mercredi 30 octobre 2013

Françoise Hardy dans Salut les copains n° 31 (2ème extrait)

En février 1965, le magazine Salut les copains consacrait un numéro spécial qui racontait "tout tout tout sur Françoise Hardy". Raymond Mouly retraçait son parcours.

Février 1961. Elle a dix-sept ans. Elle ne se prend toujours pas au sérieux, mais elle est forte d'un bon sens dont la candeur _ toute cartésienne_ laisse pantois ("Je compose, paroles et musique, deux ou trois chansons par semaine. Je les chante. Donc, je suis chanteuse"). Elle n'a pas abandonné ses études, elle ne s'est pas fâchée avec sa mère, elle n'est pas dévorée par le feu de la vocation, elle a raté sa première audition.

Françoise Hardy

Quel souvenir garde-t elle de cet échec ? Demandons-le-lui :
_ Un souvenir formidable. C'était la première fois que j'entendais ma voix enregistrée. La prise de son était excellente...
_ Comme te trouvais-tu ?
_ Allez, ne trichons pas : je me suis trouvée meilleure que je ne m'y attendais. Je me suis dit que ce serait stupide de m'en tenir là.
Alors, Françoise ne s'en est pas tenue là.

samedi 26 octobre 2013

Françoise Hardy dans Oor (4ème extrait)

En août 1996, à l'occasion de la sortie du Danger, Françoise Hardy était interviewée par Geert Henderickx pour le magazine musical néerlandais Oor.

Ah oui, Tous les garçons et les filles ! Qu'apportait donc cette chanson de nouveau ? N'était-ce pas la complainte émouvante d'un étalage de désirs, provoqué par la douleur de voir partout dans les rues marcher des couples intimement enlacés ? Une aspiration à découvrir l'amour avec quelque chose de pathétique en tête ? « Oh non, pas du tout. J'étais très timide et confrontée à un énorme complexe d'infériorité. Cela est principalement dû à ma grand-mère. Elle me traitait chaque jour de Vilain Canard. Et j'étais une oie blanche – à un point inimaginable. Par exemple,  jusqu'à dix-sept ans, je ne savais même pas comment les gens ont des bébés ». Elevées par une mère célibataire à l'abri des dangers du monde extérieur, elle et sa sœur ont grandi comme deux innocentes, dans un deux pièces, à Paris, tout à proximité de l'école. Elle a curieusement été encouragée à se croire névrosée. « Je n'aime pas voyager. Je suis une vraie casanière ».

Alors que d'autres adolescentes écrivaient surtout de la poésie, Françoise Hardy chantait doucement ses propres compositions d'adolescente. Bien qu'introvertie, elle est partie à la poursuite de Sylvie Vartan, a un jour décroché le téléphone et a appelé la maison de disques de Johnny Hallyday. L'audition avec un groupe de musiciens de studio se serait terminée par un désastre, s'il n'y avait pas eu un musicien pour proposer de lui-même à sa mère de devenir son professeur de chant. En 1962, elle avait encore un tas de chansons à enregistrer pour l'année suivante, elle a ensuite participé au Concours Eurovision de la chanson, et deux ans plus tard, elle se produisait à l'Hôtel Savoy devant des célébrités comme la Princesse Margaret, Burt Bacharach et la star de cinéma David Hemmings, à Londres, tout en côtoyant nuls autres que les Beatles, les Rolling Stones et les Animals. « Non pas que vous pouviez avoir une conversation normale avec eux, parce que bien sûr ils se droguaient tous - mais j'apprenais beaucoup de choses. »

