenait avec Françoise Hardy dans Epok à l'occasion de la sortie de son album Clair-obscur.

Yann Plougastel : "À l'occasion de vos chroniques astrologiques, vous avez interviewé de nombreuses personnalités. Lesquelles vous ont le plus marquée ?"
Françoise Hardy :
"J'ai eu l'occasion de rencontrer Jean d'Ormesson. Qu'est-ce qu'il est drôle ! Il est irrésistible ! J'ai beaucoup apprécié l'humanité d'Ophélie Winter. Philippe Delerm m'a fait la grâce de venir à Paris. Il est très sympathique. Avant notre rencontre, il m'a envoyé un petit livre, Le Bonheur, que j'ai trouvé très émouvant et dont j'ai gardé gravée dans ma tête la définition du bonheur : « Le bonheur, c'est d'avoir arrêté de perdre. » Je regrette qu'il n'y ait pas plus de gens comme lui. Il possède un véritable équilibre et n'est pas du tout destroy... J'ai longuement interviewé Maurice Pialat, parce qu'il est Vierge, un signe peu représenté dans le monde du spectacle. Je me souviens d'une belle rencontre avec Daniel Filipacchî. Mais c'est Isabelle Huppert qui a été le plus loin dans l'analyse d'elle-même... "



Yann Plougastel : "Quelles sont vos joies musicales actuelles ?"
Françoise Hardy :
"J'écoute d'une façon obsessionnelle et névrotique La Baie, de Daho. Le dernier disque de Perry Blake ne me quitte jamais, non plus que celui de Jean-Louis Murat, un chef d'œuvre absolu. J'aime bien Emilia Torrini, Ben Christopher, Deus et les albums de reprises de George Michael et de Brian Ferry."

samedi 9 avril 2011

Françoise Hardy dans le Stern (4ème extrait)

En 2003, Françoise Hardy était interviewée par Tilman Müller pour le journal allemand Stern à l'occasion de la parution de son livre Les rythmes du zodiaque.

Tilman Müller : "Votre mari, le chanteur-acteur Jacques Dutronc, s'intéresse-t-il aussi à l'astrologie ?"
Françoise Hardy :
"Non, il n'a pas lu mon livre"

Tilman Müller : "Vous vivez tous les deux à Paris ?"
Françoise Hardy :
"Chacun a ici dans notre maison son propre étage. Jacques est un homme très indépendant. Je ne l'étais pas, mais je le suis devenue."


Texte d'origine :
Interessiert sich Ihr Mann, der Sänger und Schauspieler Jacques Dutronc, auch für Astrologie?
Nein, er hat nicht mal mein Buch gelesen.
Leben Sie beide in Paris zusammen?
Jeder hat hier in unserem Haus seine eigene Etage. Jacques ist ein sehr unabhängiger Mensch. Ich war es nicht, aber ich bin es geworden.

samedi 2 avril 2011

Françoise Hardy dans Ciao Amici (1er extrait)

En 1964, Françoise Hardy donnait ses premières interviews en Italie et notamment au magazine Ciao Amici. En préambule elle adressait directement une lettre aux lecteurs.

Une lettre de Françoise (1ère partie).

Salut, les copains.
Je suis très heureuse de pouvoir vous écrire. Vous serez très gentils de me pardonner de si mal traiter votre belle langue que j'ai commencé à étudier depuis peu. Je crois que tous les débuts doivent être encouragés.
Quand j'ai commencé à chanter un monsieur très sévère m'a demandé : "Que faites vous quand vous ne chantez pas ? ".
"J'étudie l'allemand", ai-je répondu.
" Bien", m'a-t- il dit, "continuez à étudier l'allemand et cessez de perdre votre temps dans la musique".
Rien d'encourageant, n'est-ce pas ?
Je ne lui prêtai heureusement peu d'attention ; mais pour me remettre de cette morne journée, je me laissai aller et pleurai.


Texte d'origine :
" Una lettera di Francoise.
Ciao, amici. Sono molto felice di potervi scrivere. Voi siate tanto gentili da perdonarmi se maltrattero la vostra bellà lìngua che ho cominciato a studiare da poco tempo. Credo che tutti gli inizi vadano incoraggiati. Quando cominciai a cantare un signore molto severo mi domandò : " - Che cosa la quando non canta ? - Studio tedesco, risposi. " –Bene, disse lui, continui a studiare tedesco e lasci perdere la musica -. Niente incoraggiante, vero ? Per fortuna non glì prestai ascolto; ma quei brutto giorno un paco mi lasciai andare e piansi. ".