Propos recueillis par Stéphane Barsaq
"Le grand art est d'essence divine" |
Françoise Hardy : L'art, c'est la beauté – on pourrait presque dire la "divinité" – retrouvée. Cette beauté est indissociable de la douleur inhérente à la condition humaine, qu'elle sublime et justifie. Quand une œuvre d'art me touche, je suis à la fois éblouie et déchirée, grandie et rapetissée. Quelle que soit la forme de sa manifestation, le grand art, celui qui est vraiment inspiré est d'essence divine. Il exprime ce qui nous manque et ce vers quoi on tend aussi confusément que désespérément. Mais s'il faut évoquer un moment précis, je me souviens d'un éblouissement, à l'été 1966 : j'errais seule à Venise et je suis entrée par hasard dans un palais dont le portail était ouvert. Le cadre était féérique. Et il y avait là une exposition de Max Ernst, dont les œuvres m'ont fascinée…
AM : Mis à part Max Ernst, quels sont les artistes qui vous touchent tout particulièrement ?
F.H. : Auguste Renoir disait : " Il faut une sacrée dose de vanité pour croire que ce qui sort de notre seul cerveau vaut mieux que ce que nous voyons autour de nous. " Je partage cet avis : pour moi, le plus grand artiste de tous les temps, c'est l'auteur de l'univers ! Autant dire que beaucoup de tableaux me paraissent falots comparés aux créations naturelles; quant aux statues, je les ai toujours détestées… et je n'aime guère les musées. Les choses sont différentes pour la musique et la littérature, qui n'existent pas telles quelles, ainsi que pour l'architecture, quoique à un degré moindre. Les artistes que j'apprécie sont donc plutôt des musiciens (de Chopin aux Beatles) ou des écrivains (d'Henry James à Colette), voire des poètes – comme Brassens et Gainsbourg s'il faut n'en choisir que deux.
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