samedi 29 septembre 2012

Françoise Hardy interviewée par la RTS (3ème extrait)

Le 17 juillet 1963, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission radiophonique Visiteur d'un soir de la RTS, la Radio Télévision Suisse.

Voyez-vous, grâce à certaines émissions on vous tutoie beaucoup, on vous appelle par votre prénom, est-ce que dans le monde même du twist on est très copains ?
Qu'est-ce que vous appelez le monde du twist ?

Le monde du twist c'est-à-dire les chanteurs, les chanteuses de twist, est-ce que vous vous voyez ?
Oui on se… enfin moi j'ai quelques copains. Par exemple je sais pas, Richard Anthony forcément ! Claude François, j'connais bien. Lucky Blondo, Danyel Gérard, tout ça, on est copains, enfin c'est….

Et vous parlez de quoi quand vous êtes ensemble ? Vous parlez chanson ou d'autre chose ?
Oh ! Oui on parle toujours chanson. Enfin, ça ça dépend. J'sais pas de quoi on parle ça roule beaucoup autour des chansons.

Françoise Hardy - Cliff Richard

Et vous avez décidé de composer des chansons comment ? Vous jouiez du piano ou bien ?
Non., simplement j'avais demandé une guitare quand j'ai été reçue à mon premier bac. On m'a demandé ce que je voulais comme récompense alors j'ai demandé une guitare. Et puis, une fois que j'ai eu mon deuxième bac, alors je me suis occupée de la guitare que j'avais délaissée pendant un an, enfin dont je ne m'étais pas occupée du tout pendant un an, et puis j'ai fait quelques chansons.

 Interlude "Tous les garçons et les filles" 

Et puis c'est bien parti, c'est très très bien parti, ça a vite démarré. Mais qu'est-ce qui vous a incité à prendre une guitare ?
Ah ben parce que j'voulais chanter alors j'ai pensé qu'il fallait commencer par le commencement et acheter une guitare.

Y a un chanteur qui vous a donné le coup de foudre en quelque sorte de la chanson ?
Euh non c'est plutôt un poste de radio. J'écoutais… J'ai eu le coup de foudre pour les chansons à vrai dire le jour où j'ai découvert le poste de Radio Luxembourg anglais où on n'entend que des chansons à longueur de temps. Alors à ce moment là, on entendait, on entend toujours d'ailleurs maintenant également, Cliff Richard. Alors j'avais eu le coup de foudre pour une chanson qui s'appelait Travellin' night par Cliff Richard puis Living doll j'aimais beaucoup.

 Interlude "Travellin' night" 

mardi 25 septembre 2012

Françoise Hardy répond à The Independent (2ème extrait)

Le 5 février 2005, paraissait une interview de Françoise Hardy accordée au journal The Independent.

Hardy signe chez Vogue à 17 ans. Le compositeur Francis Poulenc est parmi ceux qui lui offrent des chansons [Jérôme : Je me demande si on peut vraiment porter crédit à cette information...], mais, comme beaucoup de ses œuvres ultérieures, le premier 45 tours de Hardy est de sa propre composition. Au final, "Tous les garçons et les filles" se vendra à plus de deux millions d'exemplaires, triomphant au Royaume-Uni et dans le reste de l'Europe. La presse française remarquera que Hardy a vendu plus de disques en 18 mois qu'Edith Piaf en 18 ans.

Par un heureux hasard, son ascension coïncide avec l'émergence d'un genre spécifiquement gaulois de la musique pop connu sous le nom de Yé-Yé. Mais, alors que d'autres filles Yé-Yé comme Sylvie Vartan et Brigitte Bardot traitent largement le genre dans la frivolité, la musique de Hardy a une profondeur aux qualités souvent mélancoliques qui la place à part. "Une Ophélie sans folie", écrit un critique, captant ainsi quelques aspects de la saveur de son travail de ses jeunes années. Mais Hardy, contrairement à l'Ophélie de Shakespeare, n'est pas une victime.

