samedi 9 septembre 2017

Octobre 1996 - Entretien avec Michel Field - Partie 11

Michel FIELD : Le cinéma n’est pas un regret pour vous ?

Françoise HARDY : Pas du tout, c’est comme la scène ...

Michel FIELD : Je me souviens, je vous avais vue dans Grand Prix quand j’étais petit enfant ...

Françoise HARDY : Je n’aime pas être en représentation, je n’aime pas qu’on me voit. J’aime bien regarder, j’ai un côté assez voyeur, voyeuse - je ne sais pas comment on dit -, j’aime bien examiner, scruter, noter les détails et tout ça ... J’éprouve un malin plaisir à faire ça et l’idée d’être dans la situation inverse, où c’est l’autre ou qui que ce soit d’autre qui puisse m’examiner avec une acuité, même inférieure à la mienne, ça me panique. Pourtant je ne suis pas du tout quelqu’un de malveillant, malveillant a priori, mais quelquefois il y a des choses négatives que je vois et que je sais que j’ai comme tout un chacun. L’idée d’être sous le feu des regards, de la caméra ou de quoi que ce soit ... l’idée d’être dans une situation finalement aussi complètement bancale. Quand on est dans un tête à tête, il y a échange de regards, mais quand on est simplement regardée et qu’on n’a rien à regarder, je trouve ça très difficile, c’est insurmontable pour moi. Et ça ne date pas d’hier puisque toute petite à l’école, je me cachais au dernier rang pour que la maîtresse ne m’interroge jamais, tant j’étais déjà paniquée à l’idée d’être debout au milieu de la classe.
Il doit y avoir eu une espèce de mésaventure avec ma mère qui a dû faire un scandale à un moment avec moi et qui m’a couverte de honte…
… Si, si je sais, j’ai trouvé: je me souviens qu’une fois je suis allée en classe, ça devait être la douzième, donc la première classe, je devais avoir 4 ans et j’avais oublié de mettre ma petite culotte, et ma mère est arrivée à midi pour venir me chercher, avec ma petite culotte qu’elle m’a fait mettre devant tout le monde. Et bien voilà pourquoi, je ne peux ni faire de scène, ni faire de cinéma. Enfin on a trouvé !

Michel FIELD : Je propose qu’on arrête là , parce qu’après cet aveu ...

Françoise HARDY : C’est normal, une heure c’est le temps d’une séance ...

Michel FIELD : Oh bah dis donc ...

Françoise HARDY : Combien te dois-je ?

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