dimanche 30 juin 2013

Françoise Hardy dans Platine n°190 (7ème extrait)

Pour la sortie de l'album L'amour fou, Eric Chemouny s'entretenait avec Françoise Hardy dans Platine (numéro 190 de novembre / décembre 2012).

Eric Chemouny : "Bizarrement, l'album se termine sur une mélodie très enlevée de François Maurin, "Rendez-vous dans une autre vie"..."

Françoise Hardy :
"C'est vrai , mais elle a une dimension assez mélancolique. A bien écouter, elle n'est pas si gaie que ça. Cela faisait longtemps que j'avais ce titre en tête. Je l'avais déjà pour le dernier album. J'avais beaucoup hésité à le retenir, mais j'avais déjà assez de chansons. J'y suis revenue, mais cela a été difficile de le retrouver car je n'avais qu'une indication : "Ventilo", sans savoir qui l'avait composé."

Eric Chemouny : "C'était important pour vous de traiter ce thème avec légèreté ?"

Françoise Hardy :
"Oui, même si je ne pense pas l’avoir traité avec tant de légèreté, mais plutôt de façon symbolique. C'est très important à mes yeux de pouvoir remercier quelqu'un qui a compté dans votre vie, même si cette personne vous a fait souffrir, indirectement. Car les hommes auxquels on s'attache, dont on est amoureuse, font finalement le sel de la vie. J'avais envie de les remercier et de leur dire qu'on fera peut-être mieux dans une autre vie... C'est une chanson ouverte, porteuse d'espoir".


Eric Chemouny : "Croyez-vous en une forme de vie après la mort ?".

Françoise Hardy :
"Oui. En tout cas, je n'exclus pas du tout cette possibilité. Je suis toujours exaspérée par des gens comme Michel Onfray, qui savent mieux que les autres. Il sait, par exemple, que Dieu n'existe pas. Il ne sait même pas ce que Dieu veut dire, mais il sait qu'il n'existe pas (rire)."

Eric Chemouny : "J'imagine que pendant l'enregistrement de cet album, vous aviez une pensée pour Alain Lubrano; compagnon de vos précédents albums et récemment disparu..."

Françoise Hardy :
"Bien sûr, et d'ailleurs je devais faire une chanson de lui, qu'il ne voulait pas que je fasse sur le précédent album. Il avait bien raison d’ailleurs, parce qu'on a passé du temps dessus, et il s'est avéré que ça n'allait pas du tout. Les rapports professionnels avec lui étaient toujours conflictuels, difficiles, et pesants. Il est arrivé que j'en aie par dessus la tête, et inversement. Là, je dois avouer que j'ai apprécié, et même savouré, de ne travailler qu'avec des gens avec lesquels l'accord était permanent."

mardi 25 juin 2013

Françoise Hardy - Jukebox Magazine (Sept 2012 - 1er extrait)

En 2012, le mensuel Jukebox laissait carte blanche à un de ses fidèles lecteurs, Hubert Rigolet, pour qu'il s'exprime sur sa passion pour Françoise Hardy.

La plupart de ses succès date des années 60 et Françoise Hardy avait 18 ans en 1962. Elle était si jeune et naïve et parfois ses textes étaient vraiment simples. Elle ne sortait jamais et vivait en vase clos entre sa mère célibataire et sa sœur. De plus, elle se croyait moche tant sa grand-mère maternelle l'avait dénigrée sur son physique. Mais on n'est jamais triste lorsqu'on écoute ses chansons. On ressent plutôt une plénitude, une grande satisfaction. Bien sûr ses chansons ne sont pas gaies. Elles traduisent toujours exactement tout ce qu'elle a vécu. Ce sont ses émotions ressenties depuis ses débuts en 1962. Tout ce qu'elle chante n'est pas fabriqué, ce sont ses sentiments vécus souvent douloureusement. Rien n'est inventé. Tout est sincèrement vrai, d'où l'intensité lorsqu'elle les interprète. Elle ne peut pas écrire les histoires des autres sur commande.

Françoise Hardy

Sa voix si douce, pleine d'émotion, apaise. Elle chante juste, sans forcer dans les aigus et toujours avec du cœur, de la sincérité sur sa problématique affective et sentimentale. C'est une âme qui chante. Et ses orchestrations sont léchées, luxueuses. C'est parfois monstrueux de lenteur, de pesanteur et de beauté romantique. C'est magnifique et parfois, ça serre la gorge. C'est la perfection. C'est de l'art, de la beauté, tant il est vrai qu'on est des êtres complètement éclatés avec un corps qui a ses poids, une intelligence qui a ses exigences, un cœur qui a ses tendances, ça ne va jamais dans le même sens. Tout d'un coup, grâce à une chanson, le corps a son compte, le cœur a son compte, l'affectif a son compte, le relationnel a son compte. Pendant un moment, c'est un instant de paradis. On est initié, mais cela ne peut durer, on revient sur soi. Françoise Hardy, c'est tout cela.

samedi 22 juin 2013

Françoise Hardy en cinq actes (1er extrait)

En février 1963, pour le mensuel Rallye Jeunesse, Marie-Aline dressait un portrait de Françoise Hardy en cinq actes...