Brigitte Bardot - Sylvie Vartan - Françoise Hardy

Elle dit avoir été une adolescente "incroyablement naïve". La naïveté ne doit pas être confondue avec la bêtise, cependant, et la Françoise de 18 ans avait déjà entamé des études de sciences politiques, puis de littérature à la Sorbonne. "J'ai toujours été plus intéressée à nourrir mon esprit qu'à me soucier de mon apparence", explique t-elle. En lisant entre les lignes, on imagine que Hardy était une de ces ingénues, qui, au début du moins, n'était pas consciente de la puissance dévastatrice de sa beauté. Sans surprise, cela la rendit d'autant plus séduisante au célèbre photographe Jean-Michelle (sic) Périer. [Jérôme : Il s'agit bien sûr de Jean-Marie Périer...]

En collaboration avec des stylistes comme Courrèges ou le déjà mentionné Paco Rabanne, Périer, sorte de Pygmalion, se voit accorder le crédit de la transformation de Hardy en une fille objet sophistiquée que tant de stars du rock britannique trouvaient irrésistible. Le couple s'est rencontré lors d'un shooting pour le magazine Salut les Copains où Périer photographiait Hardy, et ils sont rapidement tombés amoureux.

Peu après, elle devient la première chanteuse de sa génération à faire la couverture de Paris Match, et, en 1965, elle chante à Londres à l'Hôtel Savoy pour soutenir son album Ce petit coeur. Avec célébrité, et à la grande joie des spectateurs du Savoy qui comprennent les Rolling Stones, elle porte une robe de métal, conçue par Rabanne qui, malgré sa brièveté, pèse 16 kilos.[Jérôme : Le journaliste confond la combinaison de scène de 16 kilos avec le maillot de bain en rhodoïd ultra léger du même Paco Rabanne...] Est-ce que, par hasard, elle l'aurait toujours ? "Non, je l'ai finalement jetée il y a quelques années", dit-elle, sans la moindre trace de nostalgie. "On ne peut pas tout garder."

Françoise Hardy

Texte original : "Hardy signed to Vogue Records at 17. The composer Francis Poulenc was among those who offered her songs but, like much of her later work, Hardy's debut single was her own composition. "Tous les garçons et les filles" eventually sold more than two million copies, charting in the UK and the rest of Europe. The French press noted that Hardy had sold more records in 18 months than Edith Piaf did in 18 years. Fortuitously, her rise coincided with the emergence of a uniquely Gallic genre of pop music known as Yé-Yé. But while other Yé-Yé girls such as Sylvie Vartan and Brigitte Bardot largely dealt in frivolity, Hardy's music had a thoughtful, often melancholic quality that set her apart. "Ophelia without the delirium," wrote one critic, capturing something of her early work's flavour. But Hardy, unlike Shakespeare's Ophelia, was no victim. She says that she was an "incredibly naïve" teenager. Naivety is not to be confused with stupidity, however, and the 18-year-old Françoise had already studied political science, then literature at the Sorbonne. "I was always more interested in nourishing my mind than worrying about how I looked," she explains. Reading between the lines, one imagines Hardy was one of those ingénues, who, initially at least, was unaware of the devastating power of her beauty. Unsurprisingly, this made her all the more alluring to the renowned photographer Jean-Michelle Perier. Together with designers such as Courrèges and the aforementioned Paco Rabanne, Perier, something of a Pygmalion figure, is credited with transforming Hardy into the sophisticated it-girl so many British rock stars found irresistible. The pair met while Perier was photographing Hardy for Salut les Copains magazine, and quickly became lovers. Soon, she was the first singer of her generation to grace the cover of Paris Match, and by 1965, she was singing at London's Savoy Hotel in support of her album Ce Petit Coeur. Famously, and to the delight of a Savoy crowd that included The Rolling Stones, she wore a metal, Rabanne-designed dress that, despite its brevity, weighed 16 kilos. Does she by any chance still have it ? "No, I finally threw it out a few years ago," she says, without a trace of nostalgia. "You can't keep everything.""

