samedi 30 juin 2012

Françoise Hardy parle cinéma pour Première (7ème partie)

Pour le numéro de Septembre 1990, le magazine Première donnait la parole à Françoise Hardy pour qu'elle donne son avis sur quelques films d'hier et d'aujourd'hui.

Birdy d'Alan Parker (1985)
D'abord, je considère Alan Parker comme un des grands réalisateurs de notre époque. C'est vraiment un cinéaste, quelqu'un qui sait utiliser une caméra, faire des images [elle cherche ses mots]. Je trouve ça génial parce que c'est très surprenant. Les situations sont surprenantes. La personnalité de Birdy est insolite et il y a une vraie structure.

Birdy

Du début à la fin, il n'y a pas un seul temps mort, on ne sait pas où le réalisateur nous emmène, mais il nous emmène quelque part. Et on n'est pas déçu à la fin. C'est un film sur la pureté. Tout y est intelligent, surprenant, original et, en même temps, bourré d'émotions. C'est le genre de film qui me bouleverse au point de me faire pleurer.

mardi 26 juin 2012

Françoise Hardy dans "Femmes de, Filles de" (1er extrait)

En 2005 Valérie Domain nous proposait les portraits de femmes d'influence dans son livre Femmes de, Filles de. Un chapitre était consacré à Françoise Hardy.

Tout au fond de son sol marbré, règne un immense Bouddha tout d'or vêtu illuminé par en dessous au moyen d'une lumière rougeoyante. Un canapé en cuir noir fait face à un fauteuil signé du designer américain Charles Eames. Une lampe champignon Nesso années 1970 orange trône sur une petite table. Peu de plantes, pas de tissus chatoyants, pas de coussins ni de grande table d'invités. Seule une console encombrée d'une collection de boîtes de thé, non pour l'esthétisme mais parce que la maîtresse de maison semble apprécier le breuvage.

Le triplex de Françoise Hardy situé au cœur d'une des artères les plus chic de Paris est on ne peut plus sobre, sans la moindre volonté d'en mettre plein la vue. On ne sait pas si les étages sont tout aussi dénudés, mais on le présume. Au premier, le domaine réservé à Jacques Dutronc, au deuxième, celui de Françoise. Un petit ascenseur conduit les propriétaires à leurs appartements, le seul luxe souhaité par la chanteuse. Et, encore une fois, point de snobisme dans cette exigence, mais une raison toute médicale : Françoise a mal aux genoux, "Je suis en morceaux", dit-elle sans ciller.

Bref, un lieu en phase avec la chanteuse rien de superficiel à signaler, le juste nécessaire.

Françoise Hardy

Elle apparaît sans fards, directe, grave derrière ce petit rire qui fuse comme un volcan au réveil. Mais cela fait longtemps qu'elle a arrêté de bouillir.

Avec l'âge, la sérénité est venue. Ses cheveux blancs, son grand corps maigre, ses yeux noirs habillent sa légende. Elle a été et elle est encore. D'ailleurs, ça l'étonne presque. Elle, qui n'a pas fait de scène depuis plus de trente ans, qui enregistre un disque quand ça lui chante et s'est fait une spécialité d'un passe-temps, l'astrologie. Finalement, elle aurait pu tout arrêter, tout oublier de sa carrière dans la chanson.

L'important n'a jamais été là. L'important a toujours été Jacques. Puis leur fils, Thomas. L'important, ce sont ses hommes. Pourtant, Dieu sait qu'elle en a bavé avec le premier, un courant d'air, puis, heureusement moins, avec le deuxième qui, lui, ne voulait pas la quitter. Un vrai casse-tête. Parfois, elle se plaint qu'on lui parle sans cesse de Jacques mais c'est dit sans amertume, comme une constatation : "Cela ne m'a jamais gênée d'être une "femme de", j'ai toujours eu le sentiment que c'était mieux comme ça que dans l'autre sens, dit-elle. Et puis ça ne me déplaît pas, dans le fond. Même si c'est un peu humiliant de ne pas pouvoir parler d'un album sans évoquer Jacques."

samedi 23 juin 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (9ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Thomas : En Corse aussi, j'étais tout le temps avec vous. D'ailleurs, encore maintenant, j'y vais tout le temps. J'ai une maison dans un village pas très loin de la maison familiale. C'est pratique. C'est la maison de ma copine, un endroit que j'aime beaucoup. La Corse, c'est devenu quelque chose de très important. J'ai un peu mes racines là-bas..

