mercredi 22 novembre 2017

Interview pour Canal + - Partie 7

Gilles VERLANT : En 1968, Gainsbourg accepte d’écrire le texte d’une chanson sur une musique qui n’est pas de lui, "Comment te dire adieu" ...

Françoise HARDY : C’était une idée de mon agent qui ne m’emballait pas au dernier degré. Ne prenez pas cela pour de l’orgueil ou de la prétention mais à l’époque, tout le monde demandait des chansons à Serge. Je ne me considère pas comme une interprète, mon seul apport, c’est ce que je mets dans mes textes et c’est pourquoi je préfère chanter mes propres chansons, même si elles sont moins fortes que celles de Serge Gainsbourg ou d’autres. Quand je l’ai rencontré, il habitait dans un appartement envahi par de sublimes photos de Brigitte Bardot. Il était clair qu’il était très amoureux et j’avais trouvé ça très touchant de sa part d’afficher comme ça son amour. J’ai finalement été ravie de chanter "Comment te dire adieu", qui a été un gros succès. Et puis, cela a surtout été le début d’une amitié qui a duré jusque la fin de sa vie, je me sens très très privilégiée de l’avoir connu.

Gilles VERLANT : Au début des années 70, vous décidez de vous autoproduire et coup sur coup vous sortez des albums qui sont autant de disques "cultes" : "Soleil", "La question" et "Et si je m’en vais avant toi" ...


Françoise HARDY : J’ai signé un contrat très intéressant, qui me donnait des garanties financières tout en me laissant une totale liberté - un rêve ! Sur les trois albums que vous citez, mon préféré est sans doute "La question", que j’avais fait avec Mon amie brésilienne Tuca. Ce disque c’est fait dans une atmosphère d’amitié et de grande complicité ... J’en étais très fière, cet album m’a donné l’impression d’avoir grandi artistiquement, même s’il n’a pas marché du tout ... J’ai toujours eu deux grandes directions dans ma carrière : les belles chansons lentes, mélancoliques, avec de belles cordes, et les chansons plus rock, avec des mélodies plus simples et des bases rythmiques plus musclées. J’ai été enregistrer ensuite en Angleterre, avec des musiciens fantastiques, un album dans ce style, dont j’avais composé presque tous les titres. Là aussi, j’étais très fière du résultat et le disque n’a pas mieux marché que le précédent. Mais bon, ces disques existent encore, et comme vous le dites, ils sont appréciés des fans !

Gilles VERLANT : Justement, à quoi ressemble un fan de Françoise HARDY ?


Françoise HARDY : J’ai toujours eu l’impression que mes fans me ressemblent. Aux fond d’eux-mêmes, ils ont les mêmes tourments, le même type de sensibilité sinon ils n’apprécieraient pas mes chansons. Tout comme moi quand je suis touchée par d’autres artistes ... Je crois que chaque personne porte en elle une certaine vibration et qu’on est comblé quand on entend cette vibration particulière exprimée par un autre, dans quelque domaine que ce soit, la peinture, la musique ou autre chose.

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