lundi 27 février 2017

Juin 1963 - Femmes d'aujourd'hui

Dans un reportage de Femmes d'aujourd'hui de juin 1963, Claude Obernai dresse un portrait de Françoise Hardy émaillé de nombreuses inexactitudes :
- Françoise Hardy aurait toujours 18 ans
- Françoise Hardy aurait eu rien moins que trois ans d'avance dans son parcours scolaire.... avec cependant l'obtention du premier bac à 15 ans et du second à 16 ans.... ce qui est en soi déjà incohérent
- Elle aurait enregistré une chanson en 1961 passée "inaperçue", ce qui est un euphémisme, son premier disque ayant été gravé précisément le 25 avril 1962, soit bien des mois plus tard....

Heureusement, il y a aussi les informations recueillies auprès de Madeleine Hardy, la mère de Françoise. Je les retranscris ici, même si elles sont peut-être tout aussi approximatives....

Une guitare, la récompense que ses parents lui avaient offerte pour ses succès au bachot. Elle l'emmena en Autriche et fit ses premiers essais avec une méthode sur disques.

Premiers essais, premières chansons ?
C'est la maman de Françoise qui répond à ma question :
- Pas du tout. Elle écrit des poèmes depuis bien plus longtemps que cela. Et elle a toujours été douée pour la musique. A cinq ans, alors qu'elle étudiait le piano, elle affronta le public de la salle Gaveau : son professeur lui avait fait travailler, pour une manifestation enfantine, une petite sonate de Mozart.
Le dessin la passionnait aussi, à tel point que, pendant une certain temps, nous avons pensé qu'elle se dirigerait de ce côté-là...


Oui, toute petite, Françoise était déjà très sérieuse, très réfléchie, même dans ses jeux. A deux ans, elle savait parler comme une grande. Ses chansons expriment tout à fait sa personnalité, elles sont le reflet exact de son caractère...

- Quand elle a pris la décision de tenter sa chance, l'avez-vous encouragée ?
- Oh, d'autant plus volontiers que je la comprends. J'ai toujours aimé chanter ! Et puis je trouve intéressant que les enfants révèlent des tendances précises et il faut leur laisser prendre leurs responsabilités... Quand, toute de suite après son bachot, Françoise m'a dit : " Je voudrais bien présenter des chansons ! ", j'ai répondu : " Rien de plus simple. Contacte des maisons de disques. Mais vas-y toi-même..."

Les mères ont une mémoire infaillible : C'est d'Autriche qu'elle m'a envoyé son premier poème.

Il commençait ainsi :
Il prie dans son berceau
Sans prêter attention au tout petit ruisseau
Qui coule comme un murmure
Entre deux arbrisseaux...

Elle avait neuf ans lorsqu'elle l'a écrit.

mardi 21 février 2017

Décembre 1962 - Autre entretien à la sortie du 2ème 45 tours

Françoise Hardy est encore tout émerveillée du succès que connaît la chanson qu'elle a écrite en juin dernier : " Tous les garçons et les filles " (Voque EPL 7967)


Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis née à Paris le 17 janvier 1944. Je mesure 1,72 m et pèse 55 kg. J'ai mes deux bacs et prépare une licence.

Quels sont vos goûts ?
J'aime par dessus tout chanter et puis lire : Baudelaire, Musset, Julien Green et... je raffole des crêpes à la confiture ! Par contre, je déteste me lever de bonne heure, parler politique, faire du sport, et je n'aime ni Piaf ni Sinatra.

Quels sont vos chanteurs favoris ?
Jacques Brel, Jean-Claude Pascal, Richard Anthony, Claude Nougaro, Brenda Lee et Presley.

Avez-vous le trac ?
Oh oui, je suis terrorisée à l'idée de passer un jour à l'Olympia...

Êtes-vous superstitieuse ?
Un peu... Sans y croire vraiment, je lis régulièrement mon horoscope. En juin, il me disait que quelque chose de merveilleux allait m'arriver. Quelques jours plus tard, la maison "Vogue" me faisait signer un contrat !

Qu'avez-vous fait cet été ?
J'ai passé mes vacances en Autriche.

Quand sortira votre prochain disque ?
Dans quelques jours. Je compte beaucoup sur "J'ai jeté mon cœur".

lundi 20 février 2017

Décembre 1962 - Entretien à la sortie du 2ème 45 tours

Celle en qui personne ne croyait
FRANCOISE HARDY
" J'avais déjà fait le tour de presque toutes les maisons de disques mais en vain.
Ma chance m'attendait derrière la dernière porte "
.

Mon premier contact avec l’art vocal ? Les cantiques que je chantais à l’école privée où je faisais mes études. Bien sûr, je n’avais qu’une idée : échapper à ces cours fastidieux ! Je n’avais pas vraiment envie de chanter : ce qui m’intéressait surtout, c’était la chanson elle-même.

