samedi 31 août 2013

Françoise Hardy dans Oor (2ème extrait)

En août 1996, à l'occasion de la sortie du Danger, Françoise Hardy était interviewée par Geert Henderickx pour le magazine musical néerlandais Oor.

Pour rire, elle s'attribuait elle-même le sobriquet d'asperge. Presque trois décennies plus tard, elle pourrait toujours porter ce pseudo. Elle a la cinquantaine maintenant, et, comme c'est parfois typique des femmes françaises, la maturité la rend incroyablement belle. Sans maquillage, son visage renvoie quelque chose d'une petite fille mais en même temps, il irradie d'une certaine autorité. La vie ne l'a pas épargnée, ça ne fait aucun doute. Rien ne laisse non plus entrevoir la moindre attitude de laisser-aller, qui peut toucher tant de gens de son âge.  Rien qu'à la façon dont elle se penche légèrement en gesticulant pour essayer de converser de son mieux en anglais, elle montre une vitalité inaltérée.

Son nouvel album s'appelle "Le Danger" et pour tout dire il fait même allusion en arrière plan à la mort. Il traite de toutes les facettes du danger de mort – où la mort est représentée par la peur, le silence, la rigidité, l'inertie et ainsi de suite. Tout cela non pas tant dans un sens général que dans le cadre d'une histoire d'amour. Les textes, poétiques, pouvant d'ailleurs être difficiles à comprendre en raison d'un style impressionniste, soulignent à eux seuls, plus qu'il n'est nécessaire, une humeur sombre. Et en effet : quand elle a finalement obtenu la proposition de faire un nouveau disque, elle se trouvait "accidentellement" au milieu d'"une situation personnelle douloureuse, difficile". Donc aucun manque d'inspiration ! "Je vois ça comme une bénédiction déguisée qui m'a été accordée pour m'offrir la possibilité de vider mon cœur".

Françoise Hardy

Texte original : "De asperge, noemde ze zichzelf ooit spottend. Bijna drie decennia later blijkt ze die bijnaam nog steeds met recht te kunnen dragen. Over de vijftig is ze inmiddels en, zoal soms wel typisch lijkt voor Franse vrouwen, verbluffend mooi ouder geworden. Zonder make-up schemert er in haar gezicht zelfs iets meisjesachtigs door, maar tegelijkertijd straalt ze een zekere autoriteit uit. Haar heeft het leven er niet onder weten te krijgen, dat lijdt geen twijfel. Niets ook wijst bij haar op een houding van laissez faire, zoveel mensen van haar leeftijd tenslotte eigen. Alleen al de manier waarop ze, licht voorovergebogen op het gesticulerend in het Engels het beste van het gesprek probeert te maken – het getuigt van een ongebroken vitaliteit. Le Danger heet haar nieuwe album en voor de goede orde zou daar eigenlijk nog De la mort achter horen. Het draait immers allemaal om het gevaar van de dood – waarbij de dood staat voor angst, stilte, verstarring,  inertie en wat dies meer zij. Dit alles niet zozeer in algemene zin alswel binnen de context van een liefdesrelatie. De poëtisch aandoende teksten laten zich vanwege de impressionistische stijl overigens moeilijk doorgronden, al verraadt de duister ondertoon op zich meer dan voldoende. En inderdaad : toen ze het aanbod kreeg eindelijk weer eens een plaat te maken, bevond ze zich "toevallig" middenin "een pijnlijke, problematische privé-situatie". Aan inspiratie dus geen gebrek. "Ik zie het dan ook als een geluk bij een ongeluk dat men mij in de gelegenheid stelde mijn hart te luchten"."

mercredi 28 août 2013

La musique ne peut pas tricher (10ème extrait)

En 2005 Françoise Hardy accordait une interview à Cécile Wajsbrot pour la revue annuelle Fusées.

Cécile Wajsbrot : "Dans le regard que vous pouvez porter sur votre travail, y voyez-vous une évolution continue ou des tournants, voire des points de rupture ?"

Françoise Hardy

Françoise Hardy : "Rien n'aura été prémédité dans mon parcours et je n'ai ni l'envie ni le temps de me prendre la tête pour analyser mon évolution et repérer mes tournants. Je peux seulement dire que les albums qui sur le moment et après coup m'ont paru de plus grande qualité et surtout plus originaux que les autres sont La Question puis l'album dit "orange" avec L'éclairage, Où est-il ?, La berlue, etc., et bien plus tard Le Danger. Je peux dire aussi que lorsque Michel Berger m'a apporté la mélodie de ce qui est devenu Message personnel, je savais que je tenais là une chanson qui avait un "plus" par rapport aux autres, mais le reste de l'album s'est avéré décevant. Même sentiment pour la chanson Tant de belles choses, mais pas pour l'album où elle figure, qui me plaît bien".

samedi 24 août 2013

Françoise Hardy dans Formidable (6ème extrait)

En décembre 1966, Françoise Hardy faisait la couverture du mensuel Formidable. Jean Nouailhac lui consacrait un article intitulé Françoise Hardy s'anime... au cinéma.

