mardi 28 août 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (12ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Françoise : Je dis très souvent que tu es beaucoup plus aimable et surtout plus ouvert à autrui que nous. Ça corrobore un peu ce que tu viens de dire. Il est certain que nous sommes assez fermés, assez misanthropes au fond. Et ton père pas plus ni moins que moi ! Nous sommes misanthropes mais Thomas est très, très différent. Il a beaucoup plus de "mobilité" que moi, en tous cas. Son père a sûrement plus de souplesse que je n'en ai. Je ne suis pas quelqu'un de souple ni de mobile, et je ne suis pas ouverte à tout ce qui se présente. La disponibilité bienveillante de Thomas m'a toujours épatée, cette absence d'a priori vis-à-vis des autres. D'ailleurs, la plupart du temps, quand quelqu'un me parle de lui, c'est pour me dire : "Comme il est gentil, comme il est ceci, cela..." Ce que moi je ne suis pas. Moi, je me suis toujours tenue à l'écart, j'ai toujours été en retrait, j'ai toujours eu peur des autres, je ne me suis jamais mêlée aux autres. Mais par un inconfort psychologique profond.

Thomas : Alors qu'on fond tu as une vraie gentillesse, un cœur en or, qui n'est pas forcément visible. Mais c'est la forme qui me fatigue. Maintenant ça fait longtemps que tout va bien, mais ça pouvait me fatiguer cette rigidité, comme ça, dans les rapports quotidiens.

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Françoise : J'ai été élevée par une femme seule qui ne voyait personne. Jamais personne. J'ai eu une enfance en vase clos, ça ne favorise pas l'ouverture ! Finalement, il n'y avait pas plus différents de ma mère que les parents de Jacques, et pas plus différent de moi que ton papa. On est quand même très, très différents. Donc, il a eu affaire à deux catégories de gens excessivement opposés ! (Elle rit.). Il me semble, non ? Parce que tes grands-parents étaient très doux, très gentils, assez permissifs quand même.

Thomas : Oui, alors que ta mère était très spéciale, vraiment très particulière. (Silence.). Adorable aussi, mais très solitaire.

Françoise : Solitaire et sauvage. C'était un dragon !

Thomas : Elle lançait des éclairs avec les yeux.

Françoise : Oui, oui, elle pouvait faire peur !

Thomas : En tous cas, elle vous a eues, toi et ta sœur, d'un type qui était marié par ailleurs, et elle n'a jamais vraiment été en ménage.

Françoise : Non, jamais, jamais.

samedi 25 août 2012

Françoise Hardy dans Big (premier extrait)

En 1965, le magazine Big (numéro 21) annonçait la venue prochaine de Françoise Hardy en Italie..

Françoise Hardy participera au festival de Sanremo. L'année dernière on annonçait la même chose. Cette fois, cependant, c'est certain à cent pour cent : ses représentants italiens s'engageraient par écrit sur du papier timbré. Et c'est pour ce motif que nous avons dédié à la belle française notre première page. Il est difficile de parler d'elle, quand d'elle on sait tout et quand, surtout, dans la vie privée de cette fille timide et ombrageuse il ne se passe rien, absolument rien de nouveau. Jean-Marie Périer est toujours là, à sa place, fidèle comme une gouvernante vénétienne. Les amis de Françoise sont toujours les mêmes, le petit chien aussi et ses cheveux sont toujours de la même couleur. Si elle s'était au moins écorchée au doigt ! Peine perdue ! Rien.

Tenterons-nous de parler de son visage de petit singe ? Déjà, je sens ses ongles se planter dans mon cou. Pourtant, quand elle avance sa mâchoire légèrement en avant, elle ressemble vraiment à un anthropoïde gracieux, avec son nez légèrement retroussé, ses fortes pommettes, le menton volontaire et les joues creuses. Puis ces cheveux longs et lisses encadrent son visage fermé et triste. Enfin, grande comme elle est, élancée et chic, pour un singe elle est vraiment une fille merveilleuse.

Qui sait ce qu'il adviendra à Sanremo. Talentueuse, elle l'est, belle elle l'est, populaire tout autant. Et si elle était éliminée dès la première soirée?


