Tout au fond de son sol marbré, règne un immense Bouddha tout d'or vêtu illuminé par en dessous au moyen d'une lumière rougeoyante. Un canapé en cuir noir fait face à un fauteuil signé du designer américain Charles Eames. Une lampe champignon Nesso années 1970 orange trône sur une petite table. Peu de plantes, pas de tissus chatoyants, pas de coussins ni de grande table d'invités. Seule une console encombrée d'une collection de boîtes de thé, non pour l'esthétisme mais parce que la maîtresse de maison semble apprécier le breuvage.
Le triplex de Françoise Hardy situé au cœur d'une des artères les plus chic de Paris est on ne peut plus sobre, sans la moindre volonté d'en mettre plein la vue. On ne sait pas si les étages sont tout aussi dénudés, mais on le présume. Au premier, le domaine réservé à Jacques Dutronc, au deuxième, celui de Françoise. Un petit ascenseur conduit les propriétaires à leurs appartements, le seul luxe souhaité par la chanteuse. Et, encore une fois, point de snobisme dans cette exigence, mais une raison toute médicale : Françoise a mal aux genoux, "Je suis en morceaux", dit-elle sans ciller.
Bref, un lieu en phase avec la chanteuse rien de superficiel à signaler, le juste nécessaire.
Elle apparaît sans fards, directe, grave derrière ce petit rire qui fuse comme un volcan au réveil. Mais cela fait longtemps qu'elle a arrêté de bouillir.
Avec l'âge, la sérénité est venue. Ses cheveux blancs, son grand corps maigre, ses yeux noirs habillent sa légende. Elle a été et elle est encore. D'ailleurs, ça l'étonne presque. Elle, qui n'a pas fait de scène depuis plus de trente ans, qui enregistre un disque quand ça lui chante et s'est fait une spécialité d'un passe-temps, l'astrologie. Finalement, elle aurait pu tout arrêter, tout oublier de sa carrière dans la chanson.
L'important n'a jamais été là. L'important a toujours été Jacques. Puis leur fils, Thomas. L'important, ce sont ses hommes. Pourtant, Dieu sait qu'elle en a bavé avec le premier, un courant d'air, puis, heureusement moins, avec le deuxième qui, lui, ne voulait pas la quitter. Un vrai casse-tête. Parfois, elle se plaint qu'on lui parle sans cesse de Jacques mais c'est dit sans amertume, comme une constatation : "Cela ne m'a jamais gênée d'être une "femme de", j'ai toujours eu le sentiment que c'était mieux comme ça que dans l'autre sens, dit-elle. Et puis ça ne me déplaît pas, dans le fond. Même si c'est un peu humiliant de ne pas pouvoir parler d'un album sans évoquer Jacques."
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