Françoise Hardy

Texte original : "Ach ja, Tous Les Gargons Et Les Filles. Waar ging dat liedje nou ook alweer over? Was dat niet die aandoenlijke klaagzang van een hunkerend muurbloempje, dat met lede ogen overal op straat innig verstrengelde stelletjes zag lopen? Curieus toch dat uitgerekend zij als hartedief met zoiets zieligs op de kroppen kwam. ‘Oh nee, helemaal niet. Ik was ontzettend verlegen en daarbij kampte ik met een enorm minderwaardigheidscomplex. Dat lag vooral aan mijn oma - die schold me om de haverklap uit voor lelijk eendje.’ En een onnozel schaap dat ze was - onvoorstelbaar. Tot mijn zeventiende wist ik bijvoorbeeld niet eens hoe mensen baby’s maakten.' Door haar ongehuwde moeder afgeschermd van de boze buitenwereld, groeiden zij en haar zus op tot onschuldige wezens, die het twee ka- mer-appartement in Parijs praktisch alleen verlieten om naar school te gaan. Nee, ze heeft er vreemd genoeg geen neuroses aan overgehouden - alhoewel: 'Ik hou helemaal niet van reizen. Ik ben een echte huismus.’
Waar andere bakvissen destijds veelal gedichten schreven, zong Frangoise Hardy zachtjes haar eigen puberlied- jes. Maar hoe introvert ook, ze wilde per se Sylvie Vartan achterna, dus pakte ze op zekere dag het telefoonboek en belde ze de platenfirma van Johnny Hallyday. De auditie met een stel sessiemuzikanten verliep desastreus, ware het niet dat de geluidstechnicus van dienst zich naderhand bij haar moeder meldde om zich op te werpen als zangleraar. Zo mocht ze in 1962 alsnog een stel liedjes opnemen, het jaar daarop werd ze uitgezonden naar het Eurovisie Songfestival, en weer twee jaar later stond ze in het Savoy Hotel te zingen voor coryfeeën als prinses Margaret, Burt Bacharach en filmster David Hemmings, Daar in Londen maakte ze ook kennis met niemand minder dan The Beatles, The Rolling Stones en The Animals. ‘Niet dat je een normaal gesprek met ze kon voeren, want ze gebruikten natuurlijk allemaal drugs - maar wist ik toen veel.’

mardi 22 octobre 2013

La musique ne peut pas tricher (Dernier extrait)

En 2005 Françoise Hardy accordait une interview à Cécile Wajsbrot pour la revue annuelle Fusées.

Cécile Wajsbrot : "La chanson "Un air de guitare", qui figure sur votre dernier album, décrit une sorte de lutte entre les mots et la musique. Le texte laisse paraître une méfiance vis-à-vis du langage, "poudre aux yeux", "grands mots qui vous noient dans l'égo" tandis que la musique donne "un parfum d'espoir", "une éclaircie". Dans la chanson, c'est la guitare qui a le dernier mot ! Ressentez-vous cette lassitude, parfois, vis-à-vis des mots _ de la parole _ une certaine vacuité, et une plus grande capacité de la musique à exprimer l'émotion ?"

Françoise Hardy

Françoise Hardy : "On peut tricher avec les mots, mentir, manipuler et même quand on dit ce qu'on pense, on est souvent mal compris. On a beau parler la même langue, on n'a jamais le même langage et le filtre des émotions, des frustrations, des projections, etc. déforme à notre insu ce que l'autre nous dit, de la même façon qu'il fausse notre propre vision. Je l'aurai constaté toute ma vie, en particulier avec les journalistes qui, même quand ils sont très bien intentionnés, dénaturent vos propos sans s'en rendre compte avec une bonne foi renversante. A l’inverse, la musique ne peut pas tricher : elle est bonne ou elle est mauvaise et quand elle est bonne, elle est beaucoup plus l'expression de l'âme que celle de l'intellect et c'est à l'âme qu'elle s'adresse. Tant de gens se gargarisent avec des mots pour se sentir meilleurs, plus grands qu'ils ne sont, alors que devant la musique on se sent tout petit et pourtant on est heureux car la musique vous connecte à une dimension qui dépasse la condition humaine."

samedi 19 octobre 2013

Françoise Hardy dans Elle (Décembre 2012 - 2ème extrait)

En décembre 2012, le magazine Elle interviewait Françoise Hardy à l'occasion de la sortie de sa double actualité sur le thème de l'amour fou.