Françoise Hardy

Texte d'origine :
"Françoise Hardy verrà al festival di Sanremo. Anche l'altro anno si diceva la stessa cosa. Questa volta, pero, e sicuro al cento per cento : i suoi rappresentanti italiani lo scriverebbero sulla carta da bollo. E per questo motivo che abbiamo dedicato alla bella, angolosa francesina la nostra prima pagina. E' difficile parlare di lei, quando di lei si sa tutto e quando, soprattutto, nella vita privata di questa ragazza timida e scontrosa non accade nulla, assolutamente nulla di nuovo. Il Jean-Marie Perier è sempre li al suo posto, fedele come una governante veneta, gli amici di Françoise sono sempre gli stessi, il cagnolino anche ed i suoi capelli sono sempre dello stesso colore. Si fosse almeno scorticata un dito, macchè, niente.
Vogliamo provare a parlare del suo visetto da scimmietta ? Già mi sento le sue unghie conficcarsi nel moi collo. Eppure quando sporge leggermente la sua mascella in avanti, assomiglia veramente ad un grazioso antropoïde, con quel nasino leggermente camuso, gli zigomi forte, il mento volitivo e le guance incavate. Quel capelli lunghi e lisci, poi, incorniciano il suo volto ermetico e triste. Insomma, alta com'è, slanciata e chic, è veramente, scimmia a parte, una ragazza meravigliosa. Chissà che cosa combinerà a Sanremo. Brava è brava, bella è bella, popolare anche. E se venisse scartata alla prima serata ?"

mardi 21 août 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (4ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

MES COMPLEXES ont grandi avec moi. Quand j'ai commencé, à l'école, à dépasser toutes les autres d'une tête, à être toujours d'une année à l'autre, la plus jeune, la plus grande, la plus maigre et la plus moche, je me suis mise à devenir tellement gauche, tellement mal dans ma peau qu'il ne me restait qu'une solution : devenir aussi la première de la classe. La forte en thème, la besogneuse méprisée des cancres bien plus doués et bien habillés.

Françoise Hardy

ÊTRE AMOUREUSE, c'est être malheureuse : inquiète, jalouse, jamais tranquille ! Mais quand on ne l'est pas, c'est fou ce qu'on s'ennuie. Être heureuse, ce n'est pas un état, c'est une grâce qui vous est accordée cinq minutes par semaine... ou par mois. Ou jamais. Généralement la grâce de désirer très fort quelque chose qui va enfin se réaliser. Le bonheur c'est le cœur qui bat, la tête qui éclate, la gorge sèche. C'est fou ou ça n'est pas. Dès qu'on s'installe dans le ronron, on s'ennuie.

samedi 18 août 2012

Françoise Hardy interviewée par la RTS (1er extrait)

Le 17 juillet 1963, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission radiophonique Visiteur d'un soir de la RTS, la Radio Télévision Suisse.

Françoise Hardy tout d'abord bonsoir.
Bonsoir

Mais la question que j'aimerais vous poser si vous le permettez d'abord c'est une question que vos jeunes admirateurs et vos jeunes admiratrices m'ont posée cet après-midi. Alors ils m'ont d'abord demandé de vous présenter vous-même, de vous demander quel âge vous avez . Alors ça, si vous ne voulez pas répondre, vous ne répondrez pas (rires)
Pourquoi je ne répondrais pas? J'ai eu 19 ans au mois de janvier dernier.

 Interlude "Une fille comme tant d'autres" 

Et les garçons aimeraient savoir si vous aimez les voitures…
Oh bien sûr j'aime les voitures enfin c'est pas une passion mais j'aime ça. C'est très agréable et très pratique.

Françoise Hardy

Les filles aimeraient savoir si vous aimez porter des jupes twist…
Qu'est-ce qu'on appelle des jupes… des jupes "cloche" un peu ?
Oui
Je ne porte que ça.
Avec des petites bretelles ?
Non, sans bretelles.

Et votre coiffure. Est-ce que vous vous coiffez toujours ainsi ou est-ce qu'il vous arrive de vous faire soit un chignon soit…
Oui alors il m'est arrivé, mais uniquement pour des besoins de photo, de me faire faire des chignons énormes d'ailleurs avec des boucles postiche. C'est très amusant et ça me change tout à fait mais en fait je reste coiffée toujours comme ça.

 Interlude "On se plait" 

mardi 14 août 2012

Françoise Hardy interviewée par Gérard Miller (3ème extrait)

En 2010 paraissait Le divan et le confessionnal de Gérard Miller, un livre reprenant les entretiens marquants de l'auteur avec des personnalités pour le compte du magazine chrétien La vie. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Aujourd'hui, à chaque nouvel album, on vous couvre de lauriers. J'imagine que vous vous êtes depuis longtemps réconciliée avec vous-même.
Non, chanter m'est toujours aussi difficile. Je me dis sans cesse que je devrais être plus performante. J'admire Julien Clerc, qui a pris des cours de chant toute sa vie, j'aurais dû faire comme lui. Je n'aurais peut-être pas été capable pour autant de faire de la scène, mais j'aurais été moins handicapée par ma voix ou par le rythme.


