samedi 29 avril 2017

23 juin 1983 - Ciné Revue - Partie 2

Pourtant, le fait d'avoir renoncé à la scène n'a pas empêché Françoise Hardy de poursuivre une longue carrière.
-Vingt ans! précise-t-elle en riant. Mais ce ne sont pas ces vingt ans de carrière qui m’inquiètent le plus : c'est le temps qui passe de plus en plus vite ! Je suis probablement à la moité de ma vie et c'est cela qui ne me réjouit pas ! Et par moments, lorsque je regarde en arrière pour me revoir à mes débuts, j'ai l'impression qu'il ne s'agit pas de moi ! C'est très curieux, en définitive...

Il y a quelque temps, j'ai retrouvé par hasard l'enregistrement d'une interview que j’avais donnée à l’époque de "Tous les garçons et les filles"... Parmi les réponses que j'avais faites à l'époque, il y en a bien peu que j’aurais désavouées aujourd'hui... Et pourtant j'ai l'impression que j'étais très différente.

Il y a également un tas de chansons que j'ai faites qui ne me plaisaient pas tellement et qui me plaisent encore moins maintenant. Cela vient probablement du fait que je n'écris pas toujours mes textes et il m'est arrivé de trouver que certains ne correspondaient pas du tout à mon âge...

Sur mon dernier disque en particulier, et cela me dérange ! Je trouve un peu ridicule de chanter, à trente-neuf ans, "Il est parti, je suis triste"...

C'est quelque chose qui peut arriver à tous les âges, mais il y a différentes façons de le dire...

On le voit, l’inoubliable interprète de "Mon amie la rose" est soucieuse du moindre détail lorsqu'elle pense à ses chansons...
- Il s'agit d'un métier, fait-elle remarquer, et par conséquent chaque fois que je fais un disque je le fais très sérieusement ! C'est mon côté perfectionniste qui le veut... Mais, en même temps, j'éprouve une sorte de complexe vis-à-vis de ce métier parce que je suis consciente de ne pas être une vraie chanteuse. De sorte que les disques que je fais aujourd'hui ne m’appartiennent pas vraiment : ils appartiennent au même titre à Gabriel Yared, au preneur du son... Ce ne sont pas mes disques : ce sont nos disques !

mardi 25 avril 2017

23 juin 1983 - Ciné Revue - Partie 1

Extraits d'un entretien avec Bernard Ales pour Ciné Revue (23 juin 1983).

Avec le temps qui passe, on a de moins en moins envie de se prêter à certaines opérations de promotion. Une fois que le disque est fait, je vais éventuellement papoter avec deux ou trois personnes dans une station de radio, mais c'est tout !
D’ailleurs je me suis toujours dit que, à quarante ans, j'allais cesser de me montrer à la télévision. Comme j'en ai trente-neuf, je suis plus près de la fin que du début... L’idéal, à cet âge, serait de faire un disque quand cela se présente et de préférence chaque fois qu'on rencontre quelqu'un d'intéressant.

Contrairement à la plupart des autres chanteurs qui adorent la scène, Françoise Hardy a cessé d'en faire depuis 1968...

- Et cela ne me manque vraiment pas du tout : affirme-t-elle. Mais je dois tout de même avouer que j'aurais beaucoup aimé faire de la scène avec plaisir, comme tant d'autres ! Si je n'en fais pas, c'est parce que je n'ai pas les possibilités vocales nécessaires pour chanter en public dans de bonnes conditions et quelque part au fond de moi j'éprouve une petite envie parce que j'admire les véritables "bêtes de scène" ! ...

Moi je ne suis pas une chanteuse ! Je suis très limitée sur le plan respiratoire, je ne sais pas me servir de mon corps sur une scène...

Mais, pour ce qui est du trac, en revanche, j'ai toujours pensé qu'il se domestique : lorsque je me produisais en public, j'étais morte de trac à chaque rentrée, puis, au bout de quinze jours je me sentais mieux... Après un mois, je n'avais plus aucune appréhension ! ...
En fait, ce qui m'a le plus manqué c'est la voix. J'aurais beaucoup aimé pouvoir chanter comme Nana Mouskouri, comme Diane Dufresne ou comme Véronique Sanson...

samedi 22 avril 2017

Juillet / Août 2005 - Arts Magazine - Partie 3

Peut-être vaut-il mieux susciter la curiosité pour l'art qu'asséner l'histoire de l'art, qui enquiquine tout le monde. Peut-être vaut-il mieux commencer par Trenet que par Beethoven, par Tintin que par Picasso.

