lundi 2 avril 2018

30 mars 2018 - Françoise Hardy évoque son nouvel album pour Le Parisien

Françoise Hardy : «Je ne suis que nostalgie»

Yves Derai et Franck Vergeade
30 mars 2018

Françoise Hardy à Paris, le 24 janvier dernier.
Benoît Peverelli

Le nouvel album


La sortie de votre nouvel album, Personne d’autre, est une surprise inespérée. En 2012, vous aviez déclaré que L’Amour fou serait le dernier...
Françoise Hardy C’est effectivement un disque qui n’aurait jamais dû se faire. En 2015, après cinq mois d’hospitalisation éprouvants, j’allais très mal et je ne pouvais plus chanter. Déjà que je n’ai pas beaucoup de voix (sourire). A cette époque, mon fils Thomas sortait son nouvel album, Eternels, jusqu’à demain, avec une reprise d’un standard américain que j’aurais adoré fredonner, comme à chaque fois qu’une chanson m’obsède, mais c’était au-dessus de mes forces. J’ai dû refuser une proposition de duo avec Michel Legrand. Et puis ma voix a fini par revenir, miraculeusement.

Parmi les douze morceaux figure notamment une reprise de Seras-tu là, de Michel Berger. Pourquoi ce choix ?
C’est une chanson à la fois sacrée et bouleversante. Je l’ai écoutée un nombre incalculable de fois à sa sortie, en 1975. Je suis une inconditionnelle de Michel Berger, particulièrement de ses ballades sentimentales. Il était au fond très romantique (sourire). Pour le disque du vingtième anniversaire de l’association Sidaction (Kiss & Love, en 2014, NDLR), Julien Clerc m’avait suggéré de reprendre ce titre en duo, mais notre version était tellement décevante... Je suis toujours très affectée lorsqu’on rate une chanson à cause de la production. Alors j’ai décidé de lui offrir une seconde chance.

Sur Personne d’autre, vous avez choisi la chanson écrite et composée par La Grande Sophie comme premier single, alors que vous signez presque tous les autres textes. C’est un exercice d’humilité, non ?
Quand La Grande Sophie m’a envoyé sa maquette, je savais déjà que Le Large serait le premier single. Serge Gainsbourg, après avoir écouté mon album La Question (1971), m’avait dit : « A quoi servent les beaux wagons s’il n’y a pas une locomotive pour les tirer ? » Depuis ce jour, j’ai toujours suivi son conseil pour extraire un tube de chaque album.

Pour revenir à votre longue hospitalisation, votre pronostic vital a même été engagé...
Oui, les médecins avaient fini par baisser les bras. Un jour, mon hématologue a appelé Thomas pour l’informer que la fin était proche et qu’il fallait demander à Jacques de rentrer de Corse. Rendez-vous compte, j’étais descendue à 39 kilos ! Mon état de faiblesse était tel que la chimiothérapie était risquée pour soigner mon lymphome. Et c’est ce qui m’a paradoxalement sauvée. J’ai commencé à redonner des signes de vie le jour où Thomas et Jacques étaient dans ma chambre d’hôpital.


Avec Jacques Dutronc et leur fils Thomas, à Paris, en 1976. (Jean-Claude Deutsch/Paris Match/Scoop)

Au sortir d’une telle épreuve, enregistrer un disque faisait-il partie de la liste de vos envies ?
Absolument pas ! J’avais juste besoin de raconter mon expérience, en écrivant ce petit livre au titre multiple, Un cadeau du ciel (Editions des Equateurs, 2016). Car je suis convaincue d’avoir été aidée par les prières et la spiritualité. Je n’éprouvais aucune envie pour la musique. Pour tout vous dire, j’étais même plutôt soulagée à l’idée de ne plus chanter. C’est mon ami Marc Maréchal, mon ancien attaché de presse, qui, sans m’avertir, a téléphoné à mon label pour relancer l’idée d’un album. J’ai alors commencé à recevoir des musiques, trop branchées à mon goût (sourire). Sur YouTube, j’ai découvert ce groupe finlandais, Poets of the Fall, dont la chanson Sleep m’a instantanément subjuguée. Mais elle est extrêmement difficile à interpréter, même en adaptant le texte en français. Erick Benzi, avec lequel j’avais déjà collaboré pour Tant de belles choses (2004), a été un musicien et réalisateur inspiré. C’est comme cela que je me suis laissée embarquer dans la confection de ce disque.

Il y a une chanson, Train spécial, dans laquelle vous proposez à quelqu’un de partir avec vous vers l’éternité. Vous vous adressez à Dutronc ?
Oui, en effet (sourire). Il y a deux titres qui parlent du départ, Le Large, de La Grande Sophie, et Train spécial, où il est question de partir dans des espaces intersidéraux. Cette chanson s’adresse à Jacques, mais il n’écoute jamais les disques avant leur sortie.

En interview, vous avez répété que La Question (1971) et Le Danger (1996) étaient vos deux albums fétiches. Comment situez-vous Personne d’autre dans votre discographie ?
J’aime aussi beaucoup L’Amour fou (2012). Ce nouveau disque a été très difficile à faire parce que j’ai multiplié les soucis d’ORL (les troubles de nez, de gorge, d’oreille). Pour la première fois de ma carrière, j’ai des problèmes d’acouphènes. De toute façon, ce n’est pas à mon âge que je vais me mettre à groover comme France Gall ou Ella Fitzgerald (rires) !

Source : http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/musique/francoise-hardy-je-ne-suis-que-nostalgie-28-03-2018-7634025.php

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