"Je suis avant tout auteur et interprète de chansons. Le cinéma ne m'intéresse pas". Elle pense en fait : "J'aimerais m'intéresser au cinéma, mais j'en suis incapable". Elle avoue tout de même qu'elle aimerait tourner un film comique ("avec un rôle à la Shirley Mac Laine ou du genre "Ma femme est une sorcière"") et même faire un film, mais de l'autre côté de la caméra. Ce qu'elle préfère au cinéma : les films de Walsh ou d'Arthur Penn. De ce dernier, elle a surtout aimé "L’arnaqueur" et "La poursuite" avec Marlon Brandon.

Curieuse Françoise : docile et résignée, belle et mystérieuse, elle nous donne l'impression d'être tellement fragile qu'un rien pourrait la faire pleurer. Elle aime à répéter qu'elle est mal dans sa peau et, de fait, on la sent rongée par la solitude.

Françoise Hardy

Elle ne sait rien faire d'autre que des chansons ("Je ne sais même par jouer convenablement de la guitare."), n'a pas de goût précis, aucune ambition, ne sait pas danser, n'aime pas les animaux, se trouve pleine de défauts, et pourtant elle est célèbre.
"C'est bien possible, mais la célébrité à quoi ça sert ?" vous répond-elle.

Françoise, c'est un peu une coquille de noix qui se laisse emporter par une mer qu'elle ne cherche pas à connaître. Elle navigue sans autre but que de faire ce qui lui plait, c'est à dire écrire des chansons et les chanter. Comment s'image-t-elle dans dix ans ?
"Je ne sais pas. Avec des rides, sans doute ?"

Rien d'autre ? Pas de souhait ?
Si, à trente ans, j'aimerais avoir un enfant.

En disant cela, son visage s'éclaire et elle sourit. Puis ses grands yeux couleur d'ombre se ferment lentement. Elle rêve... On dirait qu'elle a rejoint en songe son "amie la rose"...

mardi 20 août 2013

Françoise Hardy dans Femme Actuelle (2ème extrait)

A l'occasion de la sortie de Parenthèses, Françoise Hardy était interviewée par Pierre Fageolle pour Femme Actuelle en décembre 2006.

Bien sûr, il y a Alain Delon. Pour un "parlé-chanté" subtil en apesanteur. "J'ai pensé à lui pour ce texte, d'abord parce que c'est un acteur hors pair, une légende vivante qui a fait rêver toutes les femmes de ma génération, ensuite parce que c'est un écorché vif, ce que confirme son ciel de naissance et qu'il me semblait que le texte très noir de "Modern style" lui conviendrait."


Depuis des années, on connaissait leur amitié. Hélène Grimaud a répondu "présente" pour "La valse des regrets", une mélodie de Brahms devenue une chanson. "L'éditeur d’Hélène insistait pour que l'on fasse quelque chose ensemble. Mais il était inenvisageable d'avoir recours à elle comme à un pianiste de studio." Fascinée par les virtuoses, Françoise admire leur force de caractère. "Quand je suis allée voir Hélène pour la première fois, en l'an 2000, à la Cité de la musique, j'ai été bouleversée de la voir arriver sur scène, tout frêle, devant ce grand orchestre symphonique. Je comprends que les solistes soient souvent en proie à la tentation de tout lâcher. J'espère revoir Hélène le 11 décembre (au Théâtre de Champs-Élysées, ndlr), si elle n'annule pas encore une fois !".

samedi 17 août 2013

Françoise Hardy dans Platine n°190 (9ème extrait)

Pour la sortie de l'album L'amour fou, Eric Chemouny s'entretenait avec Françoise Hardy dans Platine (numéro 190 de novembre / décembre 2012).

Eric Chemouny : "Quel souvenir gardez-vous de l'enregistrement du duo "J'entends siffler le train" avec Hugues Aufray pour son dernier album ?"

Françoise Hardy :
"(embarrassée). Voilà ce qui est embêtant quand on travaille avec des gens qui ne vous connaissent pas, surtout quand on arrive à l’âge vénérable qui est le mien. Certes, Hugues avait fait une tournée de deux mois avec moi, mais c'est tout. Quant à Jean-Pierre Sabar, il n'avait plus travaillé avec moi depuis longtemps. Il est âgé maintenant, et se sent inconfortable avec lui-même pour plein de raisons. Si bien que les deux étaient mal à l'aise, et aucun d’entre eux n'a osé me dire que je chantais faux, ce que je n’entendais pas dans le casque. Sinon, j'aurais fait enlever la voix d'Hugues, puis fait enlever les cordes dégoulinantes. Cela se serait mieux passé et je n'aurais sans doute pas si mal chanté.

