dimanche 5 février 2017

1997 - L'écriture (Paris Match)

En 1996, Françoise Hardy faisait son retour à l'occasion de la sortie du disque "Le Danger"
Dans une interview de 1997 réalisée par Catherine Schwaab pour Paris Match, Françoise Hardy se confiait sur sa façon de travailler.

Comment écrivez-vous vos textes ?
Il me faut d'abord écouter les musiques pendant des heures. Je m'en imprègne et je note la découpe des morceaux : les pieds, les temps forts sur lesquels je vais plaquer des mots forts. Au bout de trois, quatre jours, j'ai trouvé un mot, une expression, une idée, je sens que je tiens le bon bout. Il me faut encore environ deux jours pour écrire tout le texte. A la fin, je m'effondre, épuisée, comme après une transe ! Chaque texte à écrire génère chez moi une terrible appréhension.

Pourquoi ?
Parce que j'ai toujours peur de ne pas être à la hauteur. Peur de ne pas "sentir" la musique, peur de ne pas savoir restituer l'émotion qu'elle provoque en moi... Et au bout de trente-cinq ans de chansons qui tournent toujours autour du même thème, j'ai forcément l’angoisse de ne pas savoir renouveler la forme.

N'avez-vous pas eu envie, comme Dutronc, de demander à votre fils, Thomas, de vous écrire des paroles ?
C'est impossible ! Il a 23 ans, trente ans de moins que moi ! Il est trop éloigné de mes sensations. Dans mes chansons, je ne sais traduire que des sentiments très intimes, des choses ultra-personnelles car "je" suis ce que je connais le moins mal ! Raconter mes angoisses, mes tristesses, et mes désespoirs sont ma seule justification d'auteur et d’interprète.

Avez-vous besoin de solitude ?
Absolument ! D’autant que je travaille chez moi, au casque avec un petit quatre pistes. Je peux enregistrer jusqu'à cinquante, cent fois, la voix d'une chanson. Je ne supporterai jamais d'avoir quelqu'un qui m'entende !
     

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