J’ai commencé sérieusement à composer lorsque j’ai eu une guitare, après avoir réussi mon premier bac. Puis je suis allée au Petit Conservatoire de la chanson. Ce fut pour moi une très bonne école, et peu après je téléphonai à plusieurs firmes de disques pour passer une audition. La maison Vogue me donna ma chance. Je devais enregistrer des chansons de Johnny Hallyday, mais la séance dut être annulée, car je ne connaissais pas encore assez bien le solfège et ne pouvais chanter en mesure avec l’orchestre.

Quelqu’un de la maison me fit travailler ; et une seconde audition, satisfaisante celle-ci me mena à l’enregistrement de « Tous les garçons et les filles » qui a marqué mon vrai début. Mon ambition, n’est d’ailleurs pas de devenir une vedette, mais de faire des programmes à la radio. Ne serait-ce pas le meilleur métier pour rester en contact direct avec la chanson ? Dans ce domaine, je préfère le slow et la ballade. Bien sûr, j’aime le twist, mais uniquement comme danse, car la musique elle-même n’est pas très intéressante. Les chanteurs du style Jacques Brel et Leny Escudero sont mes favoris.

Je tiens aussi à dire que j’aime les crêpes aux confitures, les jus de fruits, les liqueurs sucrées, les villes, les gens, les rues animées, les magasins, le jazz, la VIIème Symphonie de Beethoven et les opéras de Verdi. Mais je déteste les gens qui vous font attendre et ceux qui mentent.
Puisque nous sommes au chapitre de la sincérité, je ne cache à personne que je cherche à être « commerciale » (j’ai horreur de ce mot, car il a pris un sens péjoratif mais c’est le mot juste). Je cherche à plaire dans la mesure où je veux continuer à être Françoise Hardy.

Ah ! J’oubliais : je suis paresseuse, froussarde et inquiète à l’idée de décevoir mon public. D’ailleurs, je ne dors plus la nuit depuis que mon second disque est sorti. Les copains l’aimeront-ils ? C’est d’eux que dépend la suite.


jeudi 9 février 2017

Juin 1967 - Article sur les Vénusiennes (Télé 7 jours)

Télé 7 jours annonçait le tournage des "Vénusiennes" en juin 1967. Il faudra attendre jusqu'à février 1968 pour la diffusion.

  Françoise Vénusienne

« Les Vénusiennes » : un film T.V. en couleur, réalisé par Jean-Claude Lubtchansky (auteur de nombreux courts métrages), sur une idée de Guy Peellaert (le créateur de « Jodelle », le collaborateur de Jessua pour les bandes dessinées de « Jeu de Massacre »).

C’est une histoire de science-fiction ou plutôt de « morale-fiction ». Il y a de grands et gros hommes à la mine patibulaire… mais ils sont en carton. Perdue au milieu d’eux… mais les dominant, il y a Françoise, la Vénusienne, la femme de l’an 2000 enfin émancipée. Elle danse, elle chante (en particulier « Ce petit cœur » et « La maison où j’ai grandi ») et surtout, surtout, elle séduit.

Autour de Françoise, une cover-girl et une dactylo illustrent l’avènement de la femme conquérante. Paco Rabanne a habillé ces « Vénusiennes », Guy Peellaert les fait évoluer dans un monde analogue à celui des bandes dessinées. Vous les jugerez au mois d’octobre. Toute d’argent vêtue (V. de V.), Françoise attend le verdict de pied ferme.

Son nouveau 45 tours sort ces jours-ci. Elle compte beaucoup sur « Au fond du rêve doré » et « Qui peut dire ? » qu’elle chante accompagnée par Dutronc et son orchestre.

Quant à l’été de Françoise, ce sera bien sûr, une série de galas : en Belgique à la fin juin, à Venise, au « Palm Beach » de Cannes, en Espagne et au Portugal, sur la côte atlantique française et en Corse au mois de juillet, en Italie au mois d’août… Un programme épuisant ! Mais Françoise saura bien trouver quelques jours pour aller se reposer dans sa maison corse. Du crépit blanc, du bois d’olivier et des carreaux de faïence, un havre de fraîcheur surplombant la mer… un rêve, quoi !
 

dimanche 5 février 2017

1997 - L'écriture (Paris Match)

En 1996, Françoise Hardy faisait son retour à l'occasion de la sortie du disque "Le Danger"
Dans une interview de 1997 réalisée par Catherine Schwaab pour Paris Match, Françoise Hardy se confiait sur sa façon de travailler.