Françoise Hardy et Hugues Aufray

Ils m'ont fait faire plusieurs prises, et quand j'ai entendu le résultat, j'étais dans un état de consternation totale. On a quasiment été obligé de reprendre chaque mot séparément sur différentes pistes. Il faut dire qu’Hugues n'a pas une façon très musicale de chanter. Ce n'est pas Richard Anthony...  Et en plus, les cordes étaient trop "gâteau à la crème". Mais au final, je m'incrimine en premier lieu, parce que je n'ai pas su chanter correctement et ne m'en suis pas rendu compte pendant l'enregistrement, sans quoi j'aurais pris les mesures qui s'imposent : couper les cordes, puis la réverb'... Hélas, j'en ai parlé de façon négative sur RTL, il y a plus d'un an, et Hugues l'a entendu. J'étais très ennuyée, parce qu'il est très gentil par ailleurs. Une fois de plus, j'aurais mieux fait de me taire... D'un autre côté, on ne peut pas passer sa vie à dire que tout est formidable, à la façon d'une Monica Bellucci (rires)"

mardi 13 août 2013

Françoise Hardy - Jukebox Magazine (Sept 2012 - 3ème extrait)

En 2012, le mensuel Jukebox laissait carte blanche à un de ses fidèles lecteurs, Hubert Rigolet, pour qu'il s'exprime sur sa passion pour Françoise Hardy.

Je possède presque tous ses 45 tours et albums français et quantité de pressages étrangers provenant du monde entier : États-Unis, Brésil (sur un LP figure deux titres en français publiés uniquement dans ce pays et pas en France), Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Angleterre, Allemagne, Italie, Hollande, Belgique, Portugal, Espagne, Mexique, Uruguay, etc. plus des CD d'Italie, Luxembourg, USA et Allemagne dont "Frag Den Abendwind" classé 3ème outre-Rhin et Suisse alémanique en 1965, entre Bob Dylan et les Beatles, avec ses nombreux titres en allemand. Sans oublier des vidéos de la TSR (Télévision Suisse Romande, Fax Culture, Chansons à aimer, etc.), TSI (Télévision Suisse Italienne, avec un formidable portrait), RAI-Italie (San Remo avec "Parlami di te", et plusieurs shows où elle chante en italien), BBC, Allemagne, Belgique, Hollande, Espagne, États-Unis, etc. Ses films "Grand Prix" et "Château en Suède" sont parus en DVD mais pas "Une balle au cœur" de Jean-Daniel Pollet, avec de belles images de Françoise tournées en Grèce en 1966 avec Sami Frey.

Françoise Hardy

Sur France Culture, durant trois heures et demi d'émission, avec Hélène Hazera, Françoise raconte son enfance, ses parents, qui n'étaient pas mariés et qu'elle croyait divorcés parce que ne vivant pas ensemble. Son grand-père si touchant et muet, tant sa femme l'avait repoussé et rabroué, et sa grand-mère si déstabilisante, puis ses débuts dans la chanson, ses compositions, ses vacances en Autriche. Françoise parle parfaitement l’allemand qu'elle adore et qu'elle chante à la perfection. Elle a une licence d'allemand. Elle s'exprime dans un français parfait avec simplicité et clarté et toujours le mot juste, bien choisi. Sa voix est douce et son rire magnifique. Elle y raconte que son père qui était marié avec une autre femme que sa mère, l'avait placée dans une école privée, religieuse, et il ne payait pas. Françoise souffrait beaucoup de la différence de classe sociale. Son père, qu'elle voyait deux ou trois fois par an était un patron, un bourgeois. Il avait suivi sa mère dans les rues de Paris. Elle lui avait fait traverser tout Paris, tant elle était d'une beauté fatale. Elle ne voulait pas de mari, mais un père pour ses enfants.

samedi 10 août 2013

Françoise Hardy en cinq actes (3ème extrait)

En février 1963, pour le mensuel Rallye Jeunesse, Marie-Aline dressait un portrait de Françoise Hardy en cinq actes...

Acte 4
Dernières flammes. Le volage s'est envolé. Humiliée, la jeune fille se jette dans la frivolité pour rattraper le temps qu'elle dit perdu. Il lui arrive encore d’espérer, certain soir, de le revoir. Mais la rupture semble bien consommée.
"C'est bien vrai, j'ai fini de t'aimer".

Acte 5
Amours mortes. "Regarde-moi bien. Ce n'est pas ma faute si je ne suis rien qu'une fille comme tant d'autres...".
La jeune fille trahie, et qui trahit à son tour peut-elle encore donner le bonheur ? Existe-t-il une fidélité ? L'amour s'en va. Et l'on regrette d'avoir galvaudé l'amour dans l'amourette.