samedi 22 septembre 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (5ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Le début de sa carrière sera aussi le début de ses amours. En 1963, elle rencontre le photographe en titre de Salut les copains !, Jean-Marie Périer, avec lequel se noue une relation amoureuse qui durera quatre ans. mais ils se voient peu, multipliant l'un et l'autre les déplacements. Pas évident de construire une relation dans de telles conditions et Françoise ne supporte pas cette vie. Mais une carrière de chanteuse se façonne aussi sur les routes et elle se doit d'aller à la rencontre de ses fans. Par ailleurs, Jean-Marie Périer est un passionné de photo et rien ne pourra le dévier de son objectif. Entre eux, l'histoire d'amour se termine mais l'amitié demeure.

Françoise Hardy - Jacques Dutronc - Jean-Marie Périer

En 1967, la chanteuse tombe éperdument amoureuse d’un autre homme. Hélas ! Peu présent lui aussi au quotidien !
"Lorsque j'ai rencontré Jacques, se souvient Françoise, partir en tournée m'est devenu encore plus pénible qu’avant. Même s’il s'est avéré par la suite moins disponible vis-à-vis de moi que je ne l'étais vis-à-vis de lui, je ne pouvais faire autrement qu'être là pour lui."
Et la légende du plus beau couple des années 1960 commence :
"Jacques me séduisait par son insolence, son cynisme, son côté jouisseur et son insaisissabilité. Mais mes propres complexes d'infériorité m'empêchaient de voir les siens, tout aussi importants, et que j'ai découverts peu à peu. Les miens se traduisaient par une soumission excessive, les siens par la fuite."

mardi 18 septembre 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (13ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Françoise : Au quotidien, on ne se voit pas beaucoup.

Thomas : Non, malheureusement.

Françoise : Je suis obligée d'aller le voir sur scène maintenant. (Elle rit).

Thomas : Je travaille trop. Je n'ai le temps de voir personne !

Françoise : Moi, en plus, je suis très marquée par tout ce que j'ai vécu avec ma mère : je me dis que quand son enfant est adulte, il faut se tenir suffisamment à distance quand même. Parce que, malheureusement, ma mère a fait l'inverse (Elle rit)... et ça s'est très mal terminé. Tu vois, par exemple, ça ne me viendrait pas à l'esprit - parce que je sais que tu es débordé - de t'appeler tous les jours pour te dire : "Alors, qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?"

Thomas : On s'envoie des petits mails. C'est vrai que j'aime avoir des nouvelles de temps en temps, mais je n'ai jamais le temps de dîner, je rentre épuisé...

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Françoise : Je vais sur Internet pour avoir de ses nouvelles. (Elle rit). C'est très pratique ! J'ai mis un site dans mes favoris : "Les concerts de Thomas Dutronc". Alors, de temps en temps, je vais voir... Certains endroits sont marqués "complet", d'autres sont marqués "pas complet", ça me contrarie, alors deux jours après, je viens voir si ça a évolué !

Thomas : En tout cas, ce que je sais avec toi, et avec papa aussi, même si c'est parfois un peu conflictuel, c’est qu'il y a vraiment un amour sans limites.

Françoise : C'est vrai.

Thomas : Quoi qu'il arrive justement, les énervements, les fatigues ou les problèmes, notre amour est sans limites, et depuis toujours quand même !

samedi 15 septembre 2012

Françoise Hardy dans Big (2ème extrait)

En 1965, le magazine Big (numéro 21) annonçait la venue prochaine de Françoise Hardy en Italie..

Avec le caractère qu'elle a, elle serait capable de n'importe quoi. En Amérique personne ne la connaissait. Cet été elle a pris l'avion et elle est arrivée à New York. Tout à recommencer depuis le début. Faire écouter son disque aux uns et aux autres. A certains il ne plait pas, à d'autre il plait.

