Françoise Hardy : Après le temps saturnien de l’adolescence, arrive, à l’âge de trente ans, le temps uranien de l’âge adulte. On peut mettre sur le compte de la faiblesse d’Uranus dans votre ciel, la dénonciation que vous faites des forces ou modèles de comportement figés qui succèdent au "déchaînement vers l’âge de treize ans des attracteurs pulsionnels" : y a-t-il d’autres aspects inhérents à l’âge adulte qui vous indisposent ?
Michel Houellebecq : Honnêtement : rien. (Long silence). Mais je n’y arrive pas. (Rires). J’ai écarté des femmes rationnelles pour en épouser une très irrationnelle, mais aussi très vivante, très gentille. En fait, je me fais chier avec les gens normaux... Je suis quelqu’un d’ouvert, mais parmi les aspects qui se rattachent à l’adolescence, il y en a aussi que je déteste. La révolte par exemple...
Françoise Hardy : Vous êtes vous-même un rebelle, un contestataire pourtant !
Michel Houellebecq : C’est vrai.
Françoise Hardy : Il me revient que vous avez écrit des lignes virulentes contre l’égoïsme, l’agressivité, le conformisme du pré-adolescent surtout quand il est en groupe.
Michel Houellebecq : J’ai beaucoup durci ma position à propos de la polémique qui a eu lieu autour de la fin de mon livre et qui ressemble à de la science-fiction. Finalement, ça me paraît une très bonne fin.
Françoise Hardy : Vous voulez dire que le clonage qui permettrait - je vous cite - que "l’humanité organise elle même les conditions de son remplacement" vous paraît un progrès possible ?
Michel Houellebecq : Ce serait déjà un moyen d’échapper au vieillissement et à la mort qui rendent la condition humaine si misérable.
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