Comment écrivez-vous vos textes ?
Il me faut d'abord écouter les musiques pendant des heures. Je m'en imprègne et je note la découpe des morceaux : les pieds, les temps forts sur lesquels je vais plaquer des mots forts. Au bout de trois, quatre jours, j'ai trouvé un mot, une expression, une idée, je sens que je tiens le bon bout. Il me faut encore environ deux jours pour écrire tout le texte. A la fin, je m'effondre, épuisée, comme après une transe ! Chaque texte à écrire génère chez moi une terrible appréhension.

Pourquoi ?
Parce que j'ai toujours peur de ne pas être à la hauteur. Peur de ne pas "sentir" la musique, peur de ne pas savoir restituer l'émotion qu'elle provoque en moi... Et au bout de trente-cinq ans de chansons qui tournent toujours autour du même thème, j'ai forcément l’angoisse de ne pas savoir renouveler la forme.

N'avez-vous pas eu envie, comme Dutronc, de demander à votre fils, Thomas, de vous écrire des paroles ?
C'est impossible ! Il a 23 ans, trente ans de moins que moi ! Il est trop éloigné de mes sensations. Dans mes chansons, je ne sais traduire que des sentiments très intimes, des choses ultra-personnelles car "je" suis ce que je connais le moins mal ! Raconter mes angoisses, mes tristesses, et mes désespoirs sont ma seule justification d'auteur et d’interprète.

Avez-vous besoin de solitude ?
Absolument ! D’autant que je travaille chez moi, au casque avec un petit quatre pistes. Je peux enregistrer jusqu'à cinquante, cent fois, la voix d'une chanson. Je ne supporterai jamais d'avoir quelqu'un qui m'entende !
     

samedi 21 janvier 2017

1970 - Françoise Hardy et Jacques Dutronc à Port Grimaud

Un petit article de presse qui fait écho à la problématique de la séparation perpétuelle, due aux affres du métier, que Françoise Hardy a toujours déplorée.

FRANCOISE ET
DUTRONC : RENDEZ-VOUS A
PORT-GRIMAUD

  Depuis longtemps déjà, tout le monde parle de leur tendre amitié, et pourtant on ne les voit que très rarement ensemble. Cet été encore, Françoise Hardy et Jacques Dutronc ont bien failli le passer sans pouvoir se rencontrer un seul jour. Jacques est en tournée sur la Côte d'Azur et Françoise se reposait dans sa maison de Corse. Fort heureusement, le tournage d'une émission de télévision l'appela à Port-Grimaud (près de Saint Tropez). Jacques ce jour-là se détendait dans la maison qu'il a louée près de Cannes pour y séjourner entre deux galas. il est venu chercher Françoise dès qu'elle eut fini de tourner et l'emmena dans sa retraite ensoleillée. Là, pendant toute une longue journée, ils profitèrent des joies de la piscine et du ping-pong, que tous deux adorent, et pour quelques heures heureuses il oublièrent que, dès le lendemain, leur métier les séparerait.

          

lundi 2 janvier 2017

Télé 7 jours - Mars 1986

Article d'Isabelle Cauchois paru dans télé 7 jours (semaine du 17 mars 1986)

Difficile de rencontrer Françoise Hardy en ce moment, même si on la voit beaucoup à la télévision où elle "défend" son nouveau 45 tours. I faut dire que l'idole du temps des copains, même si elle se fait rare sur nos chaînes, est très occupée par sa passion de l'astrologie et de la graphologie : "En ce moment je rédige un livre qui rassemblera les interviews de personnalités de chaque signe du zodiaque que j'ai réalisées pour Radio Monte Carlo. Cela me tient à cœur car je veux prouver que l’astrologie est une chose sérieuse. j'ai retravaillé chaque interview en rencontrant à nouveau mes interlocuteurs. Tout ça sur mon petit ordinateur IBM PC, installé dans notre chambre. Je m'en sers aussi pour écrire mes chansons. En tout, j’aurai vingt-deux interviews, deux par signe, sauf pour le Bélier où Serge Gainsbourg a été tellement bavard et passionnant que je me suis résolue à ne rien couper, de même pour le Cancer, où j'ai interviewé un prête très intéressant. Le livre devrait sortir à la rentrée chez Flammarion".

En ce moment, Françoise y consacre ses journées : "Je me lève à 6 heures du matin, sauf samedi et dimanche, et ne m’interromps que pour faire les courses et préparer à déjeuner. Quand Jacques (Dutronc) n'est pas là (à midi avec Luigi et sa bande, il préfère découvrir les bons restaurants comme "Gérard et Nicole", leur nouveau rendez-vous place d'Alésia), je déjeune très vite, de céréales complètes ou de salade et de fromage, et me remets à travailler jusqu'au moment où Thomas, notre fils, rentre de l'école. Et puis, j'ai aussi à préparer chaque mois, ma chronique "le signe du moi" sur Radio Monte Carlo. L'horoscope quotidien Jean-Pierre Nicola s'en charge. Moi, je me contente de l'enregistrer".
Mais, ordinateur ou pas, quand on a la chance, comme nous, de pénétrer dans le refuge de Françoise Hardy, on s'aperçoit que la poésie et l'insolite sont toujours au rendez-vous.



Ainsi son nouveau disque : "Après "Moi vouloir toi" composé par Louis Chédid, il y a deux ans, je m'étais promis de ne pas en refaire un de sitôt. Et puis, le hasard en a décidé autrement. A la rentrée, moi qui ne vais jamais chez le coiffeur, car je me coupe les cheveux moi-même, j'ai décidé d’accompagner Thomas chez son coiffeur Yvan. Celui-ci m'a demandé pourquoi on ne m'entendait plus. J'ai expliqué que je ne trouvais plus de mélodistes - libres - à mon goût, en France. Michel Jonasz ou Michel Berger ont suffisamment à faire en travaillant pour eux ou comme le dernier pour sa femme. Yvan m'a répondu qu'il en connaissait un. C'est ainsi que j'ai rencontré Jean-Noël Chaléat, qui a travaillé avec Alain Chamfort, notamment pour "Manureva". Il m'a proposé deux mélodies qui ont tout de suite fait tilt et j'ai immédiatement trouvé mes textes".

La preuve ? "Après avoir écouté la musique qui est devenue "VI.P.", raconte Françoise, Thomas la fredonnait déjà. Si un enfant retient la mélodie, c'est bon signe. Thomas, d’ailleurs, je lui fais confiance, il a mis longtemps à s'intéresser à la musique, du moins à la musique que j'aime, la bonne variété, mais maintenant c'est lui qui me branche ! Nous écoutons ensemble le "Top 50" chaque semaine sur Europe 1. Il a eut le coup de foudre pour Murray Head comme il l'avait eu, à l'age de 5 ans, pour Alain Souchon, qui chantait alors "Jamais content".
Merci Thomas, car sans lui, peut-être que Françoise ne chanterait plus, au grand dam de ses admirateurs dont le plus célèbre n'est autre qu'Etienne Daho...

"Je préfère écrire des textes pour les autres comme, précise Françoise, Diane Tell, par exemple avec "Faire à nouveau connaissance", l'un des titres de son nouveau 45 tours. J’adore Diane. Elle a une voix, ce que moi, je n'ai pas, je n'ai ni souffle ni la tessiture et, en plus, elle est ravissante. Notre première rencontre a été cocasse car, étant complètement myope, elle ne m'a pas reconnue. Elle est venue cet été en Corse chez nous avec son fiancé, qui est aussi son producteur. Avec Jacques nous les avons surnommés "Les Tourtereaux". Pour son prochain 33 tours, je lui ai écrit deux chansons "Paradis d'espace", le titre est d'elle, j'ai beaucoup aimé l'image, et "L'âge bête".

Quand Françoise évoque Jacques Dutronc, son regard s'illumine : "J'ai réussi à obtenir les trois choses que je souhaitais le plus au monde : faire un disque, être bien avec une homme - depuis dix-neuf ans, je le suis avec Jacques - avoir un enfant, et Thomas nous a beaucoup comblés.
"Avec Jacques, nous sortons très peu, regardons beaucoup la télévision, je ne manque pas une joute oratoire des hommes politiques à la télévision, j'adore cela. En ce moment, pour Jacques, c'est une période un peu difficile car il attend de pouvoir réaliser le film qu'il a écrit "Les Pointus". Il a été berné par un producteur pendant un an. Jacques parle peu de lui. Je me demande s'il ne serait pas plus heureux dans la nature à s'occuper de plantes et d'animaux".

Jacques serait-il l'homme parfait ? ". A la maison, il m'aide à faire le ménage et s'occupe de la serre et de l’aménagement de la maison . Il n’arrête pas d’acheter de nouveaux objets, des gadgets. Il faut voir notre cave. On ne peut plus y entrer. Il joue beaucoup avec Thomas qu'il considère comme un copain. Ils s’intéressent aux mêmes films, aux mêmes dessins animés, ils jouent tous les deux à la pétanque, ils jardinent ensemble quand nous sommes en Corse et tous les deux sont très bricoleurs. Avec moi les rapports sont différents, je suis sa mère avant tout, avec tout ce que ça représente d’autorité et de contrepied à prendre. Mais Thomas travaille très bien, à 12 ans et demi il est en quatrième. C'est un fort en maths, passionné de jeux électroniques. Avec l'argent de poche que nous lui donnons pour le récompenser de ses succès scolaires, il n’arrête pas d'en racheter de nouveaux. Moi les jeux ça me fait dormir..."