Comme il y a trois ans, quand à Paris avec sa petite guitare sous le bras elle faisait le tour de toutes les maisons de disques et d'édition : "Vous savez, j'ai une belle petite chanson que j'ai dédiée à tous ceux de mon âge, ceux qui ont toujours quelqu'un à aimer, quand je dois aller seule sans amour". Et ils secouaient la tête : "Non, non, ça ne va pas, ma fille. Est-ce que nous dînerons ensemble ce soir ?". Conclusion : "Des imbéciles." Jusqu'à ce qu'il y en ait un, un beau jour, plus malin que les autres, qui laisse de côté le dîner, et qui avec une seule bouteille de Champagne inaugure la mine d'or. Au moins trois cents mille disques vendus, rien qu'en Italie, de chaque nouvelle chanson du petit singe.

À New York, par contre, il ne lui a fallu qu'un mois et demi pour tout recommencer. Elle n'en a jamais parlé. L'habituel plus malin que les autres l'a engagée pour une télévision fabuleuse dans une émission couvrant les USA d'est en ouest dans le célèbre "Hullabaloo." Elle n'a pas eu le temps de conquérir le marché américain mais elle s'y est fait connaître comme un personnage important.


Texte d'origine :
"Con quel carattere che ha sarebbe capace di qualunque cosa. In America non la conosceva nessuno. Quest'estate ha preso l'aereo ed è arrivata a Nuova York. Tutto da capo. Io sono questa quella, senti il disco, piace, no, a me si. Cosi come tre anni fa, quando a Parigi con la sua chitarrina sotto il braccio faceva il giro di tutti i discografici ed editori : "Sa, io ho une bella canzoncina che ho dedicato a tutti quelli della mia età, quelli che hanno sempre qualcuno da amar, solo io devo andar sola sola, senza amor". E quelli scuotevano la testa : "No, no, non ei siamo, ragazza mia. Andiamo a cena stasera ?". Conclusione : "Imbecille." Finchè uno, un bel giorno, più furbo degli altri, lascio stare da parte la cena, e con una sola bottiglia di champagne inauguro la miniera d'oro. Minimo trecentomila dischi, solo in Italia, di ogni nuova canzone della scimmietta.
A Nuova York, invece, un mese e mezzo fa, tutto da capo. Mai sentita nominare. Il solito più furbo degli altri la acchiappa e la porta in televisione in un favoloso spettacolo coast to coast (da costa a costa) nel famoso "Hula buloo". Non ha avuto il tempo di conquistare il mercato americano ma si è fatta conoscere come un grosso personaggio."

mardi 11 septembre 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (5ème extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

J'AI TOUJOURS ÉTÉ SEULE. En classe, retranchée derrière mes bonnes notes et mes dictionnaires. A la maison, attendant des heures, en écoutant la radio, le retour de ma mère qui rentrait tard de son travail. Maintenant seule en face des chanteurs-usines, soutenus par leur clan, leur manager, leur publicité, leur public. J'en souffre parce que souvent j'aurais besoin, moi aussi, d'être conseillée, entourée, encouragée, mais je crois que je ne supporterais pas longtemps un "maître" qui me souffle et me téléguide. Quant aux parasites réconfortants, ce n'est pas dans mon style ni dans mes moyens : je gagne nettement moins que la plupart de mes "concurrents".

Françoise Hardy

JE N'AI AUCUNE ENVIE de me marier. Comme il m'est impossible à moi d'être sûre et rassurée, j'aurais vraiment tout à y perdre et rien à y gagner : un amoureux un peu inquiet (beaucoup moins que moi évidemment) contre un propriétaire satisfait. Contre un homme qui vous laisse sereinement partir pour le bout du monde : "Puisque tu es ma femme et que j'ai confiance en toi !". C'est déjà assez triste de se quitter, quittons-nous au moins en larmes.

samedi 8 septembre 2012

Françoise Hardy interviewée par la RTS (2ème extrait)

Le 17 juillet 1963, Françoise Hardy était l'invitée de l'émission radiophonique Visiteur d'un soir de la RTS, la Radio Télévision Suisse.