AM : En dehors de la musique, vous aimez aussi la photo…

F.H. : Je ne fais que des portraits. Le défi, pour moi, consiste à saisir ce qu'un visage – même le plus insignifiant, même le plus laid a priori – a de beau. Autrement dit, à trouver la lumière qui le mettra en valeur.

AM : A quoi ressemble votre environnement habituel ? Y a-t-il des toiles sur vos murs ?
F.H. : Ma maison corse est meublée de façon très dépouillée, aussi "zen" que possible. Il m'a d'ailleurs semblé trouver le summum du raffinement – tel que je le conçois – dans un hôtel japonais où modernité et tradition se fondaient dans une harmonie absolue.

Quand Hardy rencontre Dali….
"Salvador Dali, pour moi, c'était d'abord un gourmet : je lui saurai gré toute ma vie de m'avoir initiée aux ortolans et au château Ausone ! Je l'avais rencontré à New York où une relation commune nous avait réunis le temps d'un déjeuner. Par la suite, quand il venait à Paris, il me convoquait au Meurice, où il avait ses habitudes.

Je me souviens aussi d'un dîner intime avec sa femme Gala dans leur maison de Cadaquès, en Espagne : elle avait l'air d'une momie et ne mangeait que du riz blanc…
Ce que j'aimais chez Dali, c'était cette manière qu'il avait d'asséner tout à trac des vérités percutantes sous une forme très drôle. Comme celle-ci, qui m'a marquée : "La peinture, c'est l'image aimée qui rentre par les yeux et s'écoule par la pointe du pinceau et l'amour, c'est la même chose."
Dali était un clown de génie dans la vie et, dans l'art, un génie tout court. Un écrivain génial aussi : il faut avoir lu La Vie secrète de Salvador Dali
De ses tableaux, j'apprécie la qualité du dessin et la lumière, ainsi, bien sûr, que son surréalisme inspiré. Le tableau que je préfère ? Le Christ de Saint-Jean-de-la-Croix".

mardi 18 avril 2017

Juillet / Août 2005 - Arts Magazine - Partie 2

AM : Quand votre fils Thomas était enfant, avez-vous essayé de lui faire aimer l'art ?
F.H. : Comme beaucoup de mamans, je lui lisais Le Petit Prince, ce chef-d'œuvre absolu. Et puis, il s'intéressait à Hitchcock et nous allions voir ses films ensemble. Mais je ne me souviens pas l'avoir traîné dans des musées. Jacques (Dutronc) s'intéresse plus au dessin et à la peinture que moi, il avait même commencé une école de dessin.

AM : "Traîner" Thomas dans les musées ? Vous ne les aimez guère…
F.H. : J'ai horreur des musées ! Même si j'ai découvert Francis Bacon dans un musée londonien… Quand j'étais plus jeune, je voyageais beaucoup, et j'en profitais pour visiter les grands musées. Par devoir d'ailleurs, bien plus que par envie ! Un musée a toujours quelque chose d'un peu mortuaire : une promenade dans les bois m'excite bien davantage… Et je ne suis pas la seule à le penser : pour beaucoup de gens, musée égale ennui. Comment faire pour leur donner envie d'y entrer ?
AM : Peut-être faudrait-il expliquer davantage les œuvres ? Mettre l'art à la portée de tous ?
F.H. : Difficile, je crois qu'il faut d'abord s'y intéresser ensuite on trouve toujours l'énergie nécessaire pour nourrir cet intérêt.

AM : Faut-il mettre l'histoire de l'art au programme des lycées ? Ou à la télévision ?
F.H. : Que veut dire "art ?". C'est tellement vaste ! Il y a les arts majeurs, qui requièrent une initiation, et les arts mineurs, qui n'en requièrent aucune. Il n'empêche que certaines œuvres mineures sont plus inspirées que bien des œuvres majeures…

samedi 15 avril 2017

Juillet / Août 2005 - Arts Magazine - Partie 1

Françoise Hardy auteur, compositeur, interprète
Propos recueillis par Stéphane Barsaq
"Le grand art est d'essence divine"

Elle aime l'art quand il sublime la beauté mais nourrit une nette aversion pour les musées. Question d'ambiance…

Vivant entre la Corse et Paris, Françoise Hardy est, à 61 ans, une icône incontestée de la chanson française. Son dernier album, Tant de belles choses (Virgin), est sorti en novembre 2004 et elle a remporté en mars 2005 la Victoire de la musique en qualité d'interprète féminine.

