Match : "En parcourant l’exposition, on a l'impression d'une légèreté, d'un insouciance, d'une ouverture à tous les possibles..."
Françoise Hardy : "Oui. Le climat était moins lourd., l'horizon, moins bouché, on était moins nombreux. A présent, il y a trop de monde."
Match : "L’architecture semblait le territoire des utopies..."
William Klein : "Oui, en 1967, la revue "Utopie" réunissait Stinco, Roland Castro, Tonka, Jungmann, Grumbach. Leur credo, c'était : on ne peut pas construire, ni être architecte parce qu'il faut se compromettre avec les municipalités pourries. Donc, on va critiquer. A 35 ans, quatorze ans plus tard, ils ont changé d'avis ! Castro a fait des "villes nouvelles", Grumbach a même construit un hôtel à Disneyland !"
Match : "Aujourd'hui, la création a-t-elle changé de nature ?"
Françoise Hardy : "On est dans la surproduction artistique. A peine vous annonce-t-on le "film du siècle" qu'on est déjà en train de vous vanter le suivant ! Les journaux vous parlent de dix livres par rubrique, impossible de faire son choix. On a l'impression que tout le monde écrit son livre, fait son film, produit son disque... Difficile de s'y retrouver..."
William Klein : "C'est très pop : pas cher, consommable, jetable. Ce qui est plus grave, c'est par exemple que Bush vient de voler une élection nationale de la façon la plus honteuse. Si cela se passait en France, il y aurait 3 millions de citoyens dans la rue. Qui a manifesté en Amérique ? Personne ! En 1960, qu'est-ce qu’on aurait vu !"
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