Gilles VERLANT : En 1968, Gainsbourg accepte d’écrire le texte d’une
chanson sur une musique qui n’est pas de lui, "Comment te dire adieu"
...
Françoise HARDY : C’était une idée de mon agent qui ne
m’emballait pas au dernier degré. Ne prenez pas cela pour de l’orgueil
ou de la prétention mais à l’époque, tout le monde demandait des
chansons à Serge. Je ne me considère pas comme une interprète, mon seul
apport, c’est ce que je mets dans mes textes et c’est pourquoi je
préfère chanter mes propres chansons, même si elles sont moins fortes
que celles de Serge Gainsbourg ou d’autres. Quand je l’ai rencontré, il
habitait dans un appartement envahi par de sublimes photos de Brigitte
Bardot. Il était clair qu’il était très amoureux et j’avais trouvé ça
très touchant de sa part d’afficher comme ça son amour. J’ai finalement
été ravie de chanter "Comment te dire adieu", qui a été un gros succès.
Et puis, cela a surtout été le début d’une amitié qui a duré jusque la
fin de sa vie, je me sens très très privilégiée de l’avoir connu.
Gilles
VERLANT : Au début des années 70, vous décidez de vous autoproduire et
coup sur coup vous sortez des albums qui sont autant de disques "cultes"
: "Soleil", "La question" et "Et si je m’en vais avant toi" ...
Françoise
HARDY : J’ai signé un contrat très intéressant, qui me donnait des
garanties financières tout en me laissant une totale liberté - un rêve !
Sur les trois albums que vous citez, mon préféré est sans doute "La
question", que j’avais fait avec Mon amie brésilienne Tuca. Ce disque
c’est fait dans une atmosphère d’amitié et de grande complicité ... J’en
étais très fière, cet album m’a donné l’impression d’avoir grandi
artistiquement, même s’il n’a pas marché du tout ... J’ai toujours eu
deux grandes directions dans ma carrière : les belles chansons lentes,
mélancoliques, avec de belles cordes, et les chansons plus rock, avec
des mélodies plus simples et des bases rythmiques plus musclées. J’ai
été enregistrer ensuite en Angleterre, avec des musiciens fantastiques,
un album dans ce style, dont j’avais composé presque tous les titres. Là
aussi, j’étais très fière du résultat et le disque n’a pas mieux marché
que le précédent. Mais bon, ces disques existent encore, et comme vous
le dites, ils sont appréciés des fans !
Gilles VERLANT : Justement, à quoi ressemble un fan de Françoise HARDY ?
Françoise
HARDY : J’ai toujours eu l’impression que mes fans me ressemblent. Aux
fond d’eux-mêmes, ils ont les mêmes tourments, le même type de
sensibilité sinon ils n’apprécieraient pas mes chansons. Tout comme moi
quand je suis touchée par d’autres artistes ... Je crois que chaque
personne porte en elle une certaine vibration et qu’on est comblé quand
on entend cette vibration particulière exprimée par un autre, dans
quelque domaine que ce soit, la peinture, la musique ou autre chose.
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