Vous êtes pourtant restés très proches.
Je suis
surtout devenue l'une de ses fans. Je n'ai jamais manqué l'un de ses
spectacles ou l'un de ceux de France. Sauf le dernier, parce que je
m'étais fait une entorse. J'ai tous ses disques, que j'écoute très
souvent. Je lui avais adressé un petit mot pour leur disque "Double
jeu", en lui disant que je l'appréciais énormément, de même que mon
fils, Thomas, 19 ans, plus passionné d'habitude par Brel ou Brassens.
Il vous avait répondu ?
Aussitôt.
Il s'étonnait que Thomas ait déjà passé 19 ans et qu'on ait passé tout
ce temps sans se revoir vraiment. Nous avions chacun nos vies de couple.
Jacques (Dutronc), d'autre part, n'a jamais tenu à ce que nous
entretenions des relations avec d'autres chanteurs, sauf Gainsbourg et
quelques autres. Nous ne sommes jamais devenus de vrais amis.
Vous ne l'aviez-pas revu ces dernières années ?
Il
est venu seul, une fois, dîner à la maison. Lui que j'avais connu plein
d'assurance était devenu à la fois plus distant, plus modeste, plus
cool. Il avait mûri tout simplement, peut-être aussi parce qu'il avait
souffert. Sa fragilité m'a touchée, comme son trac, encore pire que le
mien lorsqu'une fois nous avions été réunis sur le plateau de Drucker.
La réussite ne l'avait pas effacé, contrairement à ce que je pensais.
Vous avez du mal à cacher votre chagrin.
J'ai
beaucoup de mal à accepter qu'une existence puisse être prématurément
coupée. Ce qui m'apaise, c'est que Michel soit mort sans s'en
apercevoir. Lui, désormais, est bien là-haut, et puis il continue
d'exister à travers son œuvre. Mais France Gall ? C'est à elle surtout
que je pense. Je ne la connais pas, mais j'ai beaucoup d'admiration pour
l'artiste, pour son talent, sa façon de chanter. Je sais par une de nos
amies communes, Mireille, combien elle est attachée à l'idéal du
couple. En cela, nous nous ressemblons et la disparition de celui
qu'elle aimait est une tragédie.
Isabelle CAUCHOIS
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