Elle : On a tendance, dans votre livre, à remplacer "X" par Jacques Dutronc...
Françoise Hardy :
C'est un mélange de plusieurs personnes avec qui j'ai eu la même attitude : trop leur demander. Et l'excès de demande fait peur à l'autre, donc il fuit...

Elle : L’expression "L'amour fou" est à double sens à la fois l'amour passionnel et l'amour qui rend fou...
Françoise Hardy :
Oui, il faut le prendre au premier degré. C'est un amour névrotique qui vous fait perdre complètement la raison, car il vous rend dépendant. C'est comme si on voulait revivre inconsciemment le lien inconditionnel et fusionnel qu'on a eu avec sa mère, ce qui était mon cas, car mon père était absent et il n'y avait que ma mère à aimer.

Françoise Hardy

Elle : Est-ce qu'on peut se sortir de l'amour fou ? Avez-vous des regrets ?
Françoise Hardy :
A l'âge que j'ai, ça fait tout de même pas mal d'années que je m'en suis sortie. Et je pense que l'excès de souffrance m'a fait basculer, dans un premier temps, dans une espèce d'indifférence qui est douloureuse aussi. Et puis il arrive un moment où, la nature étant ce qu'elle est, on n'a plus de vie personnelle. Je sais bien qu'il y a des femmes qui ont atteint un certain âge qui ont encore une vie sexuelle, grand bien leur fasse. Moi, je ne sais pas, ça me paraît très difficile.

Elle : Pourquoi ?
Françoise Hardy :
Parce que le corps vous lâche et que, pour vivre sa sexualité, il faut un corps en bon état. Enfin je ne voudrais pas dire des choses qui peuvent choquer des gens en bonne santé ou jeunes mais, quand vous vieillissez, vous n'avez plus l'énergie et l'inconscience de la jeunesse. Donc, vous vous mettez hors-jeu. Vous vous sentez hors-jeu et vous l'êtes vraiment.

mardi 15 octobre 2013

Mai 1988 - Françoise Hardy dans Télé 7 jours (1er extrait)

Le 18 mai 1988, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission de variétés Sacrée Soirée, prétexte pour Isabelle Cauchois d'écrire un article sur le couple Hardy-Dutronc pour Télé 7 jours.

Encore toute ensommeillée - elle vient de terminer sa sieste quotidienne - Françoise Hardy nous précède dans l'étroit escalier qui mène au salon-salle de vidéo-musique au second étage de sa petite maison nichée dans le XIVème arrondissement à Paris. Noir des murs aux plafonds, en passant par les canapés et bibliothèques. Seule deux petites lampes orangées éclairent une superbe maquette de camion appartenant à Jacques Dutronc et quelques gadgets noirs eux aussi.

Toute mince et juvénile en jean pull et ballerines, Françoise se blottit dans un mini-fauteuil de réalisateur qui a dû appartenir à son fils Thomas et tend la pochette de son nouveau 33 tours, "Décalages", décorée d'une superbe photo d'elle en noir et blanc.

Françoise Hardy

"Vous voyez, la boucle est bouclée. Cette photo a été prise par Jean-Marie Périer comme celle de mon premier 33 tours, il y a déjà vingt-cinq ans. A l'époque, il m'avait fait poser sur les quais de la Seine avec un parapluie. Je ne craignais pas le ridicule. Cette fois, il l'a réalisée en studio. C'est la photo de moi que je préfère. Il est perfectionniste comme moi."

Pour écrire les chansons de ce qui sera son ultime disque, elle a mis un an. Un an isolée dans son petit bureau au premier étage tandis que Jacques terminait son 33 tours au deuxième, dans cette même pièce.