Que devenez-vous, Françoise Hardy ? Vous êtes toujours là, très discrète. Un soir, on vous rencontre à la télévision. Vous y êtes à l'aise maintenant. Tant mieux ! Mais à votre charme, il manque toujours le sourire.
Et pourtant, au hasard d'une couverture de magazine, d'une interview ou d'une confidence, je crois voir toute différente, mon amie Françoise, gaie, curieuse, enjouée...
Vous êtes gaie, dites-vous... Alors, pourquoi ne pas nous faire part de votre gaieté ? Devons-nous nous résigner à chanter après vous les amours malheureuses, la tristesse des séparations, la solitude ? Faut-il vous suivre dans votre tragédie en cinq actes ? Oui, l'an dernier, déjà, dans une revue sérieuse, un professeur (F. Louis Laurent : l'Univers de F. Hardy) vous mettait en scène. Les cinq actes n'ont pas la même vigueur, mais voici le canevas :

Françoise Hardy

Acte 1
L'amour s'éveille. Une jeune fille solitaire chante :
"Tous les garçons et les filles de mon âge
Se promènent dans la rue deux par deux..."

Elle n'a pas de chance aujourd'hui, mais elle espère que viendra le jour... "le jour où je n’aurai, plus du tout l’âme en peine; le jour où moi aussi, j'aurai quelqu'un qui m'aime."
La rencontre désirée ne tarde pas trop. Surprise mais prudente, la jeune amoureuse redoute l’aventure et entend diriger les relations. "Je suis d'accord pour tout ce que tu voudras, mais ne compte pas sur moi pour aller cher toi."
Pourtant ce garçon ne serait-il pas la perle rare ? "Qui le sait ?... Peut-être qu'un jour, toi et moi, ça ira plus loin, et ce sera le grand amour."

mardi 18 juin 2013

Françoise Hardy et Michel Houellebecq (Astrologie Naturelle extrait 7)

En mai 1999, Françoise Hardy faisait le thème astrologique de Michel Houellebecq pour la revue Astrologie Naturelle.

Françoise Hardy : Le fait que votre livre ait été en partie incompris par beaucoup de lecteurs vous affecte ?
Michel Houellebecq : Non. Je suis confiant...

Françoise Hardy : Vous pensez qu’avec le temps vous serez de mieux en mieux compris ?
Michel Houellebecq : Oui.

Françoise Hardy : N’est-ce pas lourd à porter d’être un visionnaire pessimiste ?
Michel Houellebecq : Enfant déjà, j’étais conscient de voir mieux, plus profond, plus loin que les autres. Mais ma vision n’est pas que noire.

Françoise Hardy : Vous saviez en écrivant Les Particules élémentaires que c’était un livre important qui ne passerait pas inaperçu ?
Michel Houellebecq : Oui. Je pensais qu’il susciterait des réactions violentes, mais sans imaginer un tel succès public.... Vous ne m’avez pas parlé de mon Signe Ascendant, quel est il ?

Françoise Hardy et Michel Houellebecq

Françoise Hardy : Gémeaux. Un Signe adaptable, mobile, souple très différent de Saturne et des Poissons.
Michel Houellebecq : (Ironisant) Je suis malheureusement un garçon très intelligent. Je n’ai aucune difficulté à être une vedette. Je comprends parfaitement ce que les médias me veulent et je l’accepte. Je suis un vrai "pro" des médias : adapté, habile, subtil... Le système de la mode ne me dérange pas. Mais cette adaptabilité que vous dites Gémeaux, je croyais qu’elle relevait des Poissons.

Françoise Hardy : L’adaptabilité Gémeaux repose sur une curiosité assez superficielle, celle des Poissons sur une relative indifférence de fond...
Michel Houellebecq : (Suave) Le milieu "branché" m’a soutenu dès mes origines médiatiques et j’ai l’impression de surfer avec aisance sur les courants de mode. En plus, j’aime les gens...

Françoise Hardy : Mais au fond vous vous en foutez ?
Michel Houellebecq : Mais au fond je m’en fous. Bizarrement, mon succès ne m’étonne pas, j’en suis même heureux. Mais j’ai longtemps connu le contraire et ça ne me dérangeait pas. (Pris d’une brusque sollicitude) Vous allez avoir du mal à débrouiller tout ça, Françoise.

samedi 15 juin 2013

La musique ne peut pas tricher (7ème extrait)

En 2005 Françoise Hardy accordait une interview à Cécile Wajsbrot pour la revue annuelle Fusées.

