mardi 31 juillet 2012

Françoise Hardy dans Jours de France (3ème partie)

Jours de France relatait le vingtième anniversaire de Françoise Hardy dans son numéro du 1er février 1964.

Incognito, elle vient de passer deux jours de détente complète à Megève: avec Jean-Marie, qui, lui, y faisait un reportage. (Ils sont sortis avec le chanteur Jean-Jacques Debout). Françoise reviendra à la montagne au mois de mars. "Une vraie semaine de vacances aux sports d’hiver : pour apprendre à skier".

Jours de France - Françoise Hardy - Jean-Claude Brialy

Idole plus que jamais, Françoise Hardy n'a pu - le jour de ses vingt ans - s'empêcher d'exprimer un regret : "J'aurais aimé enregistrer "C'est un jour comme un autre", la très jolie chanson de Jean-Max Rivière. Mais Jean-Max, un copain de Brigitte Bardot, lui en a donné la primeur".

Le soir de ses vingt ans - "le plus bel anniversaire de ma vie, mais, aussi, le plus émouvant" - Françoise Hardy a chanté à la prison de Fresnes, devant 400 détenus. C'est la jeunesse de beaucoup d'entre eux qui l'a émue jusqu'aux larmes.

samedi 28 juillet 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (3ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

MA TETE ? Tout dépend des jours, des angles, des goûts. Si je suis heureuse et bien photographiée, ça peut aller. Surtout si je me suis lavé la tête et que j'aie une robe blanche. Mais la plupart du temps il suffit que je me regarde dans la glace pour que je sois démoralisée.

Françoise Hardy

TOUT CE QUI M'ARRIVERA maintenant sera moins bien que ce qui m'est arrivé depuis trois ans : l'inattendu, les découvertes. Mon premier amoureux. Mon premier disque. Mon premier gala. Mon premier film... Mon premier enfant ? Peut-être mais je ne suis pas encore mûre pour mon premier mariage !

mardi 24 juillet 2012

Françoise Hardy interviewée par Gérard Miller (2ème extrait)

En 2010 paraissait Le divan et le confessionnal de Gérard Miller, un livre reprenant les entretiens marquants de l'auteur avec des personnalités pour le compte du magazine chrétien La vie. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Quelle abnégation ! Quel esprit de sacrifice ! J'ai tout de même du mal à croire que vous n'avez jamais été égoïste.
Vous avez raison, cela m'est arrivé aussi. Je ne sais pas mettre les formes et j'ai parfois choisi avec brutalité ce qui me convenait, à moi et pas à l'autre... Quand j'étais jeune, par exemple, j'avais un rêve : voir Bob Dylan sur scène. En 1966, j'apprends qu'il doit venir à Paris pour un concert unique et je m'organise bien évidemment pour y assister. Hélas, juste avec d'y aller, Jean-Marie Périer, avec qui je vivais à l'époque, m'annonce que son frère cadet vient de se suicider. Eh bien, je n'ai pas pu renoncer au concert, j'y suis allée, abandonnant Jean-Marie, c'était plus fort que moi. Cela m'a poursuivi longtemps, et aujourd'hui encore j’y repense avec honte.

Françoise Hardy - Gérard Miller

C'est la deuxième fois dans cet entretien que vous parlez de honte.
Oh, mais j'ai toujours eu honte - de moi, de ma famille, de tout. La honte est le premier sentiment que j'ai connu, le premier dont je me souvienne, et elle ne m'a jamais quittée. Je suis sûre que la persistance de ce sentiment explique un grand nombre des comportements que j’ai eus tout au long de ma vie.

samedi 21 juillet 2012

Françoise Hardy parle cinéma pour Première (8ème partie)

Pour le numéro de Septembre 1990, le magazine Première donnait la parole à Françoise Hardy pour qu'elle donne son avis sur quelques films d'hier et d'aujourd'hui.

Des gens comme les autres de Robert Redford (1981)
J'ai dû le voir cinq fois. Contrairement à "Birdy", où il y a une virtuosité technique, le film de Robert Redford est d'une très grande sobriété. Mais c'est d'une justesse exceptionnelle sur le plan de l'étude des personnages...

