"Pour ce disque, je ne voulais pas de producteur. Pendant des années, c'est Gabriel Yared qui a tenu ce rôle pour moi, et j'en suis extrêmement fière, c'est avec lui que j'ai enregistré des chansons de très grande qualité. Mais il y a toujours des conflits, sur le choix des chansons, sur les arrangements. On m'a conseillé quelques personnes, des Anglais, mais ça n'a pas marché tout de suite comme je l'aurais voulu. J'ai fini par rencontrer Steven Short, que j'ai chargé de trouver des musiciens et ensuite de les canaliser. En trois semaines, ils ont fait les programmations, à Londres, et quand je suis arrivée au studio, au lieu de tomber sur les cinq musiciens que je m’attendais à voir, il n'y avait qu'un énorme synclavier avec un seul musicien. J'étais un peu inquiète, mais on m'a expliqué que c'est ainsi que tout le monde travaille en Angleterre, alors je me suis inclinée.
Mais je reste sur une certaine frustration, parce que la réalisation de ce disque n'a pas été ce que je souhaitais. Moi je voulais un esprit guitare électrique ! Comme j'avais été enthousiasmée par le dernier Stranglers, j'ai pensé à un moment à Jean-Jacques Burnel, parce qu'il avait travaillé avec Jacques. Je savais qu'il me connaissait et qu'il serait intéressé de travailler avec moi. Je n'ai jamais eu l'occasion de le rencontrer, mais Étienne Daho, à Londres lui a parlé de mon admiration pour ce album. Burnel lui a dit qu'il serait ravi que je vienne passer un mois chez lui pour répéter avec le groupe. Et j'ai eu peur de ça, je l'avoue. Maintenant que j'ai eu tous ces problèmes, je me dis que c'était une opportunité que je n'aurai plus jamais, et que j'ai fait l'erreur de ma vie. Tant pis !
Je regrette aussi de ne pas avoir eu l'audace de travailler avec Étienne. Si j'avais entendu le disque qu'il a fait pour Dani, au moment où je cherchais quelqu’un pour réaliser mon album, je lui aurais sûrement demandé. Mais à ce moment là, les deux disques qu'il avait produits, Tess et les Max Valentins, ne me plaisaient pas. Je me suis laissée rebuter par ça, c'était tellement éloigné de ce que j'aime. J'ai eu tort, j'aurais dû me baser sur ce qu'il fait pour lui-même, que j'adore. Voilà deux regrets, d'avoir eu peur des Stranglers et peur d’Étienne. Cela dit, j'aurais peut-être eu d'autres déboires avec eux !
Tout ça est devenu trop compliqué, en tout cas pour moi. C'est bien de continuer à faire des disques quand on les fait comme Étienne justement, c'est à dire qu'on est suffisamment technicien et musicien pour pouvoir s'impliquer dans la production. Moi, à part des indications de temps en temps, je ne suis pas assez musicienne pour m'impliquer davantage. L'avenir, et le présent, sont aux gens polyvalents qui sont à la fois auteurs, interprètes et producteurs. Mois je suis auteur, c'est tout ce que je sais faire, en fait. Même pas interprète. Écrire des paroles, je sais que je peux le faire, aussi bien que certains, mieux que d'autres et peut-être aussi moins bien que des gens comme Gainsbourg, par exemple. Mais je sais faire ça. Et ça n'est pas suffisant."
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