Arts Magazine : Quelles émotions l'art vous procure-t-il ?
Françoise Hardy : L'art, c'est la beauté – on pourrait presque dire la "divinité" – retrouvée. Cette beauté est indissociable de la douleur inhérente à la condition humaine, qu'elle sublime et justifie. Quand une œuvre d'art me touche, je suis à la fois éblouie et déchirée, grandie et rapetissée. Quelle que soit la forme de sa manifestation, le grand art, celui qui est vraiment inspiré est d'essence divine. Il exprime ce qui nous manque et ce vers quoi on tend aussi confusément que désespérément. Mais s'il faut évoquer un moment précis, je me souviens d'un éblouissement, à l'été 1966 : j'errais seule à Venise et je suis entrée par hasard dans un palais dont le portail était ouvert. Le cadre était féérique. Et il y avait là une exposition de Max Ernst, dont les œuvres m'ont fascinée…

AM : Mis à part Max Ernst, quels sont les artistes qui vous touchent tout particulièrement ?
F.H. : Auguste Renoir disait : " Il faut une sacrée dose de vanité pour croire que ce qui sort de notre seul cerveau vaut mieux que ce que nous voyons autour de nous. " Je partage cet avis : pour moi, le plus grand artiste de tous les temps, c'est l'auteur de l'univers ! Autant dire que beaucoup de tableaux me paraissent falots comparés aux créations naturelles; quant aux statues, je les ai toujours détestées… et je n'aime guère les musées. Les choses sont différentes pour la musique et la littérature, qui n'existent pas telles quelles, ainsi que pour l'architecture, quoique à un degré moindre. Les artistes que j'apprécie sont donc plutôt des musiciens (de Chopin aux Beatles) ou des écrivains (d'Henry James à Colette), voire des poètes – comme Brassens et Gainsbourg s'il faut n'en choisir que deux. 

mardi 11 avril 2017

Mars 1965 - Interview de Marcel Hendrix - Partie 4

- FRANÇOISE est-elle ce que l’on appelle une « chic fille »?

- Oui, tout à fait, en général, elle est même très gentille, c'est bien pour cela que je suis tellement surpris de ses déclarations. D’autant que ce n'est un mystère pour personne dans le « métier » qu'enregistrer en Angleterre est un pur snobisme, ou seulement l’intérêt d’une firme de disques car, là-bas, les orchestres font automatiquement les quatre titres dans la même séance, ce qui, à notre avis, est trop peu pour que le travail soit excellent, quels que soient les musiciens, même si ce sont de purs génies.

Pour très bien faire, il faut au moins une séance pour deux titres et, ce dont je suis sûr, et que les professionnels européens ne discutent pas, c'est que les musiciens français des studios s’adaptent d'une façon incroyable à tous les styles de musique possibles, à tous les rythmes imaginables.

Ce sont de vrais phénomènes ; tenez, si on énumère seulement les solistes,
il y a chez les trompettes : Roger Guérin, Fred Gérard, Vincent Casino, Maurice Mouflard, Christian Rellest, Yvan Julien, etc. ;
chez les sax : Armand Miggiani, Guy Laffite, Hubert Rostaing, Pierre Gossez, Jo et Marcel Hrasko, Mickey Nicholas, Denis Fournier, Jacques Hendrix, Jean-Louis Chautemps, Barney Wilhem, Michel de Villiers, etc. ;
chez les trombones : André Paquinet, Michel Paquinet, Benny Vasseur, Fernand Verstraete, etc.. ;
chez les bassistes : Pierre Michelet, Guy Pedersen, Jean-Marie Ingrand, Paul Rovère, Ralph Masselier, Michel Gaudry, etc ;
chez les guitaristes : « Nini » Rosso Lobligeois, Victor Appicella, Lemaguer, Darrizourren, Mickey Baker, Duchaussoir, Elek Baczick, etc. ;
aux drums : « Tutur » Motta, Christian Garros, Daniel Humair, Lemarchand, Blanche, Delaporte, Philippe Combelle, etc.

Je cite ces noms au fil de la mémoire, que tous mes autres camarades me pardonnent et Dieu sait qu'il y a autant d’oubliés que de cités.

Quant aux orchestrateurs français, ils sont admirés du monde entier : Michel Legrand, Christian Chevallier, Paul Mauriat, Paul Piot, Jean Leccia, Jacques Denjan, Jean Bouchety, Eddy Vartan, Michel Colombier, Raymond Lefèvre, Jean-Claude Pelletier, Gérard Calvi, Jean Claudric, Frank Pourcel, etc…, ont imposé un « son français » dans tous les continents.
Non ! Vraiment, je ne comprends pas comment Françoise a pu dire une chose pareille. D'autant qu'en plus elle est bien servie par son quartette qui, en dehors de moi, comprend Serge Blondi (batterie), Jackie Giraudo (guitare), Hermes Alesi (guitare basse).

