samedi 1 décembre 2012

Les chansons de l'album "L'amour fou" - Si vous n'avez rien à me dire

Le 5 novembre 2012 sortait L'amour fou, le nouvel album de Françoise Hardy. Profitons de l'occasion pour passer en revue les 10 chansons de l'opus.

Aujourd'hui : Si vous n'avez rien à me dire

La musique est de Bertrand Pierre sur un texte de Victor Hugo (adapté par Françoise Hardy).

Le texte d'origine est extrait des Contemplations (quatrième poème issu du chapitre L'âme en fleur du tome Autrefois). Dans L'âme en fleur, Victor Hugo exprime en poèmes ses sentiments naissants pour sa jeune protégée Juliette Drouet. En 2008, le chanteur Bertrand Pierre, admirateur de cette poésie amoureuse, sort un double album (Autre chose) mettant en musique seize de ses poèmes. Parmi eux figure l'adaptation musicale de Chanson, qui prend le titre de son premier vers (Si vous n'avez rien à me dire). C'est cette version que Françoise Hardy inscrit aujourd'hui à son répertoire.

La chanson est très émouvante grâce à une interprétation légère et délicate, emplie de doute, d'espoir, d'inquiétude. L’interprète se pose des questions sur les motivations de la venue de son partenaire tout en lui confiant entre les lignes mais avec grande clarté ses sentiments amoureux naissants. Elle souhaite ainsi obtenir une réponse explicite à l'éventuelle existence d'un sentiment réciproque. L’ambiguïté entre amitié et amour doit être levée.

La musique tout en douceur et quiétude diffuse une certaine sérénité propice aux confidences.

Pour féminiser le texte, Françoise Hardy doit retoucher un vers :
" Pourquoi me faire ce sourire qui tournerait la tête au roi ? " devient sous sa plume " Pourquoi me faire ce sourire dont la douceur m'emplit d'émoi ? ".

Mais.. Françoise ne se contente pas de cette unique retouche indispensable. Elle propose d'autres modifications qui lui permettent de mieux s'approprier la chanson, quitte à quelque peu chahuter le texte de Victor Hugo.



Ainsi, elle remplace par des paroles alternatives certaines répétitions présentes dans le poème :
- Le bis de " Si vous n'avez rien à me dire pourquoi venir auprès de moi " est remplacé par " Si vous n'avez rien à m'offrir qu'un peu de trouble de désarroi".
- Celui de " Si vous n'avez rien à m'apprendre, pourquoi me pressez-vous la main " est changé en " Si vraiment je ne peux m'attendre qu'à des instants sans lendemain ".
- Le rappel de " Si vous voulez que je m'en aille, pourquoi passez-vous par ici " devient " Si vous n'avez rien à m'offrir que tout ce trouble ce désarroi ".
On peut noter que le "peu" de trouble est devenu "tout" entre le début et la fin, un peu comme si ce sentiment s'exacerbait à mesure que la chanson progresse.

Malicieusement, Françoise Hardy retouche aussi deux autres vers :
- " Sur le rêve angélique et tendre, auquel vous songez en chemin " devient " A quel rêve angélique et tendre avez-vous songé en chemin ". (L'affirmation devient une question...)
- " Lorsque je vous vois, je tressaille " est transformé en " Lorsque je vous vois, je défaille ". (Si les hommes osent éventuellement avouer qu'ils peuvent tressaillir, les femmes ont quant à elle la permission d'aller plus loin et de pleinement défaillir...)

Tout en conservant le questionnement sur la réciprocité de l'amour, les retouches de texte apportées par Françoise Hardy accentuent l'expression des sentiments ressentis par la chanteuse. Les états d'âme gagnent en explicitation et se glissent dans l'univers traditionnel de la chanteuse.

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