Mais si tu crois un jour que tu m'aimes / Ne crois pas que tes
souvenirs me gênent / Et cours, cours jusqu'à perdre haleine / Viens me
retrouver." Des mots de Françoise Hardy, que Michel Berger semblait
avoir mis en musique pour chacun d'entre nous. Quand on l'entend
aujourd'hui, au hasard de la FM, l'émotion est encore plus vive.
Françoise Hardy le sait et si elle, si pudique, si discrète, parle de
Michel Berger, c'est pour lui rendre hommage.
Si l'on vous dit "Message personnel" est l'une de vos plus belles chansons ?
Elle
est d'abord liée à la période la plus heureuse de ma vie. Lorsque j'ai
commencé à travailler avec Michel Berger, en 1973, j'étais enceinte et
Thomas est né alors que j'enregistrais mon album. Je garde un souvenir
très précis du jour où Michel Berger est venu me jouer "Message
personnel". J'habitais alors, avec Jacques, un petit appartement sur
l'île Saint-Louis. Michel s'est mis au piano. La mélodie m'a transportée
au septième ciel : pour moi, cela ne faisait aucun doute, ce serait une
grande chanson. Il n'est l'auteur que de la musique, oui, mais en plus,
c'est lui qui a eu l'idée de me faire écrire la partie parlée avant la
partie chantée. Pour le titre, il m'a fallu trois jours de réflexion !
Comment en étiez-vous arrivée à travailler avec Michel ?
Il
me semble que c'est Jean-Marie Périer qui nous a présentés l'un à
l'autre. J'arrivais en fin de contrat dans ma précédente maison de
disques, Vogue, et je ne savais pas trop dans quelle direction aller.
J'avais entendu le disque que Michel venait de produire pour Véronique
Sanson, puis "De l'autre côté de mon rêve". Il m'avait bouleversée. Il
faisait paraître dépassé tout ce qui avait été fait auparavant. Il a
accepté de produire un album pour moi, chez WEA, à condition de ne pas
en composer les mélodies. A moi de trouver des compositeurs et d'écrire
le plus possible de texte. Cela ne l'a pas empêché de revenir sur sa
décision.
Une collaboration idéale.
Pas
toujours, il faut l'avouer, tout simplement parce que, avec Michel, qui
était déjà un homme très occupé, tout ne se faisait qu'au dernier
moment. Or, moi, d'un naturel sans cesse angoissé, j'ai besoin que toute
soit prêt avant. Cela créait donc entre nous des tensions. En plus,
j'étais très impressionnée, bien que Michel ait trois ans de moins que
moi, par son autorité, par son talent. De con côté, lui croyait que je
me prenais pour une star. Ce qui n'a jamais été le cas. Je suis trop
disciplinée, trop soumise, trop laborieuse. Ce qui est vrai, c'est qu'à
l'époque de l'enregistrement j'étais très fatiguée : le dernier biberon
de Thomas était à 1 heure du matin, le premier à 6 heures. En plus de
mes limites vocales, il y avait des jours où je ne pouvais guère
chanter. Michel m'en voulait.
Alors, vous avez cessé de travailler avec lui ?
J'aurais
rêvé de continuer. Lui-même y pensait aussi. C'était l'époque où il
arrivait, lui, en fin de contrat pour WEA et montait sa maison, Apache.
Il m'avait proposé de réaliser un "concept album", un disque où chaque
chanson tournait autour d'un thème central, comme son album. "Entracte",
dont les chansons exprimaient chaque phase d'un amour. Les chansons
d'amour, moi c'est la seule chose qui m'intéressait et m'intéresse
toujours. Trouver un autre thème, ça ne m'intéressait pas. De plus, il
commençait à produire France Gall. Deux chanteuses en même temps, ce
n'était pas possible.
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