Gilles VERLANT : Sachant que nous allions interviewer Jacques en
Corse, vous m’aviez demandé de lui poser la question : les avait-il
écoutées, ces chansons ?
Françoise HARDY : Je crois que dans
une relation tout est circulaire : l’attitude de l’un fait réagir
l’autre ... Chacun réagit à l’autre et c’est très difficile de sortir de
ce cercle vicieux, ça prend surtout énormément de temps pour prendre
conscience qu’on est dans un cercle vicieux ! Aujourd’hui, j’ai
suffisamment réfléchi à la nature des relations sentimentales et
amoureuses mais je sais qu’avant, dans les moments les plus difficiles,
je pensais que les difficultés venaient davantage de l’autre. Maintenant
je m’aperçois que cette attitude, trop inconditionnelle, acceptant
tout, n’est pas la bonne. Ce n’est pas de cette façon que l’on évolue ni
que l’on aide l’autre à évoluer, au contraire : on renforce son égoïsme
s’il est égoïste, sa désinvolture, son immaturité s’il est immature. Il
ne faut pas répondre aux demandes de l’autre, mais à ses vrais besoins.
Mais quand on est jeune, on ne pense pas à ça. C’est la dernière des
choses à faire que trop manifester à l’autre le besoin que l’on a de lui
: une attitude de dépendance excessive déséquilibre la relation, ce qui
la condamne à l’avance, ou tout du moins lui nuit.
Gilles
VERLANT : De la fin des années 70 au milieu des années 80 vous
travaillez avec Gabriel Yared et Michel Jonasz : au fil des disques on
se souvient de tubes comme "J’écoute de la musique saoule", "Jazzy retro
Satanas", "Tamalou" ou "Tirez pas sur l’ambulance". Et puis il y a
Etienne Daho qui écrit un livre sur vous, avec Jérôme Soligny, un livre
intitulé "Françoise HARDY - Superstar et ermite" ...
Françoise
HARDY : Je ne me reconnais pas dans le terme "Superstar", c’est trop
extérieur à moi, j’ai du mal à l’évaluer, encore plus à en parler.
Ermite, par contre, je m’y reconnais assez parce que c’est vrai que j’ai
une propension exagéré à l’isolement. Il y a dans la solitude une
liberté fantastique pour quelqu’un qui, comme moi, a toujours besoin de
lire, d’écouter des disques, de regarder des films ou d’écrire, bref de
faire des choses que l’on ne peut faire bien que dans la solitude.
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