Gilles VERLANT : Dans la famille yéyé de la première partie des années
soixante, vous passiez plutôt pour l'intellectuelle, la rêveuse de la
bande ...
Françoise HARDY: Je ne sais pas pourquoi l'on m'a faite
cette réputation d'intellectuelle - peut-être parce que j'écrivais les
paroles de mes chansons, contrairement à la plupart de mes consœurs et
confrères ... Mais mes textes n'avaient rien de très sérieux, ils
étaient extrêmement sentimentaux. Une intellectuelle, c'est quelqu'un
qui se sent bien dans le monde des idées, qui m'est tout à fait
étranger. Je fonctionne surtout au sentiment et à la sensation !
Gilles VERLANT : A vos débuts, Philippe Bouvard vous avait trouvé un surnom légumier ...
Françoise
HARDY : Il m'avait baptisée "l'endive du twist" et j'avoue que ça
m'avait fait rire, parce que c'était surprenant et en même temps, ça me
correspondait relativement. N'oublions pas que l'endive est un légume de
luxe, délicat et un peu pâle ! Lorsque plus tard j'ai monté ma première
petite société de production, je l'ai appelée Asparagus, pour répondre à
tous ceux qui me traitaient de grande asperge.
Gilles
VERLANT : On parlait de concerts à Londres, vous faisiez également des
tournées en France, mais vous arrêtez tout en 1968 ... Parce que vous
n'aimiez pas la scène ?
Françoise HARDY : Faire de la scène
oblige à voyager sans cesse, donc à ne jamais être chez soi et surtout à
toujours devoir quitter la personne avec qui l'on a envie d'être. En
plus, à cette époque là, je vivais avec le photographe Jean-Marie
PERIER, qui lui-même était tout le temps en voyage. Donc, la scène a
tout de suite été associée pour moi à des déchirements et des
séparations. Je ne parlerai pas de mes premières tournées, en 62-63,
j'étais totalement inconsciente, je réalisais à peine ce que j'étais en
train de faire. Plus tard, j'ai commencé à éprouver un relatif plaisir à
être sur scène quand j'ai eu de meilleurs musiciens. Mais j'avais
tellement le trac, tellement peur d'oublier mon texte, que ces angoisses
prenaient le dessus. Depuis 1968, je ne suis plus remontée sur une
scène et il n'est pas question que j'y retourne un jour !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire