mardi 3 octobre 2017

Août 1992 - Françoise Hardy : Message à Michel Berger (Télé 7Jours)

Mais si tu crois un jour que tu m'aimes / Ne crois pas que tes souvenirs me gênent / Et cours, cours jusqu'à perdre haleine / Viens me retrouver." Des mots de Françoise Hardy, que Michel Berger semblait avoir mis en musique pour chacun d'entre nous. Quand on l'entend aujourd'hui, au hasard de la FM, l'émotion est encore plus vive. Françoise Hardy le sait et si elle, si pudique, si discrète, parle de Michel Berger, c'est pour lui rendre hommage.
Si l'on vous dit "Message personnel" est l'une de vos plus belles chansons ?
Elle est d'abord liée à la période la plus heureuse de ma vie. Lorsque j'ai commencé à travailler avec Michel Berger, en 1973, j'étais enceinte et Thomas est né alors que j'enregistrais mon album. Je garde un souvenir très précis du jour où Michel Berger est venu me jouer "Message personnel". J'habitais alors, avec Jacques, un petit appartement sur l'île Saint-Louis. Michel s'est mis au piano. La mélodie m'a transportée au septième ciel : pour moi, cela ne faisait aucun doute, ce serait une grande chanson. Il n'est l'auteur que de la musique, oui, mais en plus, c'est lui qui a eu l'idée de me faire écrire la partie parlée avant la partie chantée. Pour le titre, il m'a fallu trois jours de réflexion !

Comment en étiez-vous arrivée à travailler avec Michel ?
Il me semble que c'est Jean-Marie Périer qui nous a présentés l'un à l'autre. J'arrivais en fin de contrat dans ma précédente maison de disques, Vogue, et je ne savais pas trop dans quelle direction aller. J'avais entendu le disque que Michel venait de produire pour Véronique Sanson, puis "De l'autre côté de mon rêve". Il m'avait bouleversée. Il faisait paraître dépassé tout ce qui avait été fait auparavant. Il a accepté de produire un album pour moi, chez WEA, à condition de ne pas en composer les mélodies. A moi de trouver des compositeurs et d'écrire le plus possible de texte. Cela ne l'a pas empêché de revenir sur sa décision.


Une collaboration idéale.
Pas toujours, il faut l'avouer, tout simplement parce que, avec Michel, qui était déjà un homme très occupé, tout ne se faisait qu'au dernier moment. Or, moi, d'un naturel sans cesse angoissé, j'ai besoin que toute soit prêt avant. Cela créait donc entre nous des tensions. En plus, j'étais très impressionnée, bien que Michel ait trois ans de moins que moi, par son autorité, par son talent. De con côté, lui croyait que je me prenais pour une star. Ce qui n'a jamais été le cas. Je suis trop disciplinée, trop soumise, trop laborieuse. Ce qui est vrai, c'est qu'à l'époque de l'enregistrement j'étais très fatiguée : le dernier biberon de Thomas était à 1 heure du matin, le premier à 6 heures. En plus de mes limites vocales, il y avait des jours où je ne pouvais guère chanter. Michel m'en voulait.

Alors, vous avez cessé de travailler avec lui ?
J'aurais rêvé de continuer. Lui-même y pensait aussi. C'était l'époque où il arrivait, lui, en fin de contrat pour WEA et montait sa maison, Apache. Il m'avait proposé de réaliser un "concept album", un disque où chaque chanson tournait autour d'un thème central, comme son album. "Entracte", dont les chansons exprimaient chaque phase d'un amour. Les chansons d'amour, moi c'est la seule chose qui m'intéressait et m'intéresse toujours. Trouver un autre thème, ça ne m'intéressait pas. De plus, il commençait à produire France Gall. Deux chanteuses en même temps, ce n'était pas possible.

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