Françoise Hardy - Gérard Miller

Qu'est-ce qui vous a fait défaut ? La détermination ?
C’est le moins que je puisse dire. Je n'ai jamais eu de vraie détermination. Encore aujourd'hui, lorsque j'ai envie de faire quelque chose avec quelqu’un, je n’ose pas le lui demander, j'ai trop peur de l'importuner. C'est comme ça, la plupart du temps, je suis dans une position masochiste, à plat ventre devant les gens que j'estime, et dès qu'il y a le moindre risque de les embarrasser, je pars en courant.

samedi 11 août 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (3ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Une analyse crue qui n'exclut pas les souvenirs, plus ou moins bons. Ceux des fêtes de famille, lorsque Françoise et sa sœur économisaient sur l'argent du pain au chocolat de quatre heures afin d'offrir un petit cadeau à maman lorsqu'arrivait son anniversaire. Celui du jour aussi où sa mère lui avait offert une robe en vichy - parce qu'elle adorait Brigitte Bardot et punaisait des photos d'elle dans sa chambre : "Maman avait voulu me faire plaisir avec cette robe. Hélas : une fois enfilée, ce fut une catastrophe ! "

Françoise Hardy avec sa soeur, son père, sa grand-mère

Souvenirs encore des baptêmes et des mariages de la "ribambelle de gosses" d'un ouvrier employé par sa mère. Depuis, jure-t-elle, elle a toutes ces fêtes-là en horreur ! Souvenirs aussi de scolarité chez les sœurs, période délicate pour une fillette solitaire : " J'étais tellement mal dans ma peau que je n'avais pas d'amie", se souvient la chanteuse. "Ma mère n'en avait d'ailleurs pas non plus. De plus, j'étais dans une école religieuse payante où la plupart des filles venaient d'un milieu aisé, alors que ma mère tirait le diable par la queue. C'était mon père, issu de la grande bourgeoisie, qui avait imposé cela, tout en payant mes études avec un retard considérable. Nous le voyions trois fois par an ; il me manifestait une grande affection et je l’idéalisais en conséquence, mais, arrivée à l'âge adulte, je me suis aperçue qu'il était au moins aussi névrosé que ma mère."

mardi 7 août 2012

Les rendez-vous d'automne de Françoise Hardy


L'automne de Françoise Hardy sera doublement sous le signe de L'amour fou.


3 octobre 2012 : sortie du roman "L'amour fou"

L'amour fou est en effet le titre retenu par Françoise Hardy pour son premier roman à paraître le 3 octobre 2012 aux éditions Albin Michel.

Le roman décortiquera l'histoire d'amour de deux êtres que tout oppose... Françoise Hardy prend le parti pris d'une narration axée sur la perception du personnage féminin. Aucune des grandes étapes de l'amour fou n'est oubliée : le bien-être des débuts, la puissance de la passion, l'émergence de la jalousie, les blessures liées au manque, jusqu'à l'inéluctable désillusion plus ou moins destructrice.

Françoise Hardy avait maintes fois réfuté le statut d'écrivain que les journalistes voulaient lui attribuer lors de la sortie de ses mémoires (Le désespoir des singes et autres bagatelles édité en 2008 chez Robert Laffont). Elle pointait en particulier un certain manque d'imagination. Elle contourne la difficulté en abordant un thème qui lui est particulièrement cher (ne serait-ce qu'au niveau de son œuvre musicale) avec un roman en forme de "fiction-confession" où un couple se lance dans une relation passionnée et autodestructrice.

