mardi 14 novembre 2017

Interview pour Canal + - Partie 5

Gilles VERLANT : Dans les années soixante toujours, on se souvient de photos légendaires avec vous et Mick Jagger ...

Françoise HARDY : Jean-Marie qui avait déjà des envies de cinéma avait eu le projet de faire une adaptation des "Enfants terribles" de Cocteau, avec Mick Jagger et moi. Il nous a donc réunis pour les besoins d'une photo parce qu'il avait l'impression qu'on avait un petit air de famille, une ressemblance physique. J'étais évidemment très troublée par Mick, qui avait un charme irrésistible, la beauté du diable ... Dans une interview, il avait déclaré que je correspondais à son idéal féminin, alors imaginez mon émoi ...

Gilles VERLANT : On était en plein âge d'or du Swinging London ... Vous y participiez, de près ou de loin ?
Françoise HARDY : Après mon spectacle au cabaret de l'hôtel Savoy, j'allais dans les boîtes de nuit et je croisais des artistes comme les Beatles ou les Stones ou des photographes du genre David Bailey. J'étais fascinée par tout ça mais en même temps j'en étais très loin parce qu'à cette époque, j'ignorais absolument tout de la drogue ! A l'évidence, tout le monde planait beaucoup et je ne savais pas du tout à quoi attribuer cela ... La seule personne qui m'ait invitée plusieurs fois, c'était Brian Jones, des Rolling Stones : je me suis donc retrouvée, émerveillée, chez lui et sa compagne Anita Pallenberg. J'ai su après que l'un et l'autre s'étaient demandés pourquoi j'avais accepté leur invitation : était-ce parce que j'avais des vues sur Brian ? Ou sur Anita ? Moi, toujours aussi naïve, j'étais simplement éblouie de voir de près un membre des Rolling Stones !


Gilles VERLANT : Vous essayez de nous faire croire que vous étiez à Londres en plein explosion psychédélique et que vous n'avez pas touché à la drogue ?
Françoise HARDY : Je vous assure, je n'ai jamais pris de drogue ! Ça m'a toujours effrayée; en revanche, j'ai toujours adoré boire du bon vin, c'est beaucoup mieux que la drogue, à tous points de vue !

Gilles VERLANT : Lors de ces séjours londoniens, à part les concerts au "Savoy", à quoi passiez-vous votre temps ?

Françoise HARDY : Que ce soit à Londres ou Paris, la seule chose qui m’intéressait, c’était d’arriver à écrire des chansons : dès que j’avais un moment de libre, je m’enfermais dans les toilettes ou les salles de bains de mes chambres d’hôtel parce que l’acoustique y est particulière. J’essayais de composer et j’étais tellement tourmentée par ce que je vivais sur le plan personnel qu’il n’y avait pas de place pour examiner le reste du monde ... J’étais loin de la personne que j’aimais, je me demandais où elle était, je vivais dans l’attente du coup de fil qui allait me redonner un peu de vie.

Gilles VERLANT : Puisqu’on parle de Jean-Marie PERIER, je suppose que devant son objectif vous avez dû vous trouver moins laide ...
Françoise HARDY : Oui, en voyant certaines photos j’avais l’impression que ma grand-mère avait un petit peu exagéré ..

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