Des gens comme les autres

Un de mes grands intérêts dans la vie, c'est la psychologie, et il n'est pas évident de montrer au cinéma une psychanalyse. Là, c'est fait très intelligemment. Et les acteurs sont extraordinaires : c’est un des meilleurs rôles de Donald Sutherland, et Mary Tyler Moore, qui joue la mère, incarne ce personnage de femme rigide magistralement.

mardi 17 juillet 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (2ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Françoise Hardy est comme un petit animal apprivoisé. Elle est là, elle écoute, mais elle se méfie tout de même. C'est une introvertie un rien sauvage, "une introvertie qui s'extériorise" comme elle dit. Avec elle, la conversation n'est pas seulement riche, elle atteint des sommets d'impudeur à l'évocation terrifiante de certains épisodes de son passé. Elle s'en est presque fait une spécialité : "J'aime parler. De moi, surtout. C'est le sujet que je connais le mieux et ça semble tellement faire plaisir aux autres ! " Le contraire serait étonnant.

Françoise Hardy et sa mère

Françoise Hardy se raconte comme elle écrirait un scénario de film. Son enfance privilégié avec une mère célibataire, aide-comptable à mi-temps, qui l'aimait plus que tendrement, terriblement, rageusement, est à elle seule un cas d'école. "Ma mère était un femme de devoir qui a tout focalisé sur ses enfants", confie Françoise. "Elle les chargeait inconsciemment de compenser ses frustrations sociales, affectives et sexuelles. Son éducation très autoritaire et stricte m'a structurée de façon assez rigide, mais la santé mentale de ma sœur n'y a pas survécu." Une mère étouffante, le contraire de sa grand-mère. "Ma grand-mère n'a pas cessé de souligner de façon rabaissante mes défauts physique et autres, tandis que ma mère me portait aux nues sur tous les plans. Quoi de plus écrasant qu'être prise en sandwich entre une sous-valorisation et une survalorisation auxquelles on se sent totalement étrangère ?"

samedi 14 juillet 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (10ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Thomas : Tu as une personnalité assez particulière. Du fait de ta vie, de tes antécédents, de ta propre mère aussi. Je me souviens, il y a longtemps, tu étais dans un resto avec Daho. Tu étais pompette et, au téléphone avec moi, tu étais d'une gentillesse, d'une tendresse, d'un amour vraiment incroyables.

Françoise : Parce que j'étais ivre ?

Thomas : Non, ce que je veux dire, c'est que tu as un aspect quand même assez brutal dont tu ne dois pas te rendre compte, qui m'agace, mais dont je me fous éperdument parce que ce n'est pas du tout comme ça que je te vois ou que je te connais, ou que je te sens. C’est juste que parfois, dans le quotidien, tu as un aspect un peu brutal. Mais en étant ivre morte, ça se voyait tellement qu'au fond tu n'es pas du tout comme ça ! Je sais que c'est une protection.

Françoise : C'est parce que je suis tout le temps sous tension.

Thomas : Tu es sous tension, angoissée... enfin, je n'en sais rien, moi. Évidemment, ça m'est égal. Je m'en fous de ce trait de caractère, mais je trouve ça un peu... triste quand même.

Françoise : Ah bon !

Etienne Daho, Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Thomas : D'ailleurs, dans tes chansons, tu n'es pas comme ça non plus. Tu as une vraie chaleur... Mais ça fait partie du personnage. J'ai passé ma vie à vous voir entourés de gens et d'amis charmants et très différents, super et tout ça, mais la plupart du temps, tout le monde est quand même très en admiration, très à l'écoute... Tu ne t'en rends sans doute pas tellement compte.

Françoise : Ah si, pour ton papa, je m'en suis toujours rendu compte !

Thomas : Mais même pour toi aussi, c'est un peu ça. Si tu veux, quand tu parles, on t'écoute, voilà. Et moi, quand je parlais, mes parents m'écoutaient parce que j'étais comme une petit Dieu pour eux. (Elle rit.) Mais, par moments, quand je parlais aux amis de mes parents, ils ne m'écoutaient pas du tout : ils continuaient à écouter mes parents, alors j'étais obligé de mettre le poing sur la table, de parler un petit peu plus fort.

Françoise : Ah, c'est intéressant ça, je ne savais pas !

