samedi 11 novembre 2017

Interview pour Canal + - Partie 4

Gilles VERLANT : Dans la famille yéyé de la première partie des années soixante, vous passiez plutôt pour l'intellectuelle, la rêveuse de la bande ...

Françoise HARDY: Je ne sais pas pourquoi l'on m'a faite cette réputation d'intellectuelle - peut-être parce que j'écrivais les paroles de mes chansons, contrairement à la plupart de mes consœurs et confrères ... Mais mes textes n'avaient rien de très sérieux, ils étaient extrêmement sentimentaux. Une intellectuelle, c'est quelqu'un qui se sent bien dans le monde des idées, qui m'est tout à fait étranger. Je fonctionne surtout au sentiment et à la sensation !

Gilles VERLANT : A vos débuts, Philippe Bouvard vous avait trouvé un surnom légumier ...

Françoise HARDY : Il m'avait baptisée "l'endive du twist" et j'avoue que ça m'avait fait rire, parce que c'était surprenant et en même temps, ça me correspondait relativement. N'oublions pas que l'endive est un légume de luxe, délicat et un peu pâle ! Lorsque plus tard j'ai monté ma première petite société de production, je l'ai appelée Asparagus, pour répondre à tous ceux qui me traitaient de grande asperge.


Gilles VERLANT : On parlait de concerts à Londres, vous faisiez également des tournées en France, mais vous arrêtez tout en 1968 ... Parce que vous n'aimiez pas la scène ?

Françoise HARDY : Faire de la scène oblige à voyager sans cesse, donc à ne jamais être chez soi et surtout à toujours devoir quitter la personne avec qui l'on a envie d'être. En plus, à cette époque là, je vivais avec le photographe Jean-Marie PERIER, qui lui-même était tout le temps en voyage. Donc, la scène a tout de suite été associée pour moi à des déchirements et des séparations. Je ne parlerai pas de mes premières tournées, en 62-63, j'étais totalement inconsciente, je réalisais à peine ce que j'étais en train de faire. Plus tard, j'ai commencé à éprouver un relatif plaisir à être sur scène quand j'ai eu de meilleurs musiciens. Mais j'avais tellement le trac, tellement peur d'oublier mon texte, que ces angoisses prenaient le dessus. Depuis 1968, je ne suis plus remontée sur une scène et il n'est pas question que j'y retourne un jour !

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