"Lui composait sur son clavier avec ses écouteurs, il ne faisait pas de bruit tandis que moi, inlassablement en quête d'inspiration , je passais et repassais les cassettes des mélodies que Jean-Noël Chaléat, qui avait déjà écrit celle de "VIP", m’avait préparées."

samedi 12 octobre 2013

Françoise Hardy dans Platine n° 190 (11ème extrait)

Pour la sortie de l'album L'amour fou, Eric Chemouny s'entretenait avec Françoise Hardy dans Platine (numéro 190 de novembre / décembre 2012).

Eric Chemouny : "De façon générale, êtes-vous consultée quand un film utilise un de vos titres, comme dernièrement "Le temps de l'amour" sur "Moonrise Kingdom" ?"
Françoise Hardy :
"Oui, j'en ai été informée, mais je n'ai pas vu le film. Je ne sors plus et ne vais plus au cinéma : je me contente de voir les films quand ils passent sur Canal. Ça me touche toujours beaucoup : j'ai été heureuse de faire enfin la connaissance de François Ozon, il y a quelques mois, par l'intermédiaire de Camilio Daccache parce qu'il souhaitait utiliser plusieurs de mes chansons, parmi les pires, pour son prochain film dont 'l'amour d'un garçon" (rire). C'est un garçon charmant, très particulier. Cat Power est aussi venue nous rejoindre pour prendre un verre avec nous ce soir-là."


Eric Chemouny : "On vous sait à l'affut de nouveaux talents depuis toujours : qui avez-vous repéré dernièrement ?"
Françoise Hardy :
"J'aime bien la chanson "Si tu savais" de la Québécoise Marie-Pierre Arthur, surtout pour son refrain. J'ai entendu une chanson de Daphné chantant Barbara que j'ai trouvée différente de l'originale, mais très belle. J'aime aussi beaucoup le single "ICU" de Lou Doillon. Etienne Daho me l'avait envoyé en primeur, après m'avoir parlé d'elle en des termes dithyrambiques. J’avoue que j'ai d'abord été désappointée par le fait qu'elle chante en anglais. C'est dommage qu'elle se place en concurrence avec des chanteuses qui chantent a priori mieux qu'elle, et c'est moins intéressant. C'est le seul point négatif. Je trouve sinon qu'elle crève l'écran : c'est un atout majeur. C'est formidable ce qui lui arrive : ça fait plaisir ! Enfin j'aime aussi beaucoup Mika. Je dois prochainement proposer un programmation pour une émission et j'ai pensé à "Over my shoulder"."

mardi 8 octobre 2013

Françoise Hardy - Jukebox Magazine (Sept 2012 - 5ème extrait)

En 2012, le mensuel Jukebox laissait carte blanche à un de ses fidèles lecteurs, Hubert Rigolet, pour qu'il s'exprime sur sa passion pour Françoise Hardy.

En 1963, j'avais 16 ans et j'ai eu la chance de vivre pleinement cette époque. Les orchestrations avec guitares, violons, piano et chœurs, étaient sublimes à comparer avec ce que l'on peut entendre aujourd’hui. Le 5 février 2011, 50 ans après ses débuts avec Tous les garçons et les filles, composé à 17 ans, vendu à plus de quatre millions d'exemplaires en Europe, Françoise Hardy était encore nommée aux Victoires de la Musique pour son dernier CD ! En 2011, Robbie Williams adapte son tube Voilà.