Françoise : Oui, j'ai eu ma maison en 1966.

Thomas : Même si on n'allait pas à la mer ensemble, j'allais me balader dans les collines à côté. Du coup, j'aime beaucoup me retrouver dans la nature, comme ça...

Françoise : Ah oui ! ton papa n'est jamais allé à la plage, en tout cas à partir du moment où il a été connu. Moi, j'y allais tous les jours à midi.

Thomas : Mes parents n'avaient pas vraiment d’activités en Corse. Ils n'allaient pas se balader, ni à la mer ni à la montagne. Ils ne disaient jamais : "Tiens, on va faire un pique-nique." Rien. Maman lisait des bouquins, enfermée dans sa chambre toute la journée, et mon père...

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Françoise : Oui, mais je m'occupais de tout le reste, les courses, la vaisselle, les repas...

Thomas : Et mon père faisait venir tous ses copains à la maison. Donc moi, j'étais leur barman. Je servais les pastis à midi à tous les copains de mon père et je demandais des petits pourboires. Je faisais ça pendant une heure ou deux. Et le soir, j'insistais pour que les gens prennent des cocktails, parce que c'est un peu ennuyeux le pastis ou le whisky alors que je voulais faire des curaçaos bleus... Je faisais ça tout le temps parce que, effectivement, toi, tu restais à lire.

Françoise : Je lisais au moment de la sieste qui était le seul moment où je pouvais me reposer un petit peu.

Thomas : On ne sortait jamais de la maison pour aller au resto par exemple.

Françoise : Mais c'est ton père qui ne voulait jamais sortir !

Thomas : Ah, il y avait la pétanque ! Ça, c'était sympa. On s'amusait bien,. Il y avait mes grands-parents : on jouait aux cartes avec eux. Je faisais venir les copains aussi. Il y avait des amis que je faisais venir en vacances à partir de huit, neuf ans. Mais on était un peu enfermés. On se baladait moins que d'autres enfants qui pouvaient aller à la mer ou à la montagne.

mardi 19 juin 2012

Françoise Hardy dans Jours de France (1ère partie)

Jours de France relatait le vingtième anniversaire de Françoise Hardy dans son numéro du 1er février 1964.

Vendredi 17 janvier, à midi trente (l'heure habituelle de son réveil), Françoise Hardy a eu vingt ans. Une pluie de cadeaux s'est abattue sur elle. Le photographe Jean-Marie Périer (qu'elle appelle "son compagnon des bons et des mauvais jours", préférant cette métaphore au mot fiancé) lui a offert une splendide montre en or blanc, avec des étoiles d'or jaune et un bracelet de daim : le tout signé Cartier.

Jours de France - Françoise Hardy - Jean-Claude Brialy

De sa sœur, Michèle (d'un an et demi sa cadette), elle a reçu un gros album illustré (en édition de luxe) sur l'histoire de la magie, sujet qui passionne Françoise. Joignant l’utile à l'agréable, leur mère, Mme Hardy, lui a remis une trousse de couture. "Voilà pour la famille", dit Françoise, qui, de son côté, s'est acheté, en vue de ses prochains déplacements, trois sacs à bandoulière ("mon bagage préféré") ; et "pour satisfaire un sentiment de curiosité professionnelle bien légitime", le premier disque de J.-C. Brialy ("l'adorable et spirituel Jean-Claude").

samedi 16 juin 2012

Françoise Hardy dans Elle en 1965 (1er extrait)

Dans le numéro de Elle du 25 janvier 1965, Claude Berthod proposait à Françoise Hardy de mieux la faire connaître le temps d'un tête à tête.

JE NE SUIS PAS TRES DOUEE pour chanter et je n'ai pas grand chose à dire. J'ai simplement, comme tout le monde, besoin de m'extérioriser et ma seule chance de communication ce sont mes chansons. Si je m'étais sentie capable de convaincre, de diriger, d'organiser, de m'intégrer dans un cadre de travail quelconque, si j'avais été plus sûre et plus sociable (et si l'on ne m'avait pas offert une guitare après mon bac !) je n'aurais sans doute jamais chanté... Et ça n'aurait pas été une grande perte !

