samedi 6 avril 2013

Françoise Hardy dans Formidable (Décembre 1966)

En décembre 1966, Françoise Hardy faisait la couverture du mensuel Formidable. Jean Nouailhac lui consacrait un article intitulé Françoise Hardy s'anime... au cinéma.

Elle fait du cinéma pour se changer les idées, comme on joue aux billes à la récré. Ni "Grand Prix", ni ses autres films ("Château en Suède", "Une balle au cœur") ne l'ont marquée ou changée ; elle reste pour nous la fille romantique 66, énigmatique et mystérieuse, qui apparaît pour disparaître comme son amie le rose, derrière des chansons d'amour tristes... Elle est belle et ne le sait pas. Si on le lui dit, elle se cabre. Elle est grande, féline, timide.

Elle parle d'une voix neutre, dans un souffle, lucide et réfléchie. Qui est Françoise Hardy ? Elle cherche ses mots, et laisse passer quelques secondes : "Je ne suis pas très fière de moi. Je chante et fais un peu de cinéma,, j'ai toujours aimé chanter et composer des chansons, et j'ai dans ma vie la chance de ne pas être née anormale, d'être un peu intelligente et pas trop moche.. Si ça a marché, ce n'est pas grâce à moi." Top. Chrono. La seule déclaration d'amour que Françoise fera à Françoise aura duré, en tout et pour tout, 15 secondes...

Françoise Hardy

C'est fou ce que cette fille peut être timide. "Je n'aime pas les gens trop sûrs d’eux, les ambitieux et les grincheux". Visiblement elle n'aime pas non plus les projecteurs, ni les "confessions", ni les gens qui parlent trop fort, ou ceux par exemple "qui soignent tellement leur façade qu'ils finissent par ne plus se reconnaître."

Chez elle tout est rouge et feutré. Le bruit des pas se perd dans une moquette profonde. Pas de lumière vive, l’éclairage est diffus, tamisé. Un grand lit recouvert de velours crème, une bibliothèque pleine de livres à en craquer, un canapé aux larges bras, une table sur laquelle on trouve un tas invraisemblable de disques, de partitions, de transistors et d'appareil en tous genres, deux fauteuils de cuir noir à bascule et deux guitares... Voilà tout son domaine. Un de ses amis l'a décoré ; ("Je ne sais rien faire de mes dix doigts").

Là seulement, elle se sent chez elle en sécurité, dans son studio de la rue du Rocher, à deux pas de la foule et du tumulte de la rare Saint-Lazare. "J'ai peur de la foule, je n'aime pas me montrer et sortir seule dans la rue". Et elle ajoute, comme pour se justifier : "La chose que je crains le plus au monde est la solitude. Mais, même seule, lorsque je suis ici, je me sens bien. Le métro qui vibre au-dessous de moi, la rumeur de la rue... et le téléphone à portée de la main..."

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