Françoise Hardy

En 2012, Katie Melua reprend aussi un titre de Françoise, Dans le monde entier, en anglais. N°5 en Angleterre dans les années 60. Son autobiographie, Le désespoir des singes, à l'automne 2009, a été n°1 des ventes en France pendant trois-quatre mois avec 500 000 exemplaires vendus. Un succès phénoménal. J'aime Françoise Hardy pour son allure, son chic incroyable, son éducation, son attitude, son élégance, sa beauté physique et spirituelle, morale et verbale, sa grâce, son intelligence, sa répartie, ses talents d'auteur compositeur, soit un mélange qui fait qu'elle est une star comme Greta Garbo. Inaccessible. C'est une femme libre, plein de conviction, de droiture et d'intégrité.

samedi 5 octobre 2013

Françoise Hardy dans Salut les copains n° 31 (1er extrait)

En février 1965, le magazine Salut les copains consacrait un numéro spécial qui racontait "tout tout tout sur Françoise Hardy". Raymond Mouly retraçait son parcours.

Huit fois sur dix, l'histoire d'une jeune vedette de la chanson commence ainsi : "A six ans, elle étonnait sa famille réunie pour le traditionnel déjeuner dominical en chantant avec une conviction touchante des refrains pas-pour-son-âge entendus à la radio. A douze ans, elle amusait ses camarades de classe en imitant Luis Mariano. A quatorze ans, elle gagnait le premier prix d'un "crochet" local organisé par l'Amicale des retraités du gaz. A seize ans, comme la scolarité lui pesait et que ses amis la pressaient de passer une audition, elle décidait de tenter vraiment sa chance. Une de ses amies, qui connait quelqu'un dans le métier du spectacle, la présentait chez Schmurtz. Elle stupéfiait les directeurs artistiques qui lui signaient aussitôt un contrat d'exclusivité. Deux mois plus tard, son premier disque sortait et se vendait comme des petits pains."

Françoise Hardy

Rassurez-vous, l'histoire de Françoise Hardy ne ressemble en rien à cette biographie standard qui pourrait nous faire croire que les bonnes fées du spectacle, comme les mauvais journalistes, manquent terriblement d'imagination. Non, le destin de Françoise ne coïncide à aucun moment avec non plus le parfait contraire : plus banal encore par quelque points, mais bien plus étrange dans son ensemble, il déconcerte. Car enfin, il est évident que rien, absolument rien dans l'enfance de Françoise ne prédisposait celle-ci à devenir chanteuse. Ainsi qu'elle l'a précisé dans l'autobiographie de ses jeunes années, elle était avant tout une écolière appliquée, une petite fille timide vivant comme isolée du monde dans le seul univers familial, à l'abri de la contagion musicale du siècle (le poste de radio n'apparait que très tard dans sa vie et on l'écoute peu, chez elle), ignorant même probablement, jusqu'à l'âge du brevet élémentaire, qu'on puisse chanter ailleurs que dans une chorale d'école.

Françoise Hardy

C'est pourtant la même fille qui éprouve, juste à l'instant où elle renonce à jouer à la poupée, le désir spontané de posséder une guitare. Et quand elle la possède et en fait la compagne de sa solitude, comment faut-il nommer cette force intérieure qui lui fait "réinventer" la mélodie et le rythme ? Le génie ? Si le mot peut paraitre excessif, disons l'inspiration – ce qui revient au même. Nous touchons là au véritable secret de son originalité : si les chansons de Françoise ne ressemblent pas à celles des autres, c'est parce que dans son pouvoir de création – instinctif avant tout – peu de place est laissé à ce que les psychologues appellent l'acquis. Plus tard, beaucoup plus tard, lorsque après avoir mûri longuement (et toujours seule) son style d'expression, elle paraîtra devant un public et finira par entrer dans le métier, elle saura conserver – cette fois grâce à son intelligence – cette pureté d'invention qui lui vient tout d'abord… de son inculture, de sa virginité musicales.

mardi 1 octobre 2013

Françoise Hardy dans Oor (3ème extrait)

En août 1996, à l'occasion de la sortie du Danger, Françoise Hardy était interviewée par Geert Henderickx pour le magazine musical néerlandais Oor.