Maintenant j'aimerais vous poser mes questions à moi. J'aimerais vous demandez si… Vous nous donnez l'air de vous amuser beaucoup dans votre métier alors est-ce que vraiment cette vie vous amuse ?
Ah oui ? Comment ça ? J'vous donne l'air de m'amuser beaucoup ? (Rire)

Ben, j'sais pas. J'vous ai vu répéter. Vous aviez l'air heureuse, vous jouiez avec le micro, avec les musiciens.
Ah oui. Ah ben moi, j'aime bien répéter, surtout quand ce sont des chansons qui me plaisent. Oui c'est amusant bien sûr.

Et, cette vie de tournées vous plait ?
Ah oui. J'avais très peur au début. J'avais peur de m'ennuyer, que le temps soit long et tout et tout. Et finalement, ça se passe très bien. Tout le monde est très gentil et c'est formidable.

 Interlude "Il est parti un jour" 

Êtes-vous Parisienne ?
Oui. J'suis née à Paris. J'y habite depuis ma naissance. (Rires).

Françoise Hardy

Et vous avez débuté dans la chanson pourquoi et comment ?
Eh bien parce que j'avais envie de chanter... alors j'ai fait des chansons et j'ai été les montrer dans une maison de disques. Et il s'est trouvé que j'ai eu beaucoup de chance, que la maison disque a été tout de suite intéressée, qu'on m'a fait faire un disque qui a marché tout de suite. (Rires)

Qui a marché très bien et justement je voulais vous demander si vous n'aviez pas un peu peur de cette chance … parce que c'est parti très vite.
Ah si si si si si. Si, justement j'ai peur que ça s'en aille aussi vite que c'est venu. Ça c'est normal et puis j'pense que de toute manière, dans toute carrière y a des éclipses et… y a bon nombre de carrières qui ont débuté de façon un peu fulgurante et puis ça s'est arrêté là. Alors bien sûr je redoute que ça se passe de la même façon pour moi.

 Interlude "L'amour s'en va" 

mardi 4 septembre 2012

Françoise Hardy répond à The Independent (1er extrait)

Le 5 février 2005, paraissait une interview de Françoise Hardy accordée au journal The Independent.

Nous bavardons dans l'ambiance minimaliste et zen de son appartement du 7ème arrondissement [Jérôme : en fait il s'agit plutôt du 16ème]. Situé à seulement quatre minutes à pied de l'Arc de Triomphe, c'est un domicile qu'elle partage avec le musicien et acteur Jacques Dutronc. Dutronc, aussi célèbre que Hardy en France, est son compagnon depuis 37 ans, et son mari depuis 23 ans. "Quand nous nous sommes mariés en 1981 pour des raisons fiscales, notre fils Thomas avait déjà sept ans," rit-elle. "Si ce n'était pas pour les lois sur l'héritage, personne en France ne se marierait."

Hardy dit qu'elle occupe le rez-de-chaussée sans fenêtre de l'appartement, tandis que son mari apprécie la liberté des étages. Un bar bien rempli - probablement appartenant à Dutronc - est visible à travers une partie du plafond de verre au-dessus de nos têtes. Dans la luxueuse salle pavée de marbre dans laquelle nous sommes assis, une cave à vin vitrée ronronne doucement, comme si elle était heureuse de cacher en son sein des vins blancs coûteux.

Apparemment, nous sommes là pour parler de Tant de belles choses, le tout premier album de créations de Hardy depuis huit ans. Naturellement, nous le faisons, mais la star habituellement recluse parle aussi de ses aventures avec le beau monde du Londres des années 60, de sa passion pour l'astrologie, et de bien plus encore.