Cécile Wajsbrot : "Dans les longues périodes de silence (perçues comme telles en tout cas du dehors), par exemple les six ans écoulés entre "Quelqu'un qui s'en va" - autre titre éloquent - et "Décalages", les huit années entre "Décalages" et "Le Danger", est-il arrivé que chanter, faire des disques vous manque ?"

Françoise Hardy

Françoise Hardy : "Je ne m'en souviens pas. Je crois que non, pour la simple raison que j'étais très occupée à autre chose. Par contre, j'ai un souvenir précis du sentiment de tristesse intense qui m'a envahie à la fin des séances de l'album Décalages à la pensée que je ne mettrais plus les pieds dans un studio d'enregistrement, tant une part capitale de ma vie s'est passée dans ce genre d'endroit".

mercredi 12 juin 2013

Françoise Hardy dans Formidable (Décembre 1966) - 3ème extrait

En décembre 1966, Françoise Hardy faisait la couverture du mensuel Formidable. Jean Nouailhac lui consacrait un article intitulé Françoise Hardy s'anime... au cinéma.

"Je suis une très mauvaise actrice et je ne comprends pas d'ailleurs, comment on peut avoir la vocation pour ce métier. Le théâtre, oui. Le cinéma, non. Au théâtre il y a le contact direct avec le public. Au cinéma, les acteurs jouent devant une machine qui déroule de la pellicule et des techniciens qui pensent à autre chose..."

Françoise fait un geste, comme pour balayer par avance une objection, qui en fait ne viendra pas.

Françoise Hardy

"Moi, mon véritable métier de toute façon, c'est la chanson. Si on me propose des rôles qui me conviennent... j'accepte. Si je dois m'arrêter de jouer au cinéma, tant pis. Ça n'a pas beaucoup d'importance."

Et pourtant, cette grande fille de vingt-deux ans qui promène sur toute chose un regard triste (avez-vous remarqué qu'elle ne sourit jamais sur ses photos ?) est en passe de devenir, au cinéma, le porte-drapeau d'une génération dont elle représente le romantisme latent.

Ce film, elle l'a fait avec tendresse, avec l'application et le sérieux d'une écolière qui révise une compo. Elle n'avait aucune idée du monde dans lequel elle allait tomber : la superproduction américaine. "Grand Prix" a coûté quatre milliards à la M.G.M., l'une des plus importantes "boutiques" d'Hollywood.

samedi 8 juin 2013

Françoise Hardy dans Rallye Jeunesse (3ème extrait)

En 1966, pour le mensuel Rallye Jeunesse, Françoise Hardy revenait sur son parcours professionnel, interrogée par F.-R. Barbry.

Depuis peu, il y a aussi une Françoise Hardy pour le cinéma. Vadim lui a confié l’un des principaux rôles de son Château en Suède. Jean-Daniel Pollet en a fait l’héroïne de son premier long métrage, Une balle au cœur, aux côtés de Sami Frey. Elle a figuré dans la dernière séquence, la moins délirante, il est vrai, de What's new Pussycat ?, de Clive Donner. L’Amérique l'attend pour trois autres productions, dont l'une, Grand Prix, la verra sur un circuit automobile.

Françoise ne partage pas, cependant l'enthousiasme des metteurs en scène sur l'éventualité d'une carrière de comédienne :
_ Alors là, vraiment, pas du tout ! Ce qui m’intéresse, c'est la chanson. Le cinéma, c'est accidentel. Il faut que cela m'amuse et cela ne m'amuse pas souvent. Le tournage, c'est toujours trop long, on recommence sans cesse. J'aime les choses dont on voit la fin rapidement. Or, il faut trois semaines, pour quelques plans. Tu penses... J’accepte les rôles qu'on me propose parce que le réalisateur est un ami ou parce que j'aime le style de ses films... Enfin, je ne ferai certainement pas carrière au cinéma. D’ailleurs, je n'ai pas ce métier en moi...


_ Si la chanson ne te réussissait plus, Françoise, que ferais-tu ?
_ Je ne sais pas... Ce n'est pas une question que je me suis déjà posée. Pour moi, la chanson semble être ma principale raison de vivre, alors, pour le reste... je préfère ne pas trop y penser...