Thomas : Il fallait juste s'imposer à un moment, voilà. Mais c'est curieux comme phénomène parce qu'on ne peut pas se prémunir contre ça. Vous avez beau faire tout ce qui est en votre pouvoir, vous ne pouvez pas empêcher que les gens soient là à vous regarder, à vous écouter.

mardi 10 juillet 2012

Françoise Hardy dans Jours de France (2ème partie)

Jours de France relatait le vingtième anniversaire de Françoise Hardy dans son numéro du 1er février 1964.

Dans son studio de la rue du Rocher - qu'elle habite depuis l’automne et qu'a décoré Jean Demachi, un ami de Jean-Marie Périer, Françoise s'adonne deux à trois fois par semaine à "une véritable rage de peindre". Mais, pour l'instant, elle n'a terminé qu'un tableau : à l'huile, et abstrait. "Je suis une tachiste gaie" dit Françoise avec ironie. (On ne distingue, en effet, que d'énormes blocs de couleur marron et vert).

Jours de France - Françoise Hardy - Jean-Claude Brialy

Recalée au mois d'octobre à son permis de conduire ("mon code était désastreux"), Françoise se présentera à nouveau devant les examinateurs début mars.

Auparavant, elle aura découvert le Portugal : le 31 janvier, elle chantera à Lisbonne, à la T.V. Mais plus de tournée (ni en France ni à l’étranger) avec Richard Anthony, qui était jusqu’ici son "frère de programme". ("Ensemble, nous ne prenons pas assez de risques", déclare Françoise avec autant d'aplomb que de sérieux).

samedi 7 juillet 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (2ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

N'IMPORTE QUI peut aujourd'hui enregistrer un premier disque : depuis trois ans dans le show business on cherche le jeune comme les pionniers cherchaient l'or au Far West. Que faut-il pour en faire un deuxième ? Qu'un de vos titres ait bien marché. Qu'on ait une gueule facile à retenir. C'est mon cas.

Françoise Hardy

MON PROBLEME A MOI, c'est que je suis incapable, sauf exception comme "Mon amie la rose", de chanter les chansons des autres. Parce que mon registre est limité. Parce que les thèmes qui me plaisent sont encore plus limités. Parce que je suis trop jalouse et trop exclusive. Il faut donc que je m'en fabrique sans cesse de nouvelles et ça m'est de plus en plus difficile. Je n'ai pas l’impression d'avoir moralement évolué depuis "Tous les garçons et les filles". Je suis restée pareille : plus une petite fille, pas une grande personne, plus une débutante, pas une grande vedette. Et je n'ai encore rien trouvé de plus neuf à chanter que l'amour. L'amour évidemment c'est vaste. Une vraie mine à disques d'or. Si on sait le vivre, le ressentir, l'étudier sous toutes ses faces. Mais moi, je ne sais guère en voir que la fin.

mardi 3 juillet 2012

Françoise Hardy interviewée par Gérard Miller (1er extrait)

En 2010 paraissait Le divan et le confessionnal de Gérard Miller, un livre reprenant les entretiens marquants de l'auteur avec des personnalités pour le compte du magazine chrétien La vie. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Sur son lit de mort, le héros des Invasions barbares, figure emblématique de la génération du baby-boom, confesse l'amour adolescent qu'il a eu pour vous et votre très belle chanson sur l'amitié.
Heureusement qu'il n'a pas choisi mes premiers enregistrements, je les déteste ! Quand j'ai commencé à chanter, je n'étais pas consciente de mes limites, je ne les avais jamais éprouvées. Enregistrer un disque, c'était la réalisation d'un rêve, d'un fantasme même. J’étais folle de joie, mais je ne connaissais rien à rien, je n'avais aucune ouverture sur le monde. Du coup, mes premières chansons sont une honte qui me poursuit encore maintenant.

Françoise Hardy - Gérard Miller

Vous aviez été élevée en vase clos ?
J'avais été élevée entre quatre murs. Ma mère était célibataire, sans argent, sans soutien, totalement marginale et frustrée. L’emprise qu'elle a eue sur ma sœur et moi nous a empêchées de grandir normalement. Sans doute ne pouvais-je pas le faire plus tôt ? Mais c'est un fait que je n'ai rompu avec elle qu'à quarante ans passés.