Après s'être joyeusement moquée de ma tentative pour la saluer en français, elle désigne à notre traductrice Jane ainsi qu'à moi-même, une table basse dominée d'un côté par une immense statue de Bouddha. "Mon mari l'aime beaucoup", dit notre hôte, "mais je suis la seule à porter de l'intérêt au bouddhisme."

Françoise Hardy

Texte original : "We're chatting in the minimalist, Zen-like surrounds of her 7th arrondissement apartment. Just four minutes walk from the Arc de Triomphe, it's a home she shares with the musician and actor Jacques Dutronc. Dutronc, as famous as Hardy in France, has been her partner for 37 years, and her husband for 23 years. "When we married in 1981 for fiscal reasons, our son Thomas was already seven," she laughs. "If it wasn't for the inheritance laws, no one in France would marry."
Hardy says she occupies the windowless ground floor of the flat, while her husband enjoys free reign upstairs. A well-stocked bar - Dutronc's presumably - is visible through a portion of glass ceiling above us. In the luxurious, marble-tiled room in which we are sitting, a glass-fronted wine chiller purrs softly, as though pleased with the expensive-looking stash of whites within.
Ostensibly, we've met to talk about Tant De Belles Choses (So Many Beautiful Things), Hardy's first album of all-new material in eight years. Naturally we do so, but the normally reclusive star also speaks about her adventures with the beau monde in 1960s London, her passion for astrology, and much more besides.
Having playfully mocked my attempt to greet her in French, she shows our translator, Jane, and me to a low coffee table dominated at one end by a huge statue of Buddha. "My husband is very fond of it," says our host, "but I am the one with an interest in Buddhism."

samedi 1 septembre 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (4ème extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

A son entrée à Sciences Po, Françoise s'inquiète un peu : elle a accepté de faire ces études pour maman qui souhaite qu'elle entre en politique mais c'est une besogneuse qui travaille dix fois plus que les autres pour réussir et ça commence à la fatiguer. Ce qui l'intéresse, c'est la musique. Folle du rock anglo-saxon, elle écoute en boucle Elvis Presley et son tube, "Are you lonesome tonight ? ". Elle rêve, Françoise, elle ne pense qu'à ça, chanter !

Elle décide alors de prendre son destin en main et s'inscrit au Petit Conservatoire de la chanson de Mireille. Et c'est en tombant sur une petite annonce parue dans "les Potins de la Commère" de France Soir qu'elle s'offre sa première grande chance : elle décide d'écrire à cette maison de disques qui cherche de jeunes interprètes pour renouveler la chanson française. Il lui faudra un an pour s'imposer aux producteurs de Pathé-Marconi, [Jérôme : en fait c'est chez Vogue qu'elle s'imposera] mais elle ne perdra jamais cette envie de chanter qui la tenaille.

Françoise Hardy

Le 25 avril 1962, elle enregistre à la périphérie de Paris ses premiers titres dont "Tous les garçons et les filles". Les quatre musiciens ne sont pas les meilleurs, les arrangeurs non plus. La toute jeune Françoise Hardy, 17 ans, entonne une chanson à la guitare dans un endroit qui ressemble à un placard mais elle est folle de joie. Pour elle, c'est le rêve absolu : "Je me revois après l'enregistrement, rue d'Hauteville, me sentant pousser des ailles. C'était le plus beau jour de ma vie !" Le single "Tous les garçons et les filles" fait un carton et Françoise enregistre un album dans les mêmes conditions désastreuses. C'est sur la tournée qui suit que Richard Anthony lui conseille de tout faire pour aller enregistrer en Angleterre : " Je ne reconnais la qualité de mon travail qu'à partir de ce moment-là", dit-elle, ne faisant pas mystère de ses doutes sur l’intérêt artistique de son premier tube.