Gilles VERLANT : Quand vous rencontrez Michel Berger, qui vous écrit "Message personnel" en 1972, vous en étiez fan ?
Françoise
HARDY : J’avais adoré le premier disque de Véronique Sanson, qui
m’avait complètement bouleversée. D’abord parce que c’est un disque
merveilleux, ensuite parce qu’il faisait prendre un coup de vieux à
toutes les chanteuses qui avaient précédé Véronique, moi comprise ! Je
savais évidemment que Michel Berger y avait participé, il avait
également sorti un album sous son nom dont j’adorais toutes les
chansons. J’ai donc rencontré Michel ... Quand il m’a amené "Message
personnel", j’ai eu un déclic instantané ... C’est très difficile
d’expliquer la magie d’une chanson. On la reçoit ou pas. Moi, je l’ai
reçue à 100%, elle faisait vibrer en moi des cordes très sensibles comme
d’ailleurs beaucoup de ses mélodies. Quelque chose de très sentimental,
qui parle au cœur ...
Gilles VERLANT : Le titre de la chanson ne figure pas du tout dans les paroles, ce qui y est rare ...
Françoise
HARDY : Michel avait écrit les couplets et les refrains chantés mais il
m’a demandé d’écrire toute la partie parlée de l’introduction. Ensuite
s’est posée la question du titre. Je n’ai pensé qu’à cela pendant trois
jours et trois nuits et puis subitement les mots "message personnel" me
sont venus à l’esprit, je lui ai téléphoné, il m’a dit c’est parfait, on
le garde !
Gilles
VERLANT : En parlant de message personnel, en 1974 vous sortez un album
qui s’appelait "Entracte", et qui était comme une mise en garde d’après
ce que j’ai compris ...
Françoise HARDY : Il racontait une
aventure d’un soir, une aventure souhaitée et vécue par une femme qui se
sent délaissée et qui espère raviver aussi l’amour de l’autre. J’ai
fait ce disque dans cet esprit, mais ce que j’y disais était plus
imaginaire qu’autobiographique ...
Gilles VERLANT : Il ne fait
pas de mystère, pour ceux qui connaissent vos chansons, qu’elles
s’adressent souvent à quelqu’un qui ne les entend, qui ne les écoute pas
forcément ...
Françoise HARDY : Effectivement, mais en
faisant cela je me faisais du mal parce qu’en amour ce n’est jamais
l’autre qui fait souffrir, on se fait du mal soi-même ... Donc mes
chansons sont toujours sorties de cette espèce de douleur, de
frustration, d’aspiration plus ou moins violente et plus ou moins déçue à
chaque fois. En même temps, faire une chanson pour l’autre, c’est
toujours avec l’espoir de l’émouvoir, surtout quand il parait
insensible. Je n’ai jamais su si l’autre les avait écoutées, j’ai même
toujours eu l’impression du contraire, mais ce n’est pas très important.
Une fois que la chanson est faite, on s’est libéré d’un poids, avec sa
souffrance on a tenté de faire quelque chose de joli ou d’émouvant ...
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