samedi 14 juillet 2012

Françoise Hardy et Thomas Dutronc dans Mères et fils (10ème extrait)

En 2008, Françoise Hardy et Thomas Dutronc discutent ensemble à l'instigation des sœurs Massenet qui retranscrivent la rencontre dans un chapitre de leur livre "Mères et fils".

Thomas : Tu as une personnalité assez particulière. Du fait de ta vie, de tes antécédents, de ta propre mère aussi. Je me souviens, il y a longtemps, tu étais dans un resto avec Daho. Tu étais pompette et, au téléphone avec moi, tu étais d'une gentillesse, d'une tendresse, d'un amour vraiment incroyables.

Françoise : Parce que j'étais ivre ?

Thomas : Non, ce que je veux dire, c'est que tu as un aspect quand même assez brutal dont tu ne dois pas te rendre compte, qui m'agace, mais dont je me fous éperdument parce que ce n'est pas du tout comme ça que je te vois ou que je te connais, ou que je te sens. C’est juste que parfois, dans le quotidien, tu as un aspect un peu brutal. Mais en étant ivre morte, ça se voyait tellement qu'au fond tu n'es pas du tout comme ça ! Je sais que c'est une protection.

Françoise : C'est parce que je suis tout le temps sous tension.

Thomas : Tu es sous tension, angoissée... enfin, je n'en sais rien, moi. Évidemment, ça m'est égal. Je m'en fous de ce trait de caractère, mais je trouve ça un peu... triste quand même.

Françoise : Ah bon !

Etienne Daho, Thomas Dutronc et Françoise Hardy

Thomas : D'ailleurs, dans tes chansons, tu n'es pas comme ça non plus. Tu as une vraie chaleur... Mais ça fait partie du personnage. J'ai passé ma vie à vous voir entourés de gens et d'amis charmants et très différents, super et tout ça, mais la plupart du temps, tout le monde est quand même très en admiration, très à l'écoute... Tu ne t'en rends sans doute pas tellement compte.

Françoise : Ah si, pour ton papa, je m'en suis toujours rendu compte !

Thomas : Mais même pour toi aussi, c'est un peu ça. Si tu veux, quand tu parles, on t'écoute, voilà. Et moi, quand je parlais, mes parents m'écoutaient parce que j'étais comme une petit Dieu pour eux. (Elle rit.) Mais, par moments, quand je parlais aux amis de mes parents, ils ne m'écoutaient pas du tout : ils continuaient à écouter mes parents, alors j'étais obligé de mettre le poing sur la table, de parler un petit peu plus fort.

Françoise : Ah, c'est intéressant ça, je ne savais pas !

Thomas : Il fallait juste s'imposer à un moment, voilà. Mais c'est curieux comme phénomène parce qu'on ne peut pas se prémunir contre ça. Vous avez beau faire tout ce qui est en votre pouvoir, vous ne pouvez pas empêcher que les gens soient là à vous regarder, à vous écouter.

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