_ Il y a bien une chose à laquelle tu aimes consacrer tes loisirs et sur laquelle tu reporterais ton activité ?
_ Pendant mes loisirs, je lis... je lis beaucoup. Oui, j'aime beaucoup ça. Je lis de tout, pas seulement des romans. J'ai lu Les Choses de Pérec, tu connais ? C'est sensationnel ! Mais aussi des ouvrages plus sérieux. Au fond, je crois que j’aimerais bien écrire. Si je devais arrêter de chanter, je pense que c'est encore cela qui me conviendrait le mieux...

mardi 4 juin 2013

Françoise Hardy dans Platine n°190 (6ème extrait)

Pour la sortie de l'album L'amour fou, Eric Chemouny s'entretenait avec Françoise Hardy dans Platine (numéro 190 de novembre / décembre 2012).

Eric Chemouny : "L'idée d'un duo sur cet album s'est-elle présentée ?"

Françoise Hardy :
"Non, j'estime que j'ai assez donné sur ce plan là. Ça n'a effleuré l'esprit de personne."

Eric Chemouny : "Comment est arrivée "Si vous n'avez rien à me dire", de Victor Hugo, sur une musique de Bertrand Pierre (ex Pow Wow) ? Aviez-vous entendu sa propre version ?"

Françoise Hardy :
"Il me l'avait fait parvenir pour le précédent album et je l'avais conservée dans un coin. Il faut dire que sa façon de chanter était particulièrement lourdingue sur sa version. Ce n'est pas la meilleure façon de vendre une chanson. Pour autant, j'étais très accrochée par son thème, au point que je m'étonne que personne n'ait eu l'idée d'écrire une chanson sur une situation aussi simple et aussi fréquente. Je manquais de chansons et j'y ai repensé pour cet album. J'ai naturellement dû modifier quelques passages écrits au masculin. Et comme le texte de Victor Hugo est très court, et que je ne pouvais pas répéter la même chose sur toute la chanson, j'ai dû le compléter, même si sur le livret, ne figure que le texte d'origine bien entendu."


Eric Chemouny : "Benoït Carré de Lilicub a signé "L'enfer et le paradis" : qu'est-ce qui vous a séduit dans ce titre ? Le fait qu'il résume votre vie sentimentale ?".

Françoise Hardy :
"J'aimais surtout l'atmosphère musicale originale et mélancolique qui s'en dégageait. Il m'a d'abord présenté un texte écrit dont je ne pouvais retenir que le début. La suite devenait trop champêtre pour moi : il était couché dans l'herbe avec sa fiancée, etc. C'est moi qui ai réorienté le texte dans une direction plus tragique. Après correction, c'est vrai qu'il résume assez bien ma vie sentimentale (rires)."

Eric Chemouny : "Vous êtes-vous inspirée d'un personnage existant ou de fiction pour "Soie et fourrure" ?"

Françoise Hardy :
"Ah, mais c'est une chanson autobiographie ! Même si je n'ai pas les fortunes de Yannick Noah, Johnny Hallyday ou Jean-Jacques Goldman, je me considère comme privilégiée. Je trouvais intéressant de faire une petite synthèse de toutes ces femmes qui préfèrent donner le change en permanence en société, alors que dans l'intimité, leur relation est très très difficile. C'est un peu ce que j'ai vécu, même si je ne sais pas autant donner le change que certaines..."

samedi 1 juin 2013

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (19ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Thomas : Notre.dernière émotion ensemble ? Je ne sais pas. Le dernier Noël était particulièrement bien parce que ça faisait longtemps qu'on n'avait pas tous dîné ensemble. Ce que j'aime bien, c'est le côté "rester à la maison", parce que les restos sont toujours un peu fatigants : on n'est pas bien, il y a du bruit... Alors que là, c'était vraiment agréable. Et surtout on a bien mangé ! Ce sont des repas qui me rappellent l'enfance... Je trouve tout très bon, bien meilleur que le resto. Ça me fait vraiment plaisir !

Françoise Hardy

Françoise : Moi, c'est quand j'ai reçu son disque ! D'abord, quand j'ai su qu'il chantait, je suis tombée littéralement des nues ! Et quand j'ai reçu son disque, j'ai été très "émotionnée" avant et très émue pendant : ça a été très, très fort pour moi ; ça m'a amené beaucoup de joie ! Je ne me suis jamais aussi bien portée que dans le mois qui a suivi ! (Elle éclate de rire.) C'est là que l'on voit combien la joie fait du bien au corps...

Thomas : Ça m'a fait plaisir aussi que tu aimes bien mes titres !
Françoise : Pendant longtemps, je l'écoutais tous les jours, moins maintenant évidemment. Je l'écoutais le soir avant de me coucher... C'était mon dessert ! J'écoutais les trois chansons que je préfère sur son album. Je les écoutais tous les soirs. Ce sont toujours celles que je préfère d'ailleurs. (Elle rit.)