Françoise Hardy

LE DRAME DANS NOTRE METIER, c'est que dès qu'on commence à être un peu connu, on a trop de travail pour travailler. De gala en "télévision", de "radio" en enregistrement, le roseau pensant tourne vite au robot chantant. Plus question de fignoler ses textes. D'étudier les harmonies. De re et re et recommencer un 45 tours. Il faut que le disque soit gravé en trois heures ! Chaque fois que j'écoute un nouvel enregistrement j'y découvre de nouveaux défauts et, malheureusement, il est trop tard. La trappe est fermée !

mardi 12 juin 2012

La discographie des années 60 en 45 tours (année 1969)

Suite de la saga des 45 tours français des années 60 de Françoise Hardy.

Époque : 1969 !

Françoise Hardy n'a plus d'obligations scéniques colere et son procès avec Vogue monopolise en coulisse une énergie importante No qui la conduit à signer avec Sonopresse. danse En juillet, il est question d'un spectacle d'avant garde avec René Koering au Festival d'Art Moderne de Saint-Paul de Vence tournicoti mais le projet avorte... au grand soulagement de l’intéressée. clown

Hasard ou coïncidence, c'est à cette époque que la lisibilité de la discographie de Françoise Hardy est la plus confuse. jongleur De nombreux titres paraissent à l'étranger sans que leur sortie française ne soit obligatoirement assurée ! triste

En Allemagne, un SP est spécifiquement édité avec deux titres en allemand qui ne sortiront jamais en France. No

Pour le public italien, un album fortement inspiré de Comment te dire adieu est édité. amour Quatre titres de l'album français sont remplacés par les chansons des deux singles en italien sortis en 1968. Autre particularité : Il male d'amore, la très rare version italienne de A quoi ça sert est substituée au titre français original. En sus, un SP paraît avec deux autres adaptations italiennes de titres français (L'ora blu et Stivali di vernice blu (les bottes rouges sont devenues bleues en traversant les Alpes.... waou ) Heureux Italiens ! soleil

La plus gâtée reste cependant l'Afrique du Sud sunny , qui a la primeur d'un troisième album en anglais (qui, comble de l'histoire, n'a toujours pas été édité à ce jour en France ! rouleau à patisserie ) avec douze inédits. clap Le public du Royaume Uni aura quant à lui la chance de pouvoir en goûter un petit aperçu grâce à la sortie d'un SP annonçant l'album à paraître en 1970. zic

1969
mars juin
septembre décembre


Côté France, malgré le climat houleux qui règne en coulisse entre Françoise Hardy et sa maison de disques historique, quelques chansons voient heureusement le jour. rose

En mars l'album En Anglais est enfin diffusé en France, accompagné de la sortie d'un nouvel EP reprenant trois chansons de l'album Comment te dire adieu (La mer, les étoiles et le vent, Où va la chance et Étonnez-moi Benoît ! dans une nouvelle version) auxquelles est adjoint un titre inédit (C'est lui qui dort). ouais

En juin, un nouvel EP est dans les bacs (Des bottes rouges de Russie, Il voyage, L'heure bleue, Au fil des nuits et des journées).

En septembre, c'est un SP qui paraît. Il comporte les titres : J'ai coupé le téléphone, Les doigts dans la porte. musique

Décembre finit sans la sortie du moindre album.. big cry mais Vogue fait paraître un SP avec deux inédits (en France) de 1965 : La mer, Les feuilles mortes.

Ainsi s'achève l'épopée des 45 tours français des années 60 de Françoise Hardy. salut

samedi 9 juin 2012

Françoise Hardy parle cinéma pour Première (6ème partie)

Pour le numéro de Septembre 1990, le magazine Première donnait la parole à Françoise Hardy pour qu'elle donne son avis sur quelques films d'hier et d'aujourd'hui.

9 semaines 1/2 d'Adrian Lyne (1986)
Je suis allée le voir trois fois... [Elle rit] et après, quand il est passé sur Canal+, je l'ai enregistré ! Parce que je suis sensible à la séduction, que c'est un film sur ce sujet qui a le bon goût d'"utiliser" deux acteurs incroyablement séduisants.

