mardi 29 janvier 2013

La musique ne peut pas tricher (2ème extrait)

En 2005 Françoise Hardy accordait une interview à Cécile Wajsbrot pour la revue annuelle Fusées.

Cécile Wajsbrot : "Le climat singulier de cet album (et on pourrait en dire autant de bien d'autres, Le Danger, La Question, L’Éclairage, Entracte...) est dû à la musique, au soin que vous apportez donc à l'ordre des chansons et à leur production, mais aussi à votre voix, aux textes que vous chantez (parlons seulement de ceux que vous écrivez), aux thèmes abordés. Après une chanson comme Tant de belles choses, il est certain qu'on a besoin de "se reposer". C'est en grande partie dû à l'émotion qui émane de ce que vous dites, à votre façon de le chanter. La mort est un thème peu abordé, dans la chanson - en tout cas de cette façon, quelqu'un parlant de son départ à celui qui reste (vous aviez écrit une chanson sur ce thème il y a un certain temps, Et si je m'en vais avant toi, mais beaucoup plus légère, qui se plaçait d'un tout autre point de vue). Quand vous avez reçu la mélodie, avez-vous pensé d'emblée que vous alliez parler de la mort ? Était-ce une idée qui était en vous et qui a trouvé là l'occasion de s’exprimer ? Et puis, savez-vous ce que vous apportez à ceux qui vous écoutent, avec une telle chanson ? La force de l'émotion consolatrice qui s'en dégage ? "

Françoise Hardy

Françoise Hardy : "J'ai reçu la mélodie de ce qui est devenu Tant de belles choses début 2004. Pendant tout le mois de janvier, à cause d'un brusque problème de santé, j'ai dû subir des examens médicaux plus éprouvants les uns que les autres sur tous les plans. Jamais je n'ai été si angoissée, mais le pire a été de constater le désarroi de mes proches, en particulier celui de mon fils, déjà très éprouvé par le fait que son grand-père était mourant au même moment. J'ai écrit Tant de belles choses dans ce contexte. J'ai tenté d'y mettre tout l'amour que j’éprouve pour mes proches, en particulier pour mon fils, ainsi que la conviction tirée de mes lectures de textes de spiritualité que la mort concerne le corps et non l'esprit, ce pour quoi les liens terrestres forts se maintiennent autrement quoi qu'il arrive. Deux personnes m'ont écrit pour me dire que cette chanson leur faisait beaucoup de bien parce qu'elles avaient l'impression que leur maman décédée leur parlait par mon intermédiaire. Je ne pouvais espérer de meilleure réaction.

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