Son album précédent remonte à il y a environ huit ans. Elle estime que le résultat est un échec pur et simple, dont elle n'a pourtant gardé que de bons souvenirs hormis les sessions d'enregistrement. Elle considère être davantage parolière que chanteuse, en raison de sa petite voix et de son sens du rythme peu développé. Mais le chant pur avait jusqu'alors toujours été relativement facile. Et puis tout à coup il a fallu parfois passer six heures pour obtenir quelque chose de décent sur ​​la bande d'enregistrement. Pas étonnant, a fait remarquer le technicien de l'album "Le danger" puisque le réglage des instruments était très légèrement faux. "Un grand soulagement." Même avec les quatre albums précédents, tous réalisés avec le même producteur, elle garde ses distances parce qu'elle a chuté maintes et maintes fois sur la rythmique. En bref, à un moment donné ça ne lui convenait plus du tout. "Si vous faites quelque chose sans plaisir, ça ne peut jamais produire quelque chose de bon."

La décision d'un retour est principalement due à la maison de disque qui lui a promis une liberté artistique totale sans obligation d'assurer des prestations télévisées. "Quand je dois paraître en public, je suis sur les nerfs. Ca n'a jamais été autrement et c'est pour ça que j'ai arrêté de chanter en public il y a déjà 30 ans". Pour la musique et la production, elle s'est entourées de deux jeunes talents : Alain Lubrano et Rodolphe Burger, le chef de bande de Kat Onoma. Ils ont mêlé habilement des lingots de voix et de chuchotements mystérieux avec une instrumentation rock étonnamment moderne. En passant, elle évoque son admiration pour les sons des groupes comme Radiohead et Portishead. Ce qui explique pourquoi elle a traversé la moitié de l'Europe pour en parler à la presse. Et devinez quoi ? « Je suis toujours la Françoise Hardy de Tous les garçons et les filles. »

Françoise Hardy

Texte original : "Haar vorige album dateert van zo’n acht jaar terug. Het resultaat bestempelt ze ronduit als mislukt, terwijl ze aan de opnamesessies allesbehalve dierbare herinneringen bewaart. Kijk, ze vindt zich eerder een tekstschrijfster dan een zangeres, dat vooropgesteld - ze heeft nu eenmaal een klein stemmetje en haar gevoel voor ritmiek is evenmin geweldig. Maar zuiver zingen ging haar altijd betrekkelijk gemakkelijk af. En toen opeens kostte het haar soms wel zes uur voor er een partij fatsoenlijk op de band stond. Geen wonder, zo wist de technicus van Le Danger haar te vertellen, de begeleiding was, haast op het onhoorbare af, vals. ‘Een hele opluchting.’ Ook van de vier voorafgaande albums neemt ze nadrukkelijk afstand, omdat ze zich keer op keer, door notabene een en dezelfde producer, liet overbluffen. Kortom, op een gegeven moment hoefde het voor haar allemaal niet meer. ‘Als je iets zonder plezier doet, kan het nooit wat goeds opleveren.’
Dat ze zich uiteindelijk aan een come-back waagde, lag vooral aan de platenfirma, die haar volledige artistieke vrijheid beloofde en haar bovendien niet zou dwingen om voor de televisie te verschijnen. ‘Als ik in het openbaar moet optreden, sterf ik van de zenuwen. Dat is nooit anders geweest, vandaar dat ik al een jaar of dertig niet meer voor een publiek zing.’ Voor de muziek en de produktie benaderde ze twee jonge talenten: Alain Lubrano en Rodolphe Burger, de voorman van Kat Onoma. Zij zetten baar mysterieuze fluisterzang op knappe wijze af met een verrassend moderne rockinstrumentatie, waarin en passant haar bewondering doorklinkt voor groepen als Radiohead en Portishead. Hetgeen meteen verklaart waarom ze nu half Europa afreist om de schrijvende pers te woord te staan. En wat blijkt? ‘Ik ben nog steeds Frangoise Hardy van Tous Les Garçons Et Les Filles.’"