9 semaines 1/2

C'est évidemment le film où Mickey Rourke est le plus séduisant, même si ce n'est pas son meilleur film; il y a eu "Rusty James", et après "L'année du Dragon" ou "Angel Heart". Et puis moi, en tant que femme, bien que n'étant pas aussi jolie qu'elle, je me suis complètement identifiée à Kim Basinger...

mardi 5 juin 2012

Gros plan sur Françoise Hardy par Télé 7 jours (2ème partie)

En 1963, Télé 7 jours s'épanchait à sa manière sur le "phénomène" Hardy.

Le succès ne lui tourne pas la tête. Plus que jamais, Françoise veut garder le contact avec son public qu'elle appelle d'ailleurs "ses copains". Elle reçoit un volumineux courrier, qui émane en majorité de filles. "C'est normal, dit Françoise, mes chansons s'adressent quand même plus aux filles qu'aux garçons."

"Je suis d'accord pour le cinéma,
Pour le rock, le twist ou le chacha(cha)
Je suis d'accord pour tout ce que tu voudras
mais ne compte pas sur moi pour aller chez toi".


Avec cette chanson, véritable pirouette, Françoise a d'emblée, rallié à sa cause non seulement "les enfants sages" mais encore le "clan" des mères, clientèle non négligeable même quand on ne s'adresse qu'aux jeunes !

Françoise Hardy

Des projets, Françoise en a cent, en a mille. Deux lui tiennent à cœur. Connaître à fond le scénario du film "Château en Suède" que Vadim a tiré de la pièce de Françoise Sagan. Si le rôle ne lui convient pas, elle refusera. Avec elle, Vadim jouera difficilement les Pygmalion. Modeler, façonner, transformer, voilà bien une manie chère à ce metteur en scène. Mais s'attaquer à cette grande fille simple, naturelle, lucide et vraie, c'est un peu une gageure.

Quand à son deuxième projet, il la séduit plus que tout autre. Dès la fin du mois de juin, Françoise partira en tournée, à travers la France. Dans chaque ville, sur chaque plage où elle passera, elle continuera à chanter que "c'est à l'amour auquel elle pense" !

samedi 2 juin 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (8ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Françoise : Je me souviens qu'un jour, tu n'étais pas content après moi pour je ne sais quelle raison, et tu n'avais certainement pas tort. Tu étais assez petit. Tu t'es mis à me traiter de bécasse. Tu me dis : "Maman tu es une bécasse." Je me demandais d'où tu sortais ce mot et ça m'a fait rire ! Tu pensais proférer l'insulte suprême : "Tu es une bécasse."

Thomas : J'avais lu ça dans une BD. Enfin, tu as été très structurante pour moi. Très tendre, très présente. Très soucieuse de mes études et assez exigeante.

Françoise : Je ne me souviens pas d'avoir été exigeante.

Thomas : Je veux dire d'une manière naturelle : tu l'étais de manière générale. Papa aussi, d’ailleurs. C'est quand même quelqu'un d'assez exigeant intellectuellement.

Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Françoise : Ce n'est pas du tout mon souvenir. Mon souvenir, c'est que tu as tout de suite été très brillant à l'école. Je savais que ton grand-père paternel et ta grand-mère maternelle t'aidaient quand il le fallait. Moi, je ne me suis finalement jamais occupée de ton travail à l'école. Tu avais de bons résultats et j'étais très contente. Je me souviens que ton père, qui est le pessimisme incarné - enfin, l'optimisme si on veut se moquer de lui - disait : "Ça ne va pas durer, ça ne va pas durer." Il pensait que c'était trop beau pour être vrai.

Thomas : Mais je me rappelle avoir renoncé à essayer de partager ça. Je me rappelle quand je te faisais lire des rédactions.

Françoise : Oui, moi je butais sur des fautes d'orthographe énormes. Je lui disais : "Mais qu’est-ce qu'on t'apprends à l'école ?" (Elle rit.)

Thomas : Pas du tout pédagogue ! Je me rappelle une de tes phrases : "Oh là là, mon petit chouchou, je m'inquiète à ton sujet !" J'étais en CM2, je me suis dit : "Bon, OK", et je ne t'ai plus jamais rien montré. Tu n'as jamais été diplomate, mais c'est plutôt bien comme ça. Et puis je participais beaucoup à votre vie... C'est super-agréable. Je ne sais pas si j'étais collant, je n'en ai pas l'impression, mais, dans les dîners, j'aimais bien être là.

Françoise : On t'emmenait tout le temps avec nous, même au restaurant. On ne sortait pas beaucoup, mais quand on sortait au restaurant, on t'emmenait.