samedi 17 juin 2017

12 octobre 1982 - Intimité - Partie 3

Monsieur et Madame Tout-le-Monde

"Vendre du disque", gagner beaucoup d'argent, se "faire voir", le plus important pour elle, de toute façon, est ailleurs…
Françoise Hardy ou le contraire de l'arrivisme. Ayant eu, à un moment donné, tous les atouts en main pour "planifier" une carrière de star, elle a préféré vivre "autrement" et préserver sa vie de femme, protéger sa vie de mère.
Avec Jacques Dutronc bien sûr ! Dutronc le plaisantin, Dutronc le cynique. Dutronc le dilettante. Songez que tous les deux se connaissent depuis une quinzaine d'années, une "vieille" histoire… conclue l'an passé par un mariage "dans les règles".
Françoise et Jacques forment un couple étonnant. Un couple tranquille, qui mène – pratiquement – l'existence de monsieur et madame Tout-le-Monde, n'essaie pas de faire parler de lui (ce serait même plutôt le contraire : Jacques tourne ses films, disparait ; et Françoise fait de même avec la chanson), ayant décidé une fois pour toutes que ce métier du spectacle était un métier comme un autre – ni plus ni moins qu'un autre – et vivant loin des quartiers "show-business" (mais pas très loin du regretté Patrick Dewaere) dans leur maison familiale au cœur du populaire quatorzième arrondissement de Paris.

Un couple exemplaire d'un nouveau type de vedettes, d'une nouvelle génération d'anti-stars qui (comme Dewaere, Miou-Miou, Gérard Jugnot ou Michel Blanc au cinéma ; comme Yves Duteil, Souchon ou Balavoine dans la chanson) ont fait vieillir d'un coup ceux dont la vie personnelle était à l'image de leur vie d'acteur – ou de chanteur ou d'artiste en général – c'est-à-dire spectaculaire.
A la limite, si vous demandez à Françoise une cassette de son dernier album ou à Jacques le planning de son prochain tournage, ils ne l'ont pas. Mais demandez-leur des nouvelles de leur fils Thomas et ils vous sortiront immédiatement une photo des plus récentes !

Hardy-Dutronc, c'est ça, d'une sobriété totale, complètement "en marge" du métier. Aux antipodes de ce qui se faisait il y a vingt ans, lorsqu'aucun artiste ne pouvait, sans déchoir, abandonner "la représentation", le stress et les paillettes. Naturels, décontractés, aucune part d'excentricité (Jacques Dutronc, l'"enfant terrible" des années 60, est devenu… un père tranquille), d'exhibitionnisme dans leur démarche.
Un jardin secret

Comme Patrick Dewaere, Miou-Miou, Gérard Lanvin ou Daniel Auteuil, comme Romain Bouteille et la célèbre équipe du Café de la Gare, qui furent à l'origine de cette petite révolution, ils "n'en font pas" plus dans la vie que sur le grand ou le petit écran. Ayant su préserver leur jardin secret – et c'est là sans doute qu'ils puisent ce remarquable équilibre professionnel -, restant très attachés à la famille, aux enfants, bref ! aux véritables valeurs traditionnelles, on a l'impression que le cinéma ou la chanson, pour eux, c'est vraiment un minimum de temps pris sur le quotidien.

Calme, sage, sans histoire, presque bourgeois (je le répète monsieur et madame Tout-le-Monde), le ménage Dutronc-Hardy, c'est l'opposé du couple explosif Hallyday-Vartan. On pourrait paraphraser "Match" en le présentant ainsi : "Il est Taureau, elle est Capricorne, et ils ont tous les deux trente-huit ans. Passion commune : Thomas, huit ans".

MD

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