L'éditeur présente le roman ainsi : "Ce n’est pas André Breton qui a inspiré ce titre, mais la folie dans laquelle bascule celle qui aime, parce qu’elle aime. Ce roman est une analyse précise de la passion qui unit deux êtres aussi dissemblables que possible, incapables de se séparer. Une sorte de Princesse de Clèves moderne, où la description des ravages de l’amour, ses attentes, ses déceptions, ses désillusions et ses espoirs frappent avec la même force que chez Madame de Lafayette. Françoise Hardy soupèse et décrypte, les unes après les autres, les étapes qui mènent une femme de l’amour plein d’espoir aux souffrances suraiguës de la jalousie et du manque. Erotique par sa puissance suggestive, intense, ce livre crée un suspense amoureux qui fait qu’on le dévore de la première à la dernière ligne. Enfin, sans doute à cause de ce souci d’authenticité qui caractérise Françoise Hardy, c’est sa voix qu’on entend, et son portrait sentimental qui se dessine en filigrane dans cette fiction-confession. Françoise Hardy a marqué plusieurs générations, inspiré les plus grands artistes. Au fil du temps, l’idole des années 60 est devenue une véritable icône, en France et dans le monde. Son autobiographie, Le désespoir des singes (oct 2008, Robert Laffont), s’est vendue à 450 000 ex."

Françoise Hardy - L

12 novembre 2012 : sortie de l'album "L'amour fou"

L'amour fou est aussi le titre retenu par Françoise Hardy pour son prochain album à paraître le 12 novembre 2012.

L'album reprendra donc le titre du roman ! Ce titre sera aussi celui d'une des chansons de l'album composée par Thierry Stremler. Les premières collaborations de Thierry Stremler avec Françoise Hardy remontent à Tant de belles choses en 2004 (avec les deux chansons : Soir de gala, Grand hôtel) . Il est également intervenu sur La pluie sans parapluie en 2010 (sur le titre : Mieux le connaître). Pour L'amour fou sa contribution est donc encore plus ouvertement mise à l'honneur.

Ce nouvel album verra aussi le retour d'autres signatures déjà connues comme Calogero (qui avait collaboré à La pluie sans parapluie en 2010 sur le titre : Noir sur Blanc) ou Julien Doré (avec qui Françoise Hardy avait enregistré en 2011 le duo BB baleine).

Au-delà de ces artistes de renom, l'album permettra de découvrir de nouvelles collaborations visant à cultiver l'univers favori de la chanteuse : la veine intimiste où sa voix de velours déroule des confidences sentimentales . Comme à l’accoutumée, les textes seront majoritairement ciselés de la main de Françoise Hardy elle-même.

A l'instar de Message personnel sorti en 1973, l'album L'amour fou ne contiendra que dix chansons. Souhaitons lui le même succès commercial !

samedi 4 août 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (11ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Thomas : Vous avez beau faire tout ce qui est en votre pouvoir, vous ne pouvez pas empêcher que les gens soient là à vous regarder, à vous écouter.

Françoise : Oui, c'est très agaçant. le revers que j'ai constaté souvent - je vais dire quelque chose d'une banalité affligeante - c'est que si un jour on n'est pas de très bonne humeur ou si on fait une critique, alors là, c'est comme si on condamnait la personne à perpétuité. Tout prend des proportions démesurée simplement parce qu'on est plus ou moins connu. Moi, ma notoriété, je l'ai toujours relativisée au maximum, donc ça me paraît étrange que ça modifie les rapports avec tout le monde, y compris avec sa famille. D'une certaine manière, ça intimide. Avec ma mère, j'ai constaté ça aussi : j'ai découvert qu'elle me cachait plein de choses, pour ne pas me contrarier. (Silence.) Ça maintient en enfance quand les gens se comportent vis-à-vis de vous comme si vous étiez une sorte de Dieu le Père. Je dirais que ça maintient en immaturité.

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Thomas : Personnellement, je pense que tu es une personne excellente, douée et tout ça, mais je trouve que par rapport à la célébrité tu as justement une exigence un peu élevée vis-à-vis du commun des mortels. J'ai vécu cette exigence. Et tant mieux parce que j'ai réussi à m'en sortir, mais je pense que tu es un peu dure avec les gens et peut-être avec toi-même. je pense que tu es un peu dure avec la nature humaine.

Françoise : Mais par exemple ? A quoi penses-tu précisément ? Là, c'est abstrait pour moi ce que tu dis...

Thomas : Je ne sais pas. Je sais que c'est un gros défaut de la famille. Et j'ai ce même défaut : celui de ne pas se mettre à la place des autres.

Françoise : Pourtant, moi, je fais des efforts ! Alors vraiment !

Thomas : Tu fais des efforts, oui. Je pense qu'on revient de loin. Tu fais des progrès.

Françoise : Quand je me mets à la place des autres, j’accepte de faire ce qu'ils veulent que je fasse. Mais quand je ne m'y mets pas, c’est non, systématiquement non ! (Elle rit.)

Thomas : Oui, c'est ça.