En 1988, Jean-Eric Perrin rencontrait Françoise Hardy à l'occasion de la sortie de l'album Décalages. Sa chronique est parue légèrement remaniée à l'intérieur du livre "J'ai encore esquinté mon vernis en jouant un ré sur ma Gibson" en mai 2009.
J'écoutais Françoise Hardy depuis toujours, mais le lien avec Daho, à travers Françoise, s'était fait plus précis un soir de décembre,où, transis de froid parce qu'il n'avait pas les moyens de payer le chauffage, nous avions écouté, la nuit durant, des EP de cette chanteuse partagée, assis par terre, enroulés dans des duvets. Daho ignorait encore, en ce jour glacial de 1978, qu'il serait lui-même chanteur (à succès), quelques années plus tard. Outre Françoise, il était fan absolu des Stinky Toys, le fier étendard de la punkitude bourgeoise parisienne. Je commençais, tout juste à piger pour Rock & Folk depuis quelques semaines, et ma spécialité était justement cette nouvelle scène française post-punk. J'étais moi aussi très fan des Toys, pour leur flamboyance réelle et le son approximatif. Devenu rock critic, j'étais amené à les croiser dans les soirées folles du demi-monde électrique de la capitale, où j'étais dorénavant invité, et j'avais bien accroché avec leur manager d'alors.
Quand il m'avait proposé de les accompagner pour essayer de placer quelques lignes dans Rock & Folk sur leur concert de Rennes, j'avais accepté d'emblée ! (...) Passé de Rock & Folk à Best, en 1982, je trouvais chez Christian Lebrun, rédacteur en chef fin et cultivé, un autre amateur secret de Françoise Hardy, qui ne se fit pas prier pour m'envoyer l'interviewer pour ce numéro de septembre 1988, où elle voisinait avec Daho (!)...
On avait pris l'habitude, de temps en temps, au fil des ans, de découvrir un nouveau recueil de chansons mises en lumière par cette voix unique. Finalement, la qualité des enregistrements comptait peu, seule importait la soyeuse caresse de la voix. Une fois qu'on y avait succombé, c'était pour la vie. Et depuis les glorieuses sixties où elle avait alimenté le répertoire de pépites mythiques, elle avait finalement, pour une apparente indolente, travaillé comme une cosaque. Tout au long des seventies, tandis que les yéyés naufrageaient, elle avait maintenu le cap, depuis son populaire Message Personnel , en 1973, créé avec Michel Berger.
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