mardi 22 novembre 2011

Françoise Hardy, Sheila et Sylvie Vartan réunies (6ème partie)

Fin 2006, sous l’œil photographique de Jean-Marie Périer, les trois chanteuses Françoise Hardy, Sheila et Sylvie Vartan étaient réunies pour une interview commune dans les colonnes de L'express.

L'express : "Juliette Binoche évoque une sororité entre comédiennes. Qu'en est-il pour les chanteuses ?"

Françoise : "Dès nos débuts, j'ai ressenti ce lien. C'est un lieu commun, mais la grande famille de la chanson existe. A partir du moment où l'on fait un métier bizarre - c'est quand même bizarre de passer sa vie à chanter - on est déconnecté du réel".

Sylvie : "C'est une excellente thérapie".

Françoise : "Cela nous rassemble. J'ai eu ce sentiment en croisant Brassens. Il avait les mêmes préoccupations que nous. Cela crée des liens de se focaliser à ce point sur une chose qui peut paraître aussi superficielle qu'une chanson".

Sylvie : "Et aussi forte. Une chanson transporte ailleurs, fait oublier la réalité".

L'express : "Le suicide de Dalida vous a-t-il amenées à remettre en question ce métier ?"

Françoise : "La solitude de l'artiste est la même que celle des autres êtres humains".

Sheila : "On ne peut pas être artiste si l'on n'est pas hypersensible. Dalida n'avait pas de vie de famille. La notoriété isole. J'avais de grandes conversations avec elle sur le fait qu'on était de belles femmes en pleine forme... et célibataires. On faisait peur aux mecs".


Sylvie : "La célébrité repousse. Des hommes que je trouvais intéressants n'auraient jamais imaginé me courtiser. Quelqu'un de connu n'apporte que des problèmes. Moi, j'ai aussi ressenti des coups de vide. Sur scène, il y a cette tension, ce bruit, ces trépidations. Et soudain, l'équilibre est rompu d'une manière brutale. On est à vif, le silence de la chambre d'hôtel est d'autant plus dur. D'ailleurs, beaucoup de chanteurs ne le supportent pas".

Françoise : "D'où les groupies... "

Sylvie : "D'où beaucoup de choses. Des groupies, j'en ai trouvé dans mon lit !"

Sheila : "Moi, j'ai eu des hommes cachés dans ma douche !"

Françoise : "Pour en revenir à cette question de sensibilité, je pense souvent à une phrase du philosophe Emmanuel Berl, le mari de Mireille: «L'erreur consiste à croire que quelqu'un d'intelligent n'est pas capable d'être bête.» Un artiste, surtout un artiste, peut se montrer insensible".

Sylvie : "J'ouvre un autre débat, mais je pense que ce qui vous unit vous sépare. J'ai beaucoup réfléchi sur le sujet, forcément... Au début, c'est attractif de vivre avec un chanteur, on s'identifie tout de suite à lui. Ensuite..."

Françoise : "Mais on peut être attiré par un artiste à l'opposé de soi".

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