Françoise Hardy

J'ai jeté mon cœur un peu à tout vent... Quelqu'un viendra-t-il me le rapporter ? Quelqu’un viendra-t-il qu'enfin je pourrai vraiment aimer ?" FIN

Au baisser du rideau qui consolera la biche blessée ? Françoise, vos mélodies, sans ces cris inutiles qui, finalement, effraient un peu les demoiselles, même si elles ne veulent pas le laisser paraître, délivrent des sentiments secrets et fragiles. Mais ces jeunes filles friandes de confidences aiment aussi que le ton soit varié. Cela me fait un peu mal quand j’entends dire : "Françoise  ? C'est toujours le même refrain !"

Dans votre dernier disque, vous parlez d'une jolie rose, votre amie. C'est une fleur qui ne dure que l'espace d'un matin, comme on le sait depuis longtemps. Nous aimerions qu'il n'en soit pas de même pour vous. Alors, faites-nous plaisir, offrez-nous vite un bouquet de chansons toutes neuves.

mardi 6 août 2013

Françoise Hardy dans Oor (1er extrait)

En août 1996, à l'occasion de la sortie du Danger, Françoise Hardy était interviewée par Geert Henderickx pour le magazine musical néerlandais Oor.

Aah, Françoise Hardy ! Au début des années soixante, c'était une jeune fille que l'on voulait regarder à la façon d'un adolescent éperdument amoureux. Mince comme un fil, les cheveux longs et raides, un air rêveur dans les yeux. Si la grande histoire de la musique pop lui consacrera peut-être quelques lignes, elle restera jusqu'à la fin des temps dans la conscience collective des Européens occidentaux. Ce n'est pas par hasard que ce charlatan de Malcolm McLaren lui a demandé il n'y a pas si longtemps une participation au projet Paris et que les garçons de Blur ont à leur tour éprouvé la nécessité de lui rendre hommage en enregistrant un duo avec elle. Françoise Hardy est vraiment quelqu'un qu'on accepte de rencontrer en chair et en os.


Texte original : "Aah, Françoise Hardy. Zoals zij diende een meisje er in de vroege jaren zestig uit te zien, wilde je er als prille tiener hopeloos verliefd op worden. Slank als een den, lang sluik haar en een dromerige blik in de ogen. Het grote geschiedenisboek van de popmuziek mag dan slechts een paar regels aan haar wijden, ze zal tot in lengte van dagen opgenomen blijven in het collectief bewustzijn van ons West-Europeanen. Niet voor niets vroeg charlatan Malcolm McLaren haar nog niet zo lang geleden om een bijdrage voor zijn project Paris. Terwijl de verafgode jongens van Blur op hun beurt zo nodig een duet met haar op de plaat moesten zetten. Want Françoise Hardy is echt zo iemand om eens een keertje in levende lijve te ontmoeten."

samedi 3 août 2013

La musique ne peut pas tricher (9ème extrait)

En 2005 Françoise Hardy accordait une interview à Cécile Wajsbrot pour la revue annuelle Fusées.

Cécile Wajsbrot : "En général, êtes-vous sensible ou plutôt indifférente à la réception de votre travail ? Par exemple, lisez-vous les articles qui vous concernent ? Et si tel est le cas, certaines considérations peuvent-elles, sur le moment, ébranler votre propre jugement ?"

Françoise Hardy

Françoise Hardy : "Je n'ai pas besoin de la caution extérieure pour savoir ce que vaut l'un de mes albums, dont je connais les qualités et les défauts mieux que quiconque. Ceci posé, il n'empêche que je suis très sensible à la façon dont mon travail est accueilli. Cela représente tant d'efforts de la part des musiciens, des réalisateurs, de l'ingénieur du son, tant d'argent et d’implication de la part de la maison de disques, que vu sous cet angle là, il est quasiment vital que l'accueil soit bon. Pour moi aussi, c'est, non pas vital, mais très important : j'ai besoin de la stimulation d'un bon accueil pour continuer. Mais il peut arriver que l'accueil soit bon et que les ventes ne suivent pas, ce qui est pire que l'inverse, car, faute d'autres ressources, certaines des personnes avec qui je travaille ont presque désespérément besoin que l'album marche. En ce qui concerne les critiques, je lis celles qui me tombent sous les yeux. Si elle sont mauvaises, elles m'ébranlent uniquement quand j'y perçois de la malveillance. Si elles sont justes, cela ne fait que conforter ma propre autocritique. Il peut arriver aussi bien sûr que certaines critiques m'amènent à me poser des questions que je ne me serais pas posées sans cela".