Une chose est également certaine, c'est que tous les disques que j'ai orchestrés pour elle se sont bien vendus ; par contre, on ne peut peut-être pas dire la même chose des « séances anglaises »...

- ETES-VOUS en exclusivité avec Françoise ?

- Oui ! Nous avons un contrat d'exclusivité, mais strictement « moral »

- Pouvez-vous m'expliquer alors pourquoi, récemment, je vous ai vu accompagner Jocelyne, Audrey et Jean-Jacques Debout ?

- Depuis quelques mois, Françoise ne travaille pas beaucoup et j'ai bien été obligé d'accepter du travail pour gagner ma vie. Je suis musicien professionnel à 100 %...
- Mais si elle fait un gala demain, l'accompagnerez-vous ?

- Naturellement

- SI vous deviez tirer une conclusion de tout ceci, que diriez- vous ?

- Je dirai que ce qu'a dit Françoise est une « fausse-note » dans les rapports - artistes - musiciens - et qu'en définitive, c'est là chose fréquente. Mais il est possible aussi qu'elle ne l'ait dit que parce que tout n'allait plus comme elle aurait voulu et alors ça, c'est injuste...

- Vous le croyez ?

- Dans le fond, non ! Par exemple quand, musicalement, Françoise souhaite précisément quelque chose, elle s'explique mal, on ne comprend pas ce qu'elle veut vraiment. Je crois que là encore, elle se sera mal expliquée...

samedi 8 avril 2017

Mars 1965 - Interview de Marcel Hendrix - Partie 3

- FRANCOISE était déjà connue ?

- Oui, elle venait de sortir son premier disque avec « Tous les garçons et les filles », le seul disque que je n'aie pas fait avec elle. Au début, elle chantait sans orchestre, j’étais seul à l'accompagner. Cela a duré au moins six mois. Comme elle n’avait pas de voiture, nous prenions la mienne pour les « tournées », c’est vous dire que nous ne nous quittions pas et que nous ne pouvions pas être plus « la main dans la mai ». Nous descendions dans les mêmes hôtels, nous prenions nos repas ensemble dans les mêmes restaurants.

En fait, c'est l'époque des bons souvenirs. Je me rappelle qu’elle était « traqueuse » comme il n’est pas permis. Alors, avant que n’arrive son « tour », je lui faisais danser le twist en coulisses pour qu’elle ne pense à rien et oublie le moment effroyable où il fallait affronter le public.
Comme elle n’écrit pas la musique, quand l’inspiration lui était venue, elle venait me chanter ses « découvertes » et c’est ainsi que j'ai relevé les mélodies de « L'amour s'en va », « C'est à l'amour auquel je pense », « Saurai-je », « On dit de lui », « Une fille comme tant d'autres », etc., etc... J’ai fait toutes les orchestrations et dirigé les orchestres pour ces séances. En fait, j'ai vécu avec elle depuis deux ans...

- DONC, vous la connaissez bien, puisque vous vivez en quelque sorte dans son intimité. Comment la voyez-vous ?

- Avant tout, je la vois comme elle est... Les « gens du voyage » n'ont rien de caché les uns pour les autres. C'est une fille curieuse, que la scène n’intéresse pas du tout. Elle dort la plupart du temps, ne se levant que pour aller chanter et quand nous arrivons dans une ville nouvelle elle ne fera jamais un pas pour aller à sa découverte.
Je me rappelle qu'à Milan, au Palais des Sports, je me suis jeté devant elle de justesse pour lui éviter d'être écrasée par des centaines de « fans » enthousiastes. Non seulement elle ne s'est pas rendu compte du danger quelle venait de courir mais l'enthousiasme de ses supporters l'a laissée complètement « froide ». Je pense qu'avant l'arrivée de son fiancé elle était indifférente à tout. Mais il la fait rire et, pour elle, c'est important, essentiel : elle aime ceux qui la font rire, de même qu’elle adore les histoires un peu « lestes »...

mardi 4 avril 2017

Mars 1965 - Interview de Marcel Hendrix - Partie 2

- Vous connaissez Françoise Hardy depuis longtemps ?

- Depuis deux ans environ. Je venais de quitter Barelli pour venir me faire connaître un peu par ici et, un jour, je me suis trouvé chez un éditeur de musique à qui je proposais des chansons, car j'écris des chansons, et cet éditeur avait Alain Barrière au bout du fil.

J’ai compris à leur conversation qu’Alain cherchait un pianiste. Je me suis proposé et Alain a été vite d'accord ; seulement je ne pouvais commencer tout de suite car j'avais des contrats que je ne pouvais annuler.

L'affaire ne s'est pas faite mais Alain m’a dit :
« Ecoute, il y a une petite qui débute et qui fait de bonnes choses. Va donc la voir... »

La « petite » en question, c'était Françoise.

Tout de suite nous fûmes d'accord, mais je dois à la vérité de dire que, plus tard en riant, Françoise m'expliqua :
« Tu sais mon directeur artistique m'avait bien recommandé : « Engage un bon pianiste, mais surtout qu’il ne soit pas petit car, lorsque vous entrerez ensemble en scène, ça ficherait tout par terre ! » alors comme toi, tu es plus grand que moi, il n’y avait pas de problèmes… »

samedi 1 avril 2017

Mars 1965 - Interview de Marcel Hendrix - Partie 1


IL LA SUIT PAS A PAS, NOTE SUR NOTE, DEPUIS DEUX ANS
mais entre
MARCEL HENDRIX
l’homme qui la connaît le mieux et
FRANCOISE HARDY
« l’accord n’est plus parfait »...

  par Jean MONTEUX

FRANÇOISE HARDY provoqua, il y a quelques mois, un beau tollé de protestations de la part des musiciens français, lorsqu'elle décida d'enregistrer à Londres ses œuvres les plus récentes ; ce qui était son droit le plus absolu. Seulement la langue de Françoise dût « fourcher » car, dans une déclaration, elle laissa entendre qu'à son avis, les musiciens anglais étaient « plus dans le coup - et - meilleurs »...
« On » n'en est pas encore remis dans la petite « maffia » des studios des bords de Seine.
Le comble fut pourtant atteint lorsque le pianiste-accompagnateur de Françoise, Marcel Hendrix fut directement mis en cause et cité nommément par un hebdomadaire parisien. II n‘y avait plus qu'à aller le voir, ce que nous fîmes.
Marcel Hendrix est un grand garçon, désinvolte, étonné que l’on s’occupe de lui et que la première question gêne ;
- Comment expliquez-vous que Françoise Hardy ait pu faire semblable déclaration vous concernant ?

- Je ne comprends pas. J’ai téléphoné à sa mère qui m’a dit : « Ce sont les journalistes qui ont fait ça », mais ce n’est pas possible car, vous le savez bien, nous, les accompagnateurs, les orchestrateurs, les chefs d’orchestre, nous sommes des « anonymes » à l'ombre des « idoles » et personne ne connaît nos noms. D'ailleurs le mien n'a jamais été publié et jamais Françoise ne l’a communiqué aux reporters. Et là, il est bel et bien écrit, non seulement ça, mais bien orthographié. Or pour cela, il a fallu qu'il soit épelé. Essayez donc, vous, d'écrire Hendrix du premier coup. D'ailleurs, en vérité, il s’écrit Henderyckx et j'ai été obligé de le « franciser », mais malgré ça, ça n'est jamais commode. En tout cas j’ai eu beaucoup de peine car, moi, je l’aime bien, Françoise ; je suis avec elle depuis ses débuts il y a deux ans. Cela crée des liens malgré tout et puis, nous nous sommes toujours bien entendus jusqu'ici...

- Vous êtes un musicien français, pensez-vous être d’une qualité musicale, technique, artistique, inférieure à celle d'un musicien étranger, anglais par exemple ?

- Sûrement pas ! Je suis d'une famille de musiciens. Mon père, excellent violoniste, est professeur de musique à Elbeuf. Personnellement, je joue du piano depuis toujours, de l'orgue ; j'ai un premier prix d'accordéon et j’ai été deux ans trompette dans l'orchestre d’Aimé Barelli, un des plus grands spécialistes mondiaux de cet instrument. Croyez bien que, si je n’avais pas « fonctionné » au mieux, je n'y serais pas resté deux ans, car il n’est pas commode, « Monsieur » Barelli, en ce qui concerne l'orchestre. Nous sommes trois frères Hendrix. II y a Jacques Hendrix, chef d'orchestre chez Pathé-Marconi, qui est pianiste, saxophoniste, clarinettiste, arrangeur et dont vous vous souvenez peut-être qu'il est le créateur du « Climb », et puis il y a Jean Hendrix qui joue de la batterie ou de l